Axelle Glé en résidence à La Péninsule : une exploration sonore et poétique

Publié le 02/10/2025
Temps de lecture : 5mn
Rencontre avec une créatrice qui multiplie les expériences : poésie, arts sonores, performances scéniques… Entre terre et mer, sa résidence du 5 au 27 juin 2025 à la Péninsule à Portbail-sur-Mer (Manche), a nourri un projet littéraire et sensoriel en pleine évolution. 
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Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis poète, artiste sonore et musicienne. J’écris des textes voués à exister dans et hors du livre sous forme de lectures, performances, podcasts… mis en sons et en musique dans des formes libres et souvent expérimentales. Je vis et travaille entre Tours et Bruxelles.

Je travaille depuis deux ans à un ensemble de textes, Lithes Oraux. J’y articule les imaginaires océaniques, notamment des côtes, et la fascination pour le minéral, sa diversité et ses temporalités propres. Cette création a connu diverses formes : installation visuelle, performance sonore, spectacle en solo, duo, trio… Je voulais en approfondir l’écriture pour en constituer un ensemble qui pourrait devenir un recueil.

Pourquoi avoir choisi ce lieu de résidence ?

Lorsqu’est paru l’appel à résidence de la Péninsule, j’ai immédiatement pensé à la proximité géographique et topographique avec les thèmes de Lithes Oraux. Je connais bien les côtes vendéennes pour y avoir grandi, les Côtes-d’Armor pour y avoir été en résidence, mais les havres et la côte des Isles, non. De loin, cela me semblait à la fois familier et nouveau, je me projetais donc bien à y articuler les textes en cours et les idées non encore développées de Lithes Oraux. L’énergie d’une toute jeune maison de poésie me semblait également intéressante à approcher, étant moi-même associée à PoSo, une structure défendant les littératures orales en Touraine.

Qu’appréciez-vous le plus dans la résidence ?

Avant même qu’elle commence, une résidence est le signe qu’une personne au moins a été sensible à notre démarche, ce qui est porteur pour le travail de création. Cela crée des destinataires virtuel·les, intermédiaires, qui aident à orienter le travail.

La possibilité d’avoir un dispositif temporel et spatial qui autorise à approfondir la réflexion sur le pourquoi, le comment, l’avant et l’après d’un projet d’écriture, est très précieuse. J’apprécie le fait d’être dans un temps et un lieu dédiés, cela colore tout, des plus petits gestes du quotidien à des réflexions existentielles et des rencontres. J’ai tendance à travailler plus, et sur plus de fronts, dans ces circonstances.

Comment votre résidence vous a-t-elle aidé dans votre projet d’écriture ? Aviez-vous des appréhensions ou des doutes sur votre projet qui ont pu être résolus pendant cette période ?

La durée d’un mois était un format inédit pour moi. Je n’ai pas d’habitude d’écriture ritualisée, je suis traversée par des choses qui, à un moment donné, deviennent de l’écriture. J’avais anticipé la possibilité d’être décalée, débordée par le contexte de résidence, et de m’éloigner d’abord de Lithes Oraux pour peut-être y revenir dans un plus tard hypothétique. En fait, je me suis plongée très vite dans le travail, par des lectures de documents personnels, d’ouvrages que j’avais amenés, et surtout de longues heures passées sur le littoral du Cotentin qui m’ont permis très vite de prendre des notes, développer des pistes d’écriture, en approfondir d’autres, d’en croiser certaines, etc.

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Un souvenir ou une rencontre marquante pendant la résidence ?

J’ai passé beaucoup de temps à la médiathèque de Portbail-sur-Mer, où j’ai été très très bien accueillie. Cette médiathèque municipale vit notamment grâce à des bénévoles, parmi lesquelles Nadine. La rencontre a été immédiate et réciproquement chaleureuse. Nous avons passé du temps auprès de personnes et de lieux attachant·es et lumineux·ses qui ont nourri mon écriture quasi instantanément. Je lui en suis très reconnaissante.

Quelles sont les prochaines étapes pour votre projet d’écriture ?

L’écriture est en cours : les textes d’avant la résidence seront articulés à ceux écrits ici à Portbail. Mais je dois aller plus loin. Mon travail consiste à faire surgir un espace commun, sensible, sensoriel et imaginaire. Étant moi-même façonnée par les imaginaires littoraux, j’en abreuve mes textes. Or je veux éviter l’écueil d’écrire pour les amoureux·ses de la mer et laisser de côté les autres. Je cherche donc à creuser jusqu’au fondamental, au partagé par toustes. Si l’autobiographique a surgi ce mois-ci, je le tisse avec l’expérience commune de l’attachement, de l’amour, de la perte… Donc, quitter les repères personnels pour tendre au commun. Pour cela, je souhaite repartir en résidence.

Propos Recueillis par Mylène Heigeas

Ce projet a bénéficié d’un soutien de la DRAC de Normandie, de la Région Normandie et du CNL au titre du FADEL Normandie.

Retrouvez d’autres retours d’auteurs et autrices qui ont participé à des résidences d’écriture en Normandie sur le site terre-ecriture.normandielivre.fr

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