Le prix poussière : un contre prix décalé et un pied de nez aux prix existants

Questions à Nicolas Sorel, bénévole à la Maison du Roman populaire
Comment est né ce prix ?
De la volonté de faire connaître La Maison du Roman populaire, établie en Normandie depuis 2019. C’est d’abord une bibliothèque centrée sur le roman populaire. L’idée est de faire vivre ce fonds, en faisant en sorte qu’ils soient lus, en les faisant circuler et en organisant des manifestations de valorisation, avec le savoir-faire d’Amavada.
Comment trouvez-vous les livres puisqu’ils sont « oubliés » ?
On a hérité d’une collection de livres dont 90% sont oubliés. Une maison du roman populaire préexistait en région parisienne et son président, Michel Besnier, est entré en contact avec nous. Finalement, au bout de deux ans, l’association n’ayant plus les moyens de faire vivre la collection, nous avons hérité d’environ 13 000 livres, ce qui n’est qu’une estimation. Ce fonds on le fait vivre et on l’enrichit, de nouveaux livres arrivent constamment dans la collection, uniquement des dons ciblés via des libraires d’ancien par exemple.
Sur quels critères accordez-vous le prix Poussière ?
Tout d’abord, les livres font partie de la collection de la Maison du Roman Populaire. Il y a ensuite le Comité des lectures accessible à tous (sur simple adhésion à Amavada, 5€/an), duquel émane, sur la base de l’envie et du volontariat, le Comité de sélection du Prix Poussière, qui donc change tous les ans de composition.
Ce sont les adhérents qui lisent, inventorient et font des fiches de lecture avec des appréciations, car parfois on n’a aucune idée de leur contenu… Donc pour savoir ce qu’il y a dans la collection, on fait circuler les livres. Ensuite on voit les livres qui ont plu, puis s’ils répondent aux critères qu’on appelle de « poussiérité », qui sont : 1) L’auteur doit être mort 2) Le livre ne doit plus être édité et est indisponible à la commande en librairie.
L’idée est bien de faire un contre prix, décalé, qui ressemble à notre collection et un pied de nez aux prix existants. Les livres qui ont plu et qui sont éligibles circulent alors une deuxième fois parmi les lecteurs, ce qui permet de dégager une présélection d’une quinzaine de titres représentatifs de la collection (polar, roman d’amour, science-fiction). Ensuite, au terme d’un nouveau processus de sélection, on a les cinq finalistes qui seront départagés par le public au cours de la soirée du prix Poussière.
Comment se déroule la remise du prix ?
Il y a une présentation spectaculaire des titres finalistes, à travers des lectures musicales, pantomimes, saynètes, etc. en fonction des livres. Le public élit non pas le livre qu’il a préféré, mais le livre qu’il a le plus envie de lire. Ainsi le livre n’est pas lu et pour cause, il n’est pas trouvable ! Toutefois les lecteurs peuvent nous l’emprunter.

A qui a été remis le prix 2025 ?
L’élection a eu lieu le 1er mars dernier, c’est un polar qui a gagné, celui de José Benjamin (écrivain sous pseudonyme) avec Le mort s’était trompé d’adresse paru en 1989 chez J’ai Lu. José Benjamin est une énigme. Il n’a écrit que deux romans et il est simplement laconiquement présenté comme grand reporter pour France Soir des années 1970 à 1990 puis responsable actualités au sein du groupe Prisma Presse. Nous retrouvons sa trace dans les Vosges lorsqu’il couvre « l’affaire Grégory ». Toutefois, Laurence Lacour, correspondante pour Europe 1 durant l’affaire, soupçonne que José Benjamin n’est qu’un des pseudonymes du tristement célèbre Jean-Michel Bezzina qui porta médiatiquement l’affaire en écrivant dans plus de huit journaux sous différents noms. Mais tout ceci n’est que suppositions…
La phase de lecture pour le prix Poussière 2026 est déjà lancée, parmi les 15 000 ouvrages actuels.
Propos recueillis par Valérie Schmitt
Plus d’informations : https://www.amavada.com/maison-du-roman-populaire
Contact : mrp@amavada.com / 02 31 83 20 25