Portrait de libraires : Valérie et Aurélie de la librairie BD Bande à part à Cherbourg

Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer une librairie ?
Nous sommes toutes les deux libraires depuis 20 ans. Au fil du temps, nous avons géré différents rayons, littérature, parascolaire, tourisme, régionalisme, mais surtout les rayons jeunesse et bande-dessinée pendant une dizaine d’années.
À cela s’ajoute la gestion de la réception, la logistique, les rendez-vous et négociations avec les représentants des différentes maisons d’édition. Nous avons l’expérience de la mise en place d’animations avec les auteurs, de festivals en partenariat avec des associations ou des municipalités.
Nous avions l’envie de nous épanouir professionnellement en créant une librairie avec une identité et des projets qui nous sont propres. Et des projets nous n’en manquons pas pour partager et transmettre notre amour de la BD.
Nous avons trouvé un local de 190 m2, idéalement situé. Malheureusement il y avait de gros travaux à réaliser et le loyer était trop élevé pour nous. Le local était inoccupé depuis 10 ans et quand le propriétaire a su quel était notre projet, il a demandé à lire notre business plan et à nous rencontrer. Il a été séduit, il a en grande partie financé les travaux du local, et baissé le loyer de moitié. En quelque sorte un gentil donateur. C’était inespéré, nous avons foncé.

Avez-vous fait une formation spécifique pour devenir libraire ?
Moi, Valérie, j’ai eu un DUT Techniques de commercialisation à l’IUT de Cherbourg-Octeville en 1993. J’ai découvert le métier de libraire à l’occasion d’un stage. Depuis je suis libraire, même si j’ai travaillé comme représentante d’une maison d’édition. J’ai également été bibliothécaire bénévole dans les médiathèques de Vasteville et Équeurdreville.
Moi, Aurélie, j’ai un Bac ES. J’ai découvert le métier de libraire tout à fait par hasard à l’âge de 19 ans en cherchant un petit boulot à Cherbourg pour financer un Brevet Professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS). J’ai intégré l’équipe du Forum Espace Culture comme hôtesse de caisse. La librairie était en plein essor, on m’a proposé un poste pour la réception. J’ai abandonné mon projet de Brevet Professionnel, piqué par le virus de la librairie. Je suis libraire depuis 2002.
Vous avez ouvert votre librairie fin mai comment a été l’accueil ?
Formidable !
Historiquement il y avait une librairie BD à Cherbourg, Champ libre. Cette librairie, a fermé en 2022 pour retraite, sans repreneur. C’était un vrai manque à Cherbourg, malgré la présence de la librairie Ryst et des espaces culturels Leclerc qui ont de beaux rayons BD.
Cependant nous savions que nous étions attendues au tournant et nous avons fait en sorte que les premiers clients ne soient pas déçus. Un beau magasin, du mobilier en bois soigné, beaucoup de facing pour faire la part belle aux illustrations, et nous avons adhéré au réseau Canal BD avec comme parrain Fred Sendon de la librairie Au Grand nulle part à Rouen.
Nous avons démarré avec 10 000 références en BD, manga, comics et romans graphiques et un grand rayon BD pour la jeunesse.
Depuis 3 mois, que la librairie est ouverte, nous sommes au-dessus de notre prévisionnel. Mais nous restons prudentes. Nous savons qu’il y a l’effet nouveauté, la curiosité. À nous de capitaliser sur ce beau démarrage.
Qu’est-ce qui vous paraît le plus difficile dans le métier de libraire ?
Ce qui nous fait un peu peur, c’est la comptabilité. Nous avions bien sûr un œil aiguisé sur nos achats. Mais nous travaillions dans de grandes structures. C’est donc une découverte pour nous et des sueurs froides pour notre premier Noël.
Avez-vous d’autres projets dans un futur proche ?
Faire vivre la librairie en réunissant nos lecteurs autour de moments d’échange, et sur un temps plus long, organiser un salon d’auteurs.
Propos recueillis par Sophie Fauché
Bande à part
9 rue des Halles
50100 Cherbourg-en-Cotentin
02.50.70.46.15 – librairie@bd-a-part.fr