« Comme si la nuit avait dévoré le Monde » : saisir l’invisible

Au tournant du 19e siècle, suivant l’invention de la photographie, l’écrivain Bodgan Petriceicu Hasdeu, le physicien Constantin I. Istrati, le médecin Hippolyte Baraduc, le commandant Louis Darget ou encore Ted Serios le garçon d’ascenseur, se dévouent à un projet : imprimer ce que Louis Darget appelle des rayons vitaux.
Dans l’ouvrage publié aux *editionsMagiCité, Philippe Baudouin et Jean-Baptiste Carobolante retracent cette histoire de la photographie des rêves, celle d’hommes qui, alors que les scientifiques étaient en train de mettre au point la radiologie et que le téléphone permettait depuis peu de faire voyager des voix sans les corps, ont pensé que la frontière entre monde des vivants et monde des morts pouvaient aussi être aboli.
Avec une suite d’expériences et des premières épreuves de photographies de pensées à l’Aigle de Louis Darget, l’ouvrage propose une plongée dans l’âme humaine et dans cet interstice entre le monde physique et psychique. Quête au long cours, toujours surnaturelle.
Passée sous silence dans les cours d’histoire de l’art, cette histoire de la photographie des rêves en dit pourtant beaucoup sur notre rapport au monde à la fin du 19e siècle et au 20e siècle. Quelle place donnons-nous à l’image ? Aux êtres ?
“Dans leur tentative de faire surgir l’invisible, de donner corps aux “forces inconnues” dont l’être humain serait auréolé, Baraduc, Darget et les autres photographes du “fluide vital” esquissent les contours de nouveaux territoires où savoir et croyance se mêlent à l’envi.”
Marion Cazy
Comme si la nuit avait dévoré le Monde petite histoire de la photographie, Philippe Baudouin et Jean-Baptiste Carobolande (préface Laurie Laufer), *éditionsMagiCité.