Ils plaident pour de « nouveaux récits »

Face aux difficultés que rencontrent les acteurs et actrices de la filière du livre et de la culture et en réponse à un climat anxiogène latent, des auteurs et autrices normands ont décidé de repenser leur rapport à l’écriture. C’est le cas de Bénédicte Parry et Benoit Barbier-Lemennais. La première est devenue une autrice reconnue en littérature jeunesse. Le second, un auteur et metteur en scène soucieux d’apporter sa pierre « aux transformations écologiques, culturelles, démocratiques et sociales ».
L’humain et le vivant au centre
« Aujourd’hui, les imaginaires dominants nous proposent deux récits possibles de l’avenir : soit l’effondrement pur et simple de nos sociétés, soit un tout technologique qui ne me paraît ni réaliste ni souhaitable », déplore Bénédicte.
Mais comment décrire ces « nouveaux récits » ? Pour Benoit, « c’est la capacité à se frayer une histoire collective (mais aussi intime), pour imaginer un projet de société considérant de nouvelles relations aux vivants et une transformation radicale des normes écologiques, sociales, démocratiques et culturelles ». Tous deux sont convaincus du besoin de mettre ces nouveaux récits au cœur de leurs créations artistiques. Par le biais de pratiques d’écriture participatives, ils s’appliquent à proposer des projets de société qui mettent l’humain et le vivant au cœur de cette transformation.

« Imaginer un projet de société considérant de nouvelles relations aux vivants et une transformation radicale des normes écologiques, sociales, démocratiques
et culturelles. »
Le pouvoir de l’imagination
C’est à la suite de la lecture de l’essai de Rob Hopkins Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons (Actes Sud, 2020) que Bénédicte Parry a saisi le rôle essentiel et merveilleux que les raconteurs d’histoires peuvent jouer dans la transition. « Depuis, je travaille essentiellement dans deux directions : mettre en récit(s) des parcours de transition inspirants et aider mes contemporains à imaginer leurs propres récits d’avenir ambitieux et réalistes, à travers des ateliers. »
De son côté, en plus de porter une utopie au cœur de ses histoires, Benoit Barbier-Lemennais pense une démarche d’éducation populaire dans ses différents projets artistiques, en se faisant le « porte-parole d’histoires singulières invisibilisées, ou en accompagnant des habitants pour qu’ils racontent leurs propres récits ».
Pour eux, plus qu’un simple exercice d’écriture, « les nouveaux récits sont un outil sociétal puissant. Ils peuvent accompagner des formes d’organisation et de gouvernance plus coopérantes, redonner du sens au “nous”, nourrir l’espérance, donner du souffle à l’action. Ils permettent de cultiver l’espoir que la poésie est définitivement plus agissante et politique que la technique ou l’expertise ».
Un espoir également porté par Normandie Livre & Lecture, et mis en pratique dans le cadre de ses projets autour de l’écologie du livre.
Marion Cazy