« Demain disparue » de David Coulon : retour cauchemardesque en enfance 

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Publié le 19/07/2024
Temps de lecture : 2mn
CHRONIQUE | Planté dans un véritable décor de film d’horreur, Demain disparue emporte le lecteur dans un voyage horrifiant autour de l’enfance. 

Un soir de tempête, Lif et son compagnon, Romuald, sont invités à dîner chez de vieux amis dans un village isolé mais là-bas deux adolescents les attendent. Pourquoi un couple d’adolescents orchestre-t-il le dîner de retrouvailles ? Pourquoi le fils de leurs amis n’est nulle part en vue ? Pourquoi semblent-ils tous au courant de la grossesse que Lif tente de cacher à Romuald ?  

Alors que la soirée tourne au cauchemar, Lif replonge dans ses souvenirs d’enfance et les choix qui l’ont mené à cet instant. On découvre une protagoniste à la fois victime et coupable, fruit de son environnement et d’une société qui s’est détournée de l’essentiel. 

 

Ambiance pesante, visages crispés, couple à la dérive…Tout pousse Lif à fuir. Fuir pour échapper à son travail déshumanisant, sa vie de couple, son quotidien suffocant, mais surtout au danger qui rôde dans ce village désormais fantôme. 

Le roman propose une atmosphère lourde et crispante.… L’anticipation cruelle de la violence transporte le lecteur vers le drame qu’il attend et redoute tout à la fois.  

L’écriture franche de David Coulon balade la narratrice dans un conte horrifiant et, ainsi, expose sans filtre les torts de l’humain en explorant des thèmes à la fois actuels et universels comme le rapport à la nature, la maternité ou la cruauté.  

Niamé Caillou

Mots choisis

« Elle allait ouvrir la bouche, pour lui dire « on y va, je veux partir », mais s’arrêta net. La respiration de son compagnon s’était mise à accélérer. Cet abruti voulait peut-être qu’elle le prenne dans ses bras, qu’elle le console, en un mot : qu’elle ait pitié.  

Mais va te faire voir ! 

– L’homme à la fenêtre… Il avait une arme… 

– Quoi ? 

– Oui. Et il nous visait. Avec son fusil.  

Elle se tourna de nouveau en direction du château, se pencha pour mieux voir. Les fenêtres ressemblaient à des yeux. Comme ceux, innombrables, des araignées, dardant leurs pupilles vers des insectes à dévorer. Mais les yeux étaient fermés. Les lumières, éteintes. » 

Demain disparue, David Coulon, éditions Fayard, 2024

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