Du désespoir à la révolte dans la nouvelle « Orphans » de Max Obione 

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Publié le 28/09/2024
Temps de lecture : 2mn
CHRONIQUE | Cette nouvelle noire, disponible en format audio, plonge le lecteur au sein d’une institution britannique pour jeunes filles malades. La mise en voix par Jeanne Desaubry, renforce la proximité du lecteur avec le personnage de cette nouvelle écrite à la première personne. 
© Max Obione

Très vite, le lecteur comprend qu’il se trouve au purgatoire dans un lieu de privations et de détresse où les pensionnaires sont abandonnées et oubliées de leurs familles, cachées aux yeux du monde et soumises au bon vouloir du personnel encadrant. Leur crime ? Être coupables de porter en elles des maladies orphelines, de ne pas incarner la beauté et la santé, mais d’être « les brouillons de la Création », « les ratages de Dieu » comme leur sermonne le pasteur tous les dimanches. Mais même enterrées vivantes, elles n’en restent pas moins des êtres vivants qui réfléchissent, ressentent, rêvent, fantasment.  

L’héroïne, Acroméga, (surnom lié à sa maladie) tient en cachette un journal intime. Elle porte un regard lucide et cynique sur sa maladie et le monde environnant. Elle y croque l’hypocrisie et la médiocrité des personnes qui les entourent. Des surveillantes, mais aussi de la noblesse anglaise de passage à l’institution, dans une mascarade de visite de charité où les pensionnaires deviennent pour l’occasion des animaux de foire bien dressés. Au fil de son journal, Acroméga va développer un sentiment de rage froide. Tout ce qu’elle voit et ce qu’elle entend servant de combustible à sa haine. Rage et colère partagées avec Progérie, une jeune fille atteinte de progéria, avec qui elle confesse avoir « la haine en partage et l’injustice dans nos cœurs respectifs comme détonateur ».

Mais les jours de l’institution sont comptés, un plan va naître entre les deux consœurs d’infortune. Les deux complices vont exploiter les faiblesses peu avouables du personnel encadrant pour préparer leur coup. En commettant l’irréparable, elles vont créer ainsi une onde de choc qui ira bien plus loin que les grilles de l’institution. Car comme le note Acroméga dans son journal, « J’aime trop la vie pour rester sur cette planète »…

Orphans de Max Obione – Nouvelle issue du recueil Regarde ailleurs 

De Max Obione, Ska éditions, collection « Noire sœur » – Lue par Jeanne Desaubry et Serge Cazenave (format audio de 33 min) 

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