« Six arbres » une traduction sensible des nouvelles de Mary Eleanor Wilkins Freeman 

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Publié le 05/10/2024
Temps de lecture : 3mn
CHRONIQUE | Grâce à la traduction de Pauline Tardieu-Collinet, les éditions Finitude font découvrir un recueil de nouvelles peu connu de l’autrice américaine décédée en 1930.
Pauline Tardieu-Collinet © DR

Six nouvelles, six arbres et des hommes et des femmes atypiques, un peu cassés par la vie, décalés et dépeints avec tendresse et humour. Voilà comment décrire de manière très succincte ce très beau recueil de nouvelles écrit par l’autrice américaine Mary Eleanor Wilkins Freeman et publié en 1903.  

Assez peu enthousiaste à la sortie de l’ouvrage, la presse de l’époque veut couper ces six arbres, les scier, les faire taire.  

« C’est pour ça que j’aime ce poplier*, dit-elle d’une voix incisive. C’est exactement pour ça. J’en ai assez des choses et des gens qui sont simplement comme toutes les autres choses et comme toutes les autres gens. J’en ai assez des arbres qui sont juste des arbres. J’aime ceux qui ne sont pas que ça. » 

Avec la traduction de l’autrice normande Pauline Tardieu-Collinet, les arbres retrouvent une place toute légitime. Droits et fiers, forts et tranquilles, apportant protection, repère, joie, nostalgie, les six arbres du recueil jouent un rôle primordial dans les instants de vie des personnages mis en scène par Mary Eleanor Wilkins Freeman.  

L’orme, le bouleau blanc, le grand pin, le sapin baumier, le peuplier d’Italie et le pommier sont ainsi, à la suite de descriptions sensibles, enracinés dans la vie des habitants de la nouvelle Angleterre du début du XXe siècle. On ne saurait comment les faire vivre les uns sans les autres, ni imaginer la vie de ces personnages s’ils n’avaient pas eu ces arbres dans leur existence.  

Pour tout lecteur amoureux des arbres, de leur présence rassurante à nos côtés, pour ceux qui s’émerveillent des fleurs des arbres fruitiers au printemps, mais aussi pour les lecteurs qui aiment découvrir des histoires d’hommes et de femmes via une plume acérée, Six arbres est à découvrir.   

« En sauvant l’arbre de lui-même, il avait davantage gagné en croissance spirituelle que le pin avait gagné en hauteur depuis ses premiers moments de vie. Qui déterminera où s’arrêtent la relation intime et l’influence réciproque entre toutes les formes visibles de la création ? Un homme peut couper un arbre et un planter un. Qui connaît l’effet de l’arbre sur l’homme, sur son élévation ou sur sa chute ? »

* “peuplier”

Marion Cazy

Six Arbres – Mary Eleanor Wilkins Freeman (traduction Pauline Tardieu-Collinet)- Éditions Finitude, 2024 

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