Lurlure regarde droit devant

Publié le 24/03/2025
Temps de lecture : 3mn
À l’occasion des 10 ans de Lurlure, son fondateur, Emmanuel Caroux, revient sur son catalogue et sur l’évolution qu’il veut donner à sa maison d’édition.
© DR

Lurlure va fêter ses 10 ans. Quel regard portez-vous rétrospectivement sur votre catalogue ?

Je le vois d’abord comme une succession de rencontres déterminantes. Au départ, il y a la découverte de la poésie d’Ivar Ch’Vavar, et la publication de son livre-monde, Cadavre grand m’a raconté (avec les éditions du Corridor bleu). À partir de ce premier livre publié, j’ai commencé à recevoir des propositions de poètes proches d’Ivar, comme Pierre Vinclair ou Boris Wolowiec. Mon catalogue s’est construit ainsi, au fil de rencontres avec des auteur·ices, au gré de chocs avec des écritures fortes et singulières, comme celles de Milène Tournier, de Typhaine Garnier ou de Petr Král, par exemple.

« Mon catalogue s’est construit au fil de rencontres et de chocs avec des écritures fortes et singulières. »

Comment abordez-vous votre travail éditorial ? Quelle serait votre « patte »?

La dimension humaine est importante pour moi, qui envisage le travail éditorial dans un temps long, me permettant d’accompagner les auteur·ices que je publie de livre en livre, de suivre leurs recherches, leurs cheminements.

La décennie écoulée a été une période extrêmement riche pour la poésie – même si, malheureusement, ce genre reste encore trop confidentiel en France, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays. Le milieu de la poésie est foisonnant, comme en témoigne le nombre de revues (en ligne ou papier) et de maisons d’édition existantes, le nombre de manifestations autour de la poésie et, bien sûr, les textes que je reçois, qui attestent de recherches formelles très diverses. En tant qu’éditeur, ce qui m’intéresse est justement d’accueillir des écritures, des démarches et des esthétiques qui reflètent cette diversité. Je ne cherche surtout pas à avoir un catalogue homogène, au contraire.

« La décennie a été extrêmement riche pour la poésie – même si, malheureusement, ce genre reste trop confidentiel en France. »

Quels défis avez-vous envie de relever pour l’avenir de la maison d’édition?

Dans une conjoncture économique qui se tend depuis plusieurs années, le premier défi est presque évident : essayer d’assurer la pérennité de la maison d’édition, c’est-à-dire s’adapter bien sûr, se réinventer certainement… Tout en poursuivant dans l’esprit du travail déjà accompli, s’ouvrir aussi à de nouveaux domaines.

La Table du poème, de Milène
Tournier (illustrations de Charlotte Minaud), premier titre d’une nouvelle collection de poésie illustrée pour enfants

En 2024 a paru le premier titre d’une collection de poésie illustrée pour enfants (mais pas seulement), La Table du poème, de Milène Tournier, avec des illustrations de Charlotte Minaud. Il y a longtemps que j’avais envie de créer une collection de poésie jeunesse, car je trouve qu’écrire pour les enfants est un exercice très particulier : il y a des contraintes de vocabulaire, de compréhension… L’idée, avec cette collection, est aussi de faire dialoguer, résonner les poèmes avec des illustrations. Autre expérience poétique à venir : en 2026 paraîtra le premier titre d’une collection de poésie étrangère. De nouveaux horizons en perspective…

Propos recueillis par Valérie Schmitt

Notre sélection