Alice Brière-Haquet   « C’est l’universel qui m’attire »

Publié le 27/03/2024
Temps de lecture : 4mn
Avec une centaine d’ouvrages publiés, l’autrice jeunesse sort en mars L’Abeille de Saint-Simon. Touche-à-tout et adepte des croisements, elle s’aventure ici du côté d’une philosophie « à mettre entre les plus petites mains ».
Photographie de Alice Brière-Haquet
© 3eoeil

Quel est votre regard sur la littérature jeunesse actuelle ? Et est-elle mieux armée qu’auparavant pour combattre les stéréotypes ?

La littérature jeunesse est un formidable espace d’expression et de création actuellement. On y est très libres, beaucoup de choses s’y inventent, avec de nombreuses voix singulières et un bon public, notamment d’enseignants et de parents. On a beaucoup de chance en France, avec des éditeurs différents, très ouverts. Le public de jeunes, très curieux, moins normés que les plus âgés, nous préserve des stéréotypes. Mais en tant qu’autrice, je ne suis plus sûre d’être au fait des préoccupations des jeunes. Mais ce n’est pas grave, il y a d’autres auteurs qui le sont davantage et il y a de la place pour tout le monde.

Quels auteurs vous ont donné envie d’écrire ? Quels sont ceux que vous admirez aujourd’hui ?

J’ai toujours aimé lire, et c’est une vraie chance, on n’est jamais seul et on ne peut pas s’ennuyer. Une autrice m’accompagne depuis toute petite, c’est Anne Sylvestre. Elle n’écrit pas des livres mais elle a apporté une sorte de poésie et ne prenait pas les enfants pour des idiots, avec des textes de qualité. Elle a été hyperimportante dans mon histoire d’écrivaine, elle m’a affûté l’oreille. Je me rends compte que j’écris en rime encore aujourd’hui. Pendant mes études de lettres, j’ai décortiqué des auteurs comme La Fontaine. Se confronter aux grands textes permet de comprendre les mécanismes. Aujourd’hui, je suis des auteurs comme Clémentine Beauvais, Marine Carteron, Vincent Villeminot.

Vous sortez ce mois-ci L’Abeille de Saint-Simon. Comment gardez-vous l’envie d’écrire, est-ce difficile de se renouveler après 100 titres ?

C’est difficile parce que mes enfants grandissent et je me sens moins connectée à la petite enfance. Mais « Philonimo » est une collection de philosophie qui s’adresse à tout le monde, et ça, je ne m’en lasse pas. J’ai plus de mal à trouver des histoires pour arrêter la tétine ou se coucher le soir ! En ce moment, j’essaie de diversifier mon écriture, avec de la poésie pour adultes, mais qui n’est pas encore publiée. J’écris de la chanson aussi, c’est proche de l’écriture d’album car c’est une écriture orale, et j’ai envie de retrouver avec des compositeurs la complicité que j’ai avec les illustrateurs. Si j’ai du mal à écrire des romans, c’est parce que je n’aime pas travailler seule, mais au contraire mêler les arts. Un art + un art = un art au carré ! Certes je continue mes livres, mais j’ai besoin de sortir de ma zone de confort, d’explorer de nouveaux espaces.

Vous avez vécu en Irlande puis en Italie et êtes revenue en Normandie. Ressentez-vous l’influence du lieu sur votre écriture ?

Je suis née à L’Aigle. Je suis fondamentalement Normande, j’y reviens toujours. Mais j’écris peu sur ce qui est autour de moi, j’écris plus autour des idées. En voyageant, je pensais que j’écrirais plus sur les pays visités, mais pas tant que ça. Je m’intéresse plutôt aux idées abstraites, universelles, c’est pour ça que « Philonimo » me plaît. C’est l’universel qui m’attire.

Propos recueillis par Valérie Schmitt

Bio express  

Née à L’Aigle, étudiante puis professeure à Caen, Alice Brière-Haquet a vécu en Irlande et en Italie, puis est revenue poser ses valises en Normandie. Son premier album, L’Épouvantail (2009), avait été repéré dans la sélection des Pépites de Montreuil. Depuis, une centaine d’ouvrages sont parus, des albums surtout, mais aussi quelques romans, des recueils de poésie, des documentaires, des traductions… Elle travaille avec une vingtaine d’éditeurs. Elle est traduite dans plus de quinze pays.

En juin 2023, elle a obtenu une bourse, dans le cadre du FADEL Normandie, pour l’écriture d’un recueil de poésie.

Sa nouveauté, L’Abeille de Saint-Simon, sort en mars 2024 aux Éditions 3œil : « Pour ce dixième opus de la collection “Philonimo”, collection qui entend mettre les plus grands noms de la philosophie entre les plus petites mains, nous revenons aux principes de la pensée française avec L’Abeille de Saint-Simon. »

Site internet Éditions 3œil : 3œil.fr/livres-editions-3œil

© 3oeil

Rendez-vous à venir avec Alice Brière-Haquet en Normandie (2024)

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