Archives des écologie - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/tag/ecologie/ La revue littéraire de Normandie livre & lecture Tue, 06 Jun 2023 14:43:55 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.4 https://perluete.fr/archives_00-14/wp-content/uploads/2020/08/cropped-200_2006-1-32x32.png Archives des écologie - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/tag/ecologie/ 32 32 153862814 [Portrait] Martine Camillieri  - Artiste par repentir https://perluete.normandielivre.fr/portrait-martine-camillieri-artiste-par-repentir/ Mon, 05 Jun 2023 03:37:09 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5225 Depuis son atelier percheron, Martine Camillieri pose un regard ironique sur les effets pernicieux de la surconsommation. Alternant les livres et les expositions, la plasticienne nous invite à faire notre examen de conscience.

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Martine Camillieri
© S. Maurice / aprim

Depuis son atelier percheron, Martine Camillieri pose un regard ironique sur les effets pernicieux de la surconsommation.

Alternant les livres et les expositions, la plasticienne nous invite à faire notre examen de conscience.

Et, pourquoi pas, notre petite révolution écologique pour sauver la planète !

Martine Camillieri a déjà vécu deux vies. Une première jusqu’en 2000 comme directrice artistique dans une agence de publicité. Puis une seconde, comme auteure, plasticienne et scénographe. Le point de rupture ? Une campagne à orchestrer pour Monsanto, multinationale convaincue d’écocide. Martine Camillieri refuse de s’impliquer dans cette commande et quitte le milieu. Elle démarre alors une carrière d’artiste pour prendre la parole et se fixe deux missions : limiter la prolifération des objets sur le globe, et militer pour que le comestible reste comestible. « Je mène un combat à ma hauteur. Je veux montrer qu’on peut vivre heureux avec moins. »

Martine Camillieri dénonce le consumérisme effréné tout au long d’une vingtaine d’ouvrages (1) où les objets sont habilement détournés pour vivre une seconde fois. « Ce ne sont pas des livres de loisirs créatifs, prévient l’auteure, mais des livres de vie. »

 

Écologie ludique

À partir de 2004, Martine Camillieri construit ses premiers autels « ironiques et oniriques » en accumulant les objets glanés dans les foires aux greniers et sur les déballages Tout à 1 €. Des moules à gâteaux, des ustensiles de cuisine en plastique de peu de valeur mais produits à des millions d’unités. Ses installations, proches de l’Arte povera, transforment la banalité en poésie subversive, notamment quand elles investissent la Design Week de Milan ou la coupole du Bon Marché à Paris, assorties de questions impertinentes. Un succès ambigu… « Je voulais monter des temples jusqu’à l’écœurement, mais les gens ont trouvé ça beau. Pour ne pas glorifier les objets, après avoir travaillé sur le trop, j’ai choisi de travailler sur le moins. »

Dans Jamais sans mon Kmion, Martine Camillieri invente la « cuisine de peu ». Puis elle conçoit des prototypes de vaisselle biodégradable (Les Petits Riens du tout) exposés à l’espace design du Centre Pompidou.

Et avec les nourritures fossiles du Festin retrouvé, installation paléofuturiste présentée au domaine de Chamarande (91), Martine Camillieri laisse pour les sociétés futures un témoignage archéologique de notre civilisation bientôt disparue.

Jusqu’au 15 septembre, Martine Camillieri exposera Safarikid au Moulin Blanchard, à Nocé (61), entre installation plasticienne et adaptation de la chasse au trésor.

 

Stéphane Maurice / aprim

(1) Tana éditions, Seuil Jeunesse, Éditions de l’Épure.

Bio express

Enfance en Asie, étude à l’ENSAD de Nice.

2000 : Création avec Bernd Richter de La Périphérie, lieu d’exposition à Malakoff pour jeunes artistes.

2004 : Premiers manuels d’écologie ludique, premières expositions à Tokyo et au Lieu unique à Nantes.

2005 : Premières installations des Temples et Autels.

2012 : Parution de Wild Food, Éditions de l’Épure, grand prix Sustainable Food, Gourmand Awards 2012.

2014 : Jamais sans mon Kmion : slow travel et cuisine de peu.

2022 : Le Festin retrouvé, buffet paléofuturiste, Évreux.

À propos de la ˝couv˝ de Perluète #13…

Pour ce monde miniature, j’ai imaginé le jardin d’un conte. Les mots, comme des parfums de fleurs, nous saisissent et racontent une histoire.

Ce jardin de mousses prélevées en forêt restera vert plusieurs mois si on le vaporise régulièrement.˝

Martine Camillieri

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[Chronique] À la recherche de Constantia de Marin Schaffner et GANG https://perluete.normandielivre.fr/chronique-a-la-recherche-de-constantia-de-marin-schaffner-et-gang/ Sun, 04 Jun 2023 14:01:45 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5241 Constantia, le nom que portait la majeure partie du bassin-versant de la Sienne il y a un peu moins de 1 800 ans en hommage à l’empereur Constance Chlore, résonne aujourd’hui comme le signe d’un système inébranlable qui est, par son échelle, un bassin de vie privilégié.

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Découverte d’un bassin-versant

Comment l’organisation naturelle des bassins-versants peut-elle nous apprendre à vivre avec le territoire ? Quel regard portons-nous sur ce qui nous entoure ? Comment percevons-nous les liens entre le bocage, les forêts, les sources, les affluents, les rivières, les fleuves et l’endroit où ils rejoignent la mer ? Comment s’imbriquent l’ensemble des éléments pour former un tout cohérent et autonome dont nous faisons partie ?

C’est ce que questionne l’ouvrage réalisé par Marin Schaffner et le collectif GANG (Jérémie Dru et Antoine Séguin) à la suite d’une résidence artistique itinérante portée par Territoires pionniers / Maison de l’architecture – Normandie et soutenue par le FADEL. En kayak et à vélo au fil de la Sienne, ils ont parcouru le paysage et rencontré les habitants pour en tirer une série de clichés témoins de la vie de ce bassin-versant, ainsi qu’une dizaine de textes, parfois techniques, mais surtout poétiques pour se plonger dans le passé, le présent et imaginer les futurs de ce tout vivant et naturellement autonome.

Constantia, le nom que portait la majeure partie du bassin-versant de la Sienne il y a un peu moins de 1 800 ans en hommage à l’empereur Constance Chlore, résonne aujourd’hui comme le signe d’un système inébranlable qui est, par son échelle, un bassin de vie privilégié.

 

Marion Cazy

Mots choisis

« J’ai compris, sur le tard, que cet estuaire où j’ai grandi ne serait pas comme il est sans toutes ces rivières. Qu’il y a un bout bien précis de Cotentin – 794 kilomètres carrés – où chacune des gouttes d’eau qui tombe finit dans cet estuaire près duquel j’ai grandi. J’ai pris la mesure, comme par décantation, que je suis moi-même en grande partie le produit du mélange de la mer à la terre. »

© Éditions Territoires pionniers | Maison de l’architecture

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[Lieux] Librairies – Développer un rayon de livres d’occasion https://perluete.normandielivre.fr/lieux-librairies-developper-un-rayon-de-livres-doccasion/ Sun, 04 Jun 2023 13:48:41 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5231 Développer un rayon de livres d’occasion, est-ce une bonne idée ? Comment faire ? De nombreux libraires se sont déjà lancés, devançant les résultats du baromètre Ipsos/CNL publié le 12 avril, indiquant que 40 % des Français ont acheté un livre d’occasion dans les douze derniers mois.

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Est-ce une bonne idée ? Comment faire ?

De nombreux libraires se sont déjà lancés, devançant les résultats du baromètre Ipsos/CNL publié le 12 avril, indiquant que 40 % des Français ont acheté un livre d’occasion dans les douze derniers mois.

Les ventes de livres d’occasion en France ont progressé de 6 % en 2022. © Adobe Stock – Drobot Dean

Liée à la fermeture des librairies pendant le Covid, à l’inflation et à des pratiques écoresponsables, la hausse des ventes de livres d’occasion se ressent dans les habitudes des Français, avec une croissance de 6 % par rapport à 2021 et de 14 % par rapport à 2015.

La Grande Ourse, par exemple, librairie généraliste à Dieppe, a ouvert en mai 2016 avec un rayon occasion à l’étage, à côté de l’espace café. Faute de place, le rayon a été abandonné peu à peu.

Les Rencontres nationales du livre, organisées par le Syndicat de la librairie française (SLF) en juillet 2022, ont remis cette idée au goût du jour. Motivée par l’envie de rendre le livre accessible pour tous et dans un souci écologique, la librairie a été réaménagée et des étagères ont été construites. Mais ici, pas d’achat de livres qui entraînerait trop de manutention. La librairie a bénéficié de dons de ses coopérateurs, les 20 plus « gros » lecteurs.

« Une vraie demande »

La librairie a communiqué en mai sur cette nouvelle offre et proposera 500 références à l’été. « Il y a une vraie demande, déclare Vanessa Audéon, notamment de gens qui n’auraient pas acheté de neuf ou qui achètent des deux ». À la librairie Place 26 à Douvres-la-Délivrande, l’idée est née il y a un an et se concrétise depuis six mois, « pour favoriser le circuit court et le développement durable », expliquent Véronique et Christophe. Ils proposent, au fond du magasin, une bibliothèque de livres leur appartenant ou donnés par les membres de leur club de lecture. On y trouve de la littérature adulte, de la BD enfants, quelques beaux livres, environ 70 références en un seul exemplaire. Il s’agit d’une phase test mais depuis la publication d’une story montrant ce rayon, il tourne et des aménagements sont prévus pour le développer.

L’Armitière et Colbert sont des habituées de l’occasion, le proposant depuis longtemps pour le livre scolaire. La librairie de Mont-Saint-Aignan a développé un outil permettant d’étendre cette offre aux livres universitaires, de poche, jeunesse et à la BD. Les clients déposent les livres qui sont étiquetés et interclassés avec les neufs. Une fois le livre vendu, le client est remboursé. Pour Cédric Thirel, directeur de la librairie Colbert, il s’agit « de fidéliser des clients, de proposer une offre moins chère et de contrer Amazon, qui vend de l’occasion ». Mise en place à l’automne, la librairie a peu communiqué mais, en deux mois, plus de 800 livres ont été vendus (hors scolaire).

Le dirigeant de L’Armitière, Matthieu de Montchalin, s’est assuré de l’adhésion de ses libraires avant de mettre en place un service original. Depuis la suppression de la remise de 5 % en 2021, il cherchait comment « faire plaisir à ses bons clients ». Depuis septembre, il propose aux détenteurs de cartes de fidélité (un grand nombre a été ouvert depuis), au passage en caisse, de racheter leur fiction grand format à 35 % du prix du neuf (sous la forme d’un avoir). Le livre, alors tamponné, doit être rapporté dans les deux mois. Il est revendu à 80 % du prix du neuf. Et ce service est maintenant une marque déposée sous le nom de « Deuxième lecture ». Autre enjeu, celui de l’écologie. L’action de la librairie est minime, dépendante des autres maillons de la chaîne du livre, mais proposer de l’occasion, c’est offrir au livre une seconde vie. « Neuf mois plus tard, les clients apprécient. Ils font tamponner leur livre mais très peu le rapportent, seule une centaine de livres a été retournée ». Néanmoins, chaque mois, le nombre de rachats et de ventes double, les exemplaires d’occasion ne restant pas plus de trois mois dans les rayons. Convaincu, le libraire va étendre l’offre à la jeunesse, BD, manga et aux ouvrages de vie pratique. Il espère que l’occasion atteindra 2 à 3 % du chiffre d’affaires de la librairie d’ici trois ans, ce qui représenterait 20 000 livres.

Sophie Fauché

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[Questions à…] Marin Schaffner, co-fondateur de l’association pour l’écologie du livre https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-marin-schaffner-co-fondateur-de-lassociation-pour-lecologie-du-livre/ Sun, 04 Jun 2023 13:47:18 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5216 « L’écologie s’insère dans tous nos modes de vie pour nous poser des questions éthiques. Comment nous organiser pour ne pas détruire la planète ? Comment prendre soin de nos milieux de vie ? ou œuvrer pour une société plus juste ? 

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« Il faut appréhender l’ensemble de la chaîne comme un écosystème, pas une juxtaposition de secteurs »

L’auteur et traducteur Marin Schaffner, ethnologue de formation, est un des co-fondateurs de l’association pour l’écologie du livre. Il prône une transformation profonde qui permette de penser une autre organisation du monde du livre et de la lecture, autour de trois axes : une écologie matérielle, une écologie sociale et une écologie symbolique. Il est intervenu dans le cadre de la journée sur l'écologie du livre de Normandie Livre & Lecture le 20 mai 2021. Extraits.

« L’écologie s’insère dans tous nos modes de vie pour nous poser des questions éthiques. Comment nous organiser pour ne pas détruire la planète ? Comment prendre soin de nos milieux de vie ? ou œuvrer pour une société plus juste ? 

La question de l’écologie face à la chaîne du livre peut s’aborder selon trois thèmes : 

 

1. Les ressources

Depuis les années 50-60, la filière du livre est devenue une industrie culturelle. Ce qui a entraîné de nouvelles problématiques liées à la fabrication, au transport et au réemploi. Aujourd’hui, on en est à un point où un livre sur 4 ne sera jamais acheté et où le pilon détruit environ 20% de la production globale. En quelques décennies, la chaîne du livre s’est orientée massivement vers des logiques de profits sur les flux, ce qui pose des questions en termes de gaspillage.

 

2. Les territoires

Les modes de consommation ont évolué dans le même temps vers une massification, et une désertification des centres-villes, avec émergence de la grande distribution. La Chaîne du livre s’est donc trouvée de plus en plus alimentée par des livres destinés à être vendus, seule la loi Lang a permis de défendre le livre de création et de préserver des librairies et d’éditeurs indépendantes.

 

3. Les supports

L’arrivée des technologies numériques a fait évoluer le rôle des acteurs. Les GAFAM se sont appuyés sur cette révolution, numérique pour des logiques économiques de prédation : vouloir devenir le seul acteur de la production à la vente en passant par le désir du client. Les enjeux liés aux données, à la vitesse, aux écrans viennent bousculer le temps long de la lecture. 

Ces logiques amènent à de multiples formes de surconsommation et de surproduction destructrices, tant sur le plan écologique que social, avec une exploitation polluante des ressources et une précarisation des acteurs. 

Penser le développement durable de la fabrication du papier et du transport du livre est important, mais nous pensons qu’il faut une transformation écologique et sociale plus profonde pour penser le monde du livre et de la lecture comme un écosystème.

 

Qu’est-ce qu’une analyse écologique du livre et de la lecture ?

Nous pensons que l’enjeu est de penser les interdépendances dans le monde du livre et de la lecture. Il faut appréhender l’ensemble de la chaîne comme un écosystème, pas une juxtaposition de secteurs.

Nous avons imaginé des futurs alternatifs et désirables basés sur la coopération, penser de façon interprofessionnelle ce que pourrait être une autre organisation. 

Nous avons réfléchi à ce que pourraient être les livres de l’après pétrole, ce que sont les cœurs de métier des professionnels (médiation et création), le rôle de la lecture vecteur d’émancipation et d’imagination. De là, nous avons imaginé trois piliers pour l’écologie du livre : matérielle, sociale et symbolique.

L’écologie matérielle a trait à toutes les questions d’écoresponsabilité : fabrication, transport, réemploi…

L’écologie sociale a trait aux questions de coopération, d’interprofession (répartition de la valeur, le cœur de métier, etc.)

L’écologie symbolique s’appuie sur le concept de la bibliodiversité : œuvrer pour la diversité des manières de raconter des histoires partout sur la planète, dans toutes les langues.

Cette approche est pour nous un moyen d’adresser de nouvelles perspectives. Notre espoir, c’est d’initier de nouvelles façons de faire pour tenter d’enrayer la destruction du vivant tout en œuvrant à la plus grande diversité possible. Pour le dire autrement, essayer d’œuvrer ensemble à une plus grande biodiversité et une plus grande bibliodiversité. »

 

Propos extraits de son intervention lors d’une journée sur l’écologie du livre organisée par Normandie Livre & Lecture en 2021.

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[Questions à…] Francis-Luc Merelo de l’imprimerie IROPA https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-francis-luc-merelo-de-limprimerie-iropa/ Sun, 04 Jun 2023 13:41:10 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5210 « L’enjeu de l’écologie du livre, c’est aussi le maintien des savoir-faire sur nos territoires »

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« L’enjeu de l’écologie du livre, c’est aussi le maintien des savoir-faire sur nos territoires »

Francis-Luc Merelo, Cadre commercial à l’imprimerie IROPA (Saint-Étienne-du-Rouvray) et membre du groupe de travail de Normandie Livre & Lecture sur l’écologie du livre.

« J’ai la chance de travailler pour un imprimeur historiquement engagé sur la thématique du développement durable. Iropa a été parmi les premières imprimeries normandes labellisées « Imprim’Vert ». L’entreprise est dans une démarche RSE et occupe aujourd’hui des locaux construits en 2010 à haut niveau de performance environnementale.

Il nous semble naturel de nous impliquer dans l’écologie du livre. C’est notre devoir de nous questionner, comme toute entreprise, nous devons interroger notre responsabilité sociétale. 

 

« Faire poids pour que les pratiques évoluent »

L’enjeu de l’écologie du livre, pour moi c’est aussi, au-delà de l’environnement, la question du maintien des savoir-faire sur nos territoires. À force de délocaliser vers des unités de productions éloignées et, certes moins chères, mais sans doute moins scrupuleuses, nous risquons de voir disparaître des emplois et des méthodes de travail plus vertueuses.

Le groupe de travail créé par Normandie Livre & Lecture a le mérite de stimuler la réflexion, le tout sans pression, en total respect mutuel. L’idée est bien de poser des jalons pour progresser pas à pas. C’est aussi de faire poids, ensemble, pour que les pratiques de la filière peu à peu évoluent. Faire poids aussi auprès des collectivités locales et territoriales pour qu’elles aient elles aussi le réflexe local en matière d’édition et de fabrication de supports imprimés.

Le bilan de ces échanges est pour moi très encourageants. Il faudrait maintenant que d’autres imprimeurs nous rejoignent. Il reste du chemin à faire, mais nous sommes en mouvement. »

 

Propos recueillis par aprim

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[Questions à…] Julie Pommier : « Édifice repense son métier d’éditeur » https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-julie-pommier-edifice-repense-son-metier-dediteur/ Sun, 04 Jun 2023 13:39:39 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5206 Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

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TIRAGES, DROITS D’AUTEUR... Édifice repense son métier d'éditeur

Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

© S. Maurice / Aprim

Tirer au plus juste, limiter les invendus. Tous les éditeurs poursuivent cette chimère, mais les faits sont têtus. Plus de 20 % des livres imprimés sont encore pilonnés. En multipliant les stages pour son master Ingénierie éditoriale et communication, Julie Pommier a été témoin de cette pratique choquante. « Détruire des ouvrages coûte moins cher que de stocker ou donner. Je ne voulais pas créer ma maison d’édition sur cette absurdité. J’ai décidé de ne pas imprimer un livre de trop et le financement participatif s’est proposé comme LA solution. »

Les éditions Édifice, toute jeune maison havraise, publieront cette année quatre ouvrages de BD, puis six en 2024. Pour chaque campagne de financement, l’objectif est fixé à 250 précommandes pour les premiers titres (légèrement en dessous du seuil de rentabilité situé à 300 exemplaires). « Si nous atteignons le premier palier à 60 % de l’objectif, la BD sera imprimée mais il n’y aura pas de réimpression ni de vente en librairie. Entre 95 % et 99 % de l’objectif, nous prolongeons la campagne pour atteindre les 100 % et assurer une diffusion en librairie. » 

Pour Julie Pommier, maintenir ce lien avec les libraires locaux est primordial car ils sont les premiers conseils des lecteurs. Durant la campagne, ils peuvent d’ailleurs précommander grâce au pack Libraires qui leur réserve cinq ouvrages.

 

Des auteurs mieux rémunérés

Si un projet n’atteint pas les 60 % requis, l’auteur est libéré. Il conserve son à-valoir, la liste des contacts générés pendant la campagne de précommande, et bien sûr la faculté de proposer à un autre éditeur son projet déjà avancé. Il n’y a donc pas de perte sèche si l’aventure s’arrête. Mais avec ce mode de production, Julie Pommier s’attaque surtout au tabou des droits d’auteur. Le financement participatif permet de mieux redistribuer le prix du livre. « En percevant seulement de 3 % à 10 % de ventes, les auteurs sont les moins bien payés de la chaîne du livre. Pour une rémunération plus juste, Édifice propose 16 %, calculés sur les 250 précommandes. » 

 

Dénicher des talents

Seules les algues savent © Édifice

Fondées il y a moins d’un an, les éditions Édifice s’appuient sur un travail de prospection débuté en 2020. Pendant ses études, Julie Pommier a constitué une communauté sur les réseaux sociaux, fréquenté les salons et les librairies, et lancé un appel à projets qui a permis de sélectionner plusieurs auteurs sur une vingtaine de candidatures. Des auteurs qui portent leur premier projet, autoédités ou déjà publiés par de grandes maisons. De cette manière, Édifice contribue à découvrir de nouveaux créateurs, comme Marianne Le Berre et Léo Badiali, deux architectes multi-talents qui publient leur tout premier roman graphique, Seules les algues savent.

Le financement participatif inaugure une nouvelle relation avec les auteurs mais aussi avec les lecteurs. La maison leur appartient un peu puisqu’ils ont choisi le nom et le logo par un vote. Pendant les campagnes de financement, les contributeurs sont également sollicités pour décider d’un décor ou d’un projet de couverture. Le livre imprimé représente finalement le fruit d’un travail collectif.

www.edifice-editions.fr

 

Propos recueillis par aprim

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[Questions à…] Maryon Le Nagard, membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-maryon-le-nagard-membre-de-la-commission-bibliotheques-vertes-de-labf/ Sun, 04 Jun 2023 13:36:30 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5214 Référente Développement Durable pour le réseau des bibliothèques de Rouen (2020-2022) et pour la la médiathèque départementale de Seine Maritime (depuis 2022), membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF.

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« Une prise de conscience collective est enclenchée dans une partie du public »

Référente Développement Durable pour le réseau des bibliothèques de Rouen (2020-2022) et pour la la médiathèque départementale de Seine Maritime (depuis 2022), membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF.

Comment a démarré votre implication professionnelle pour l’écologie du livre ?

« De 2019 à 2023, j’ai été responsable de la bibliothèque des Capucins à Rouen et j’ai été la première référente développement durable, pour le réseau des sept bibliothèques de la Ville. À l’époque, cette fonction n’existait pas à Rouen. J’occupe aujourd’hui la même fonction pour la médiathèque de Seine-Maritime.

Il y avait à l’époque beaucoup à faire sur la mission. Au-delà de créer une grainothèque ou une bouturothèque, un groupe de travail a engagé une vraie réflexion sur ces questions au niveau du réseau. Pour garantir une pérennité à ce travail, des objectifs écoresponsables ont été intégrés à la fiche de poste. 

À l’époque, était-ce une démarche d’avant-garde ?

Le fait d’identifier un référent développement durable a été une première avancée et spécificité de la bibliothèque des Capucins. Encore peu d’établissements je crois l’ont fait. En revanche, les actions se développent de plus en plus et les initiatives affluent. Par exemple, la médiathèque Sequoïa de Maromme accueille une ruche, beaucoup font de la sensibilisation à la biodiversité… La nouveauté à Rouen a été de formaliser une démarche et d’informer les publics sur ce qui est fait. 

Du travail reste à faire, notamment pour faire prendre conscience aux professionnels dans les bibliothèques qu’ils font déjà du développement durable au quotidien, déjà dans la dimension sociale, qui est au cœur de nos missions. 

Que faites-vous concrètement aujourd’hui à la médiathèque départementale ?

Je vais former l’équipe de la médiathèque départementale au développement durable. L’idée est de pouvoir réfléchir ensemble aux actions à mettre en place et que ça ruisselle sur tout le réseau (environ 250 bibliothèques). 

Je vais aussi former les professionnels du réseau, en leur donnant des clés d’actions, car même avec peu de moyens on peut faire beaucoup. Comment sensibiliser le public ? Trouver des partenaires ? Est-ce que je couvre mes livres ? …

Le public est-il en attente ?

Oui, une prise de conscience collective est enclenchée dans une partie du public. Ensuite, plus on propose, plus le public suit, il y a un effet boule de neige. Quand on propose une grainothèque ou une bouturothèque en bibliothèque, on n’est pas forcément attendu sur ce terrain-là. Mais quand l’offre est là, ça marche. On le constate avec les animations, par exemple avec les ateliers « Do It Yourself ». Aujourd’hui, beaucoup d’établissements proposent des ateliers couture, cosmétique responsable, ou autres… À travers ce type d’activités, on éveille la sensibilité à d’autres pratiques, on valorise le fonds documentaire, on peut faire venir un intervenant… Ce genre d’animation permet d’activer plusieurs axes en même temps.

Le public n’est pas forcément demandeur à la base, mais souvent il adhère.

La bibliodiversité est aussi une mission forte des bibliothèques…

Oui, ça l’a toujours été. En bibliothèque, on réfléchit à sa politique d’achat. Mais aujourd’hui, on peut aller plus loin en identifiant les éditeurs engagés, en étant vigilant à la fabrication des ouvrages, au papier utilisé…  Les réflexes et la connaissance ne sont pas encore très répandus sur le sujet dans les bibliothèques. Ça fait partie des choses que je souhaite aborder dans mes interventions de formation. 

Ce qui est sûr c’est qu’on ne peut pas appliquer aveuglément des critères rédhibitoires. Par exemple, je connais des maisons d’édition d’une très grande exigence éditoriale, dont les contenus sont remarquables, et qui, tout en s’assurant du respect du droit et des conditions de travail, font imprimer à l’étranger, pour des raisons de coûts. On ne va pas les bannir. C’est grâce à ces bas coûts qu’elles peuvent proposer des contenus de qualité. Tout est question de dosage. »

 

Propos recueillis par aprim

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[Questions à…] Cécile Lavoisier-Mouillac et sa librairie itinérante https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-cecile-lavoisier-mouillac-et-sa-librairie-itinerante/ Sun, 04 Jun 2023 13:29:50 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5212 Cécile Lavoisier-Mouillac a créé une librairie itinérante après la crise Covid. Elle l’installe lors d’événements culturels ou dans des établissements scolaires et défend des choix éditoriaux assumés.

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« Je privilégie les petits éditeurs, engagés socialement, et qui accordent un soin à la fabrication des livres »

Cécile Lavoisier-Mouillac a créé une librairie itinérante après la crise Covid. Elle l’installe lors d’événements culturels ou dans des établissements scolaires et défend des choix éditoriaux assumés.

 

Comment vous est venue l’idée de ce projet de librairie itinérante ?

En février 2020, j’ai créé La Salicorne et le rhinocéros, une librairie-café à Huisne-sur-Mer, dans le sud-Manche, un mois avant le Covid. Bref, l’équilibre financier de mon projet a été rapidement mis à mal. Je participais déjà en tant que libraire à des événements culturels ou populaires, comme le festival des transitions « les Pluies de Juillet ». J’ai opté pour la formule itinérante un peu par la force des choses. Et je ne regrette pas. 

 

Vous considérez-vous comme une librairie militante ?

J’ai des convictions, sur des thématiques comme l’écologie, les féminismes, la nature… Je choisis tous mes livres, je ne fais pas d’office, je ne signe pas d’engagement avec les éditeurs, donc je suis totalement libre. Je privilégie les petites maisons, engagées socialement, écologiquement, qui accordent un soin à la fabrication des livres. J’aime la dimension artisanale du métier. Beaucoup de petits éditeurs sont admirables de passion, d’engagement, d’exigence. La qualité est souvent au rendez-vous. De la même manière qu’on aime connaître la provenance de ses légumes, je fais attention à l’origine des livres que je vends. Et à leur contenu

 

Comment s’effectuent vos choix éditoriaux ?

Ce que j’‘aime, c’est m’adapter à la thématique et au lieu où ma librairie se déplace. Chaque installation est un nouveau projet, je cherche en amont quels livres je vais proposer. Ce qui plaît au public, c’est la diversité de mon offre, qui permet d’assouvir une curiosité sur un sujet qui a été stimulée pendant l’événement. Je choisis souvent de multiplier les titres différents plutôt que d’avoir quelques titres à beaucoup d’exemplaires. J’aime proposer cette bibliodiversité, qui fait souvent dire à mes clients qu’ils trouvent des pépites, des auteurs ou des ouvrages peu connus, ou difficiles à trouver… Sur des événements comme « les Pluies de Juillet », le public est souvent engagé pour une cause ou une sensibilité, et recherche des ouvrages parfois pointus. 

 

Un an après, quel est le bilan ?

Je suis très sollicitée. C’est d’ailleurs assez difficile physiquement, car le métier exige beaucoup de manutention et sur certains événements j’emmène avec moi plusieurs milliers de livres. Je suis présente un jour par semaine dans un atelier partagé créé par une supérette bio. A partir du printemps, je cours les festivals et autres manifestations souvent engagées sur les transitions ou l’écologie, ce qui occupe beaucoup de mes week-ends. Je collabore aussi de plus en plus avec les collectivités, je me rends en milieu scolaire. Les petites médiathèques du sud-Manche comptent sur mois pour faire leur marché. Pour elles qui souvent ont très peu de contact avec les fournisseurs, je rétablis un lien. Rien que pour tous ces moments de proximité, mon bilan est positif. 

 

Propos recueillis par aprim

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[L’invité] Yves-Marie Clément – Métissage permanent https://perluete.normandielivre.fr/linvite-yves-marie-clement-metissage-permanent/ Sun, 04 Jun 2023 12:37:29 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5221 Grand voyageur, amoureux d’Amérique du Sud et d’Afrique, écrivain protéiforme  engagé sur les questions d’écologie, de rapport à la nature et d’altérité, Yves-Marie Clément est l’auteur d’une œuvre prolifique. L’ex-enseignant et journaliste  est un passeur, engagé en ce moment avec des lycéens dans le projet Digi’Climat.

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© YMC

Grand voyageur, amoureux d’Amérique du Sud et d’Afrique, écrivain protéiforme  engagé sur les questions d’écologie, de rapport à la nature et d’altérité, Yves-Marie Clément est l’auteur d’une œuvre prolifique. L’ex-enseignant et journaliste  est un passeur, engagé en ce moment avec des lycéens dans le projet Digi’Climat.

Que vous ont appris tous vos voyages sur la place de l’Homme dans la civilisation et son environnement ?

J’ai vécu en Guyane, où la biodiversité est la plus riche du monde (plus de 1 700 espèces d’arbres !), découvrant le respect des populations autochtones pour la nature. Auparavant, j’avais déjà un regard critique sur notre civilisation du gaspillage, notre manière de vivre, d’user la terre, de pêcher jusqu’à l’épuisement des réserves, de polluer. Un regard nourri aussi par mes lectures, d’abord René Dumont (L’Utopie ou la mort !), puis Théodore Monod (Et si l’aventure humaine devait échouer). Nous sommes en permanence dans un rapport de domination, celle de la nature, celle des peuples colonisés, ceux et celles dont les Occidentaux profitent depuis le XVIe siècle par l’esclavage, l’exploitation des terres, l’extraction minière... Ma rencontre avec les autochtones et leur manière d’envisager le vivant d’égal à égal a confirmé mes convictions : nous faisons exactement le contraire de ce qui est raisonnable.

Vous écrivez aussi bien des romans adultes que jeunesse, de la nouvelle, du policier... Comment choisissez-vous ?

La forme et le genre littéraire me viennent selon mes envies. J’aime explorer les arcanes de l’écriture, ne pas faire deux fois la même chose. Pour moi, la littérature, c’est un véritable laboratoire. J’y réalise sans cesse de nouvelles expériences. Parfois, le genre s’impose à moi. Pour parler de l’orpaillage illégal en Guyane et du projet écocide de la Montagne d’or, j’ai choisi avec ma coautrice le polar pour les adultes. L’Or assassin montre le combat des Wayanas pour leur survie face au rouleau compresseur de l’extraction minière. C’est un genre populaire, avec des situations et des images percutantes, qui peuvent marquer les esprits.

 

Le message écologique est fort dans vos livres. Au-delà de faire découvrir des environnements peu connus (la Guyane dans L’Or assassin et Juliette et Roméo, la paléoanthropologie dans Les Amoureux de Houri-Kouri), que voulez-vous faire passer à travers vos fictions ?

Mon écriture a toujours été engagée et elle est de plus en plus militante. La plupart de mes fictions ont un message écologique fort depuis que j’ai commencé à publier en 1990. Mais je traite d’autres problématiques sociétales : le regard que l’on porte sur « l’Étranger », et au-delà, la lutte contre les extrémismes et les obscurantismes. Vous citez Les Amoureux de Houri-Kouri, c’est un peu une allégorie. Dans ce roman ados/adultes, on découvre la rencontre, il y a 300 000 ans en Afrique de l’Ouest, de deux humains d’espèces différentes, Nourh et Dhîb, nos lointains ancêtres. Comme eux, nous sommes tous africains, le fruit d’un long brassage génétique fait d’hybridations et de métissages. Le message est que peut-être, au-delà de nos différences, nous sommes une seule humanité.

 

Pouvez-vous évoquer votre actualité et votre implication dans le projet Digi’Climat, porté par la Région Normandie et Normandie Livre & Lecture ?

Digi’Climat, c’est un jalon de plus pour avancer dans la réflexion sur l’urgence climatique, sur l’importance des décisions politiques à prendre immédiatement. Pour ma part, je suis en lien avec une classe de seconde du lycée de Lillebonne. Nous nous sommes rencontrés. Après la lecture du rapport du GIEC, ils m’ont confié des clés pour écrire une nouvelle d’anticipation. Je trouve leur vision du futur très pessimiste, et je les comprends. Ils peuvent franchement en vouloir à nos générations. Autrement, je viens de publier un roman ados sur le thème du racisme (Coupable ?, Le Muscadier). D’autres ouvrages sont en voie de finalisation pour fin 2023 et 2024.

 

Propos recueillis par Cindy Mahout et Valérie Schmitt

Bio Express

Né le 31 mai 1959, à Fécamp, « dans les brumes de Normandie », Yves-Marie Clément a été professeur de lettres-histoire en lycée professionnel, après des études d’histoire. Il a publié son premier roman jeunesse en 1990. Il a également été correspondant de presse pour France-Guyane et Normandie Magazine. Aujourd’hui, il se consacre entièrement à l’écriture. Romans, nouvelles, contes, théâtre, tous les genres l’intéressent. Il écrit souvent à quatre mains avec Nathalie Clément.

Passionné de voyages, d’écriture, d’arts martiaux (il est 3e dan de judo) et de nature, il a parcouru avec Nathalie le Sahara durant plusieurs mois, en 1983-1984. De 1989 à 1998, c’est à Saint-Laurent-du-Maroni, en Guyane, qu’ils posent leurs valises, avant l’Ardèche, Mayotte, puis Fécamp. Il lit les auteurs du monde entier, avec quelques préférences pour l’Amérique du Sud (Amado, Quiroga, Garcia Márquez, Sepúlveda) et les Caraïbes (Chamoiseau, Césaire, Glissant, Condé, Damas).

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[Dossier] Vers une écologie du livre ? https://perluete.normandielivre.fr/dossier-vers-une-ecologie-du-livre/ Sun, 04 Jun 2023 09:26:03 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5239 Impact environnemental du livre, rémunération, soutien aux petits indépendants, pluralité de l’offre… La cause de l’écologie du livre va bien au-delà d’un simple bilan carbone.

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Impact environnemental du livre, rémunération, soutien aux petits indépendants, pluralité de l’offre… La cause de l’écologie du livre va bien au-delà d’un simple bilan carbone.

En Normandie, la démarche titille les professionnels, sous la houlette de Normandie Livre & Lecture.

Laurent Cauville et Stéphane Maurice / aprim

(Re)penser collectivement la filière du livre, à l’aune des enjeux écologiques (sociaux et environnementaux). C’est à ce chantier brûlant que s’attellent actuellement de plus en plus d’acteurs de la filière livre en Normandie. Car il est grand temps d’agir, si l’on en croit Marin Schaffner, cofondateur de l’Association pour l’écologie du livre : « L’industrialisation de la filière a créé des logiques destructrices qui ont amené une exploitation polluante des ressources et une précarisation des acteurs », résume-t-il (lire par ailleurs).

Bonne nouvelle, il semblerait que les professionnels de l’écosystème du livre soient de plus en plus nombreux à interroger leurs pratiques. « D’actions individuelles à la création de réseaux, on agit à différentes échelles sur le sujet », commente Marion Cazy, chargée de projet « Écologie du livre » à Normandie Livre & Lecture. En créant cette fonction, l’agence affiche ses intentions : « piloter une réflexion régionale autour de l’écosystème du livre et de son impact social, environnemental et solidaire ».

Lancée fin 2020 à travers six groupes de travail (écosystème, auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, manifestations littéraires) auxquels ont participé environ 40 professionnels, la démarche prend en Normandie, aujourd’hui une des régions de référence. « Nous nous sommes rapprochés des Pays de la Loire, en avance sur le sujet en 2020. Depuis, nous progressons, tout en développant des échanges avec d’autres structures régionales. » Journées d’étude, webinaires, boîte à outils en ligne et même charte des bonnes pratiques. « C’est une attente exprimée par des lecteurs lors d’une de nos enquêtes. Déjà une dizaine de professionnels y ont adhéré. Des bibliothèques s’apprêtent à les rejoindre, peut-être aussi des salons ou événements littéraires… »

 

Bibliothèques engagées

Pour autant, la prise de conscience est-elle si large ? « Le frémissement se confirme mois après mois, mais lentement, concède Marion Cazy. C’est moins évident pour les auteurs, par exemple, du fait de leur précarité ; ou pour les petits éditeurs qui sortent de la crise Covid et sont aujourd’hui dans celle du coût des matières premières. »

Grainothèques en médiathèque, résidences d’écrivain en cabane « décroissante » (lire ci-contre), réflexions sur la bibliodiversité ou sur la rémunération... En première ligne, les bibliothèques ont un rôle clé à jouer auprès du public. « Elles sont surtout sur le champ de l’écologie matérielle, le zéro déchet, la sobriété, les circuits courts », abonde Marion Cazy. Les exemples foisonnent. À Rouen, dès 2019, le réseau des bibliothèques de la Ville a ainsi développé les initiatives, sous la houlette de Maryon Le Nagard, devenue depuis référente développement durable du réseau, avant d’intégrer l’an passé la médiathèque départementale de Seine-Maritime. « De nombreux projets sont nés : grainothèque, bouturothèque, utilisation de vaisselle lavable, ateliers “DIY”, groupe de travail... À l’époque, sur Rouen, nous avons lancé une dynamique et, en créant la mission, nous nous sommes donné des objectifs. »

Aujourd’hui en charge de la même mission pour la médiathèque départementale, Maryon Le Nagard observe : « Les initiatives affluent. C’est la médiathèque de Maromme qui crée une ruche, ce sont des ateliers couture, cosmétique responsable ou biodiversité un peu partout... Les établissements qui s’inscrivent dans cette démarche durable peuvent s’appuyer sur des accélérateurs précieux, comme la commission bibliothèques vertes de l’ABF, dont le blog (bib.vertes.abf.asso.fr) est très utile. »

Également au contact quotidien des lecteurs, où en sont les libraires ? « Les questions de la seconde main, des emballages, du transport ou de la bibliodiversité se posent à eux. Mais ils sont accaparés par le quotidien. À nous de les aider à dessiner des pistes d’actions. » Comme le dit Cécile Lavoisier-Mouillac, libraire dans le Sud-Manche : « Si on aime la dimension artisanale du métier d’éditeur, on peut faire un libraire plus responsable. » Sa librairie itinérante, La Salicorne et le Rhinocéros, ne fait pas d’office, donc garde toute liberté dans le choix de ses livres. « Je privilégie les petites maisons, engagées socialement, écologiquement, qui accordent un soin à la fabrication. La question des conditions d’impression s’invite aussi dans les débats. « Les imprimeurs commencent à se saisir des enjeux, mais sans doute pas encore assez », estime Francis-Luc Merelo, membre du groupe de travail sur l’écologie du livre. Directeur commercial d’Iropa (100 salariés), il revendique une imprimerie raisonnée et une frugalité énergétique. « Penser environnement c’est aussi penser social. C’est sûr, nous ne sommes pas les moins chers, mais l’enjeu c’est aussi de préserver des savoir-faire dans nos régions. »

Comme le dit la libraire Cécile Lavoisier-Mouillac, « de la même manière qu’on aime connaître la provenance de ses légumes, je fais attention à l’origine des livres que je vends ». Le bon sens terrien peut aider à reverdir la filière.

Retrouvez la version longue des interviews de Marion Cazy, Maryon Le Nagard, Céline Lavoisier-Mouillac, Francis-Luc Merelo

Plus d’infos

Repères

  • 1 livre sur 4 ne sera jamais acheté. 20 % finissent au pilon.
  • 250 : le nombre de sympathisants autour de l’Association pour l’écologie du livre.

Tirages, droits d’auteur…

ÉDIFICE REPENSE SON MÉTIER D’ÉDITEUR

Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

Tirer au plus juste, limiter les invendus. Tous les éditeurs poursuivent cette chimère, mais les faits sont têtus. Plus de 20 % des livres imprimés sont encore pilonnés. En multipliant les stages pour son master Ingénierie éditoriale et communication, Julie Pommier a été témoin de cette pratique choquante.

Julie Pommier © S. Maurice / Aprim

« Détruire des ouvrages coûte moins cher que de stocker ou donner. Je ne voulais pas créer ma maison d’édition sur cette absurdité. J’ai décidé de ne pas imprimer un livre de trop, et le financement participatif s’est proposé comme LA solution. »

Les éditions Édifice, toute jeune maison havraise, publieront cette année quatre ouvrages de BD, puis six en 2024. Pour chaque campagne de financement, l’objectif est fixé à 250 précommandes pour les premiers titres (légèrement en dessous du seuil de rentabilité situé à 300 exemplaires). « Si nous atteignons le premier palier à 60 % de l’objectif, la BD sera imprimée mais il n’y aura pas de réimpression ni de vente en librairie. Entre 95 % et 99 % de l’objectif, nous prolongeons la campagne pour atteindre les 100 % et assurer une diffusion en librairie. »

Pour Julie Pommier, maintenir ce lien avec les libraires locaux est primordial, car ils sont les premiers conseils des lecteurs. Durant la campagne, ils peuvent d’ailleurs précommander grâce au pack Libraires qui leur réserve cinq ouvrages.

 

Des auteurs mieux rémunérés

Si un projet n’atteint pas les 60 % requis, l’auteur est libéré. Il conserve son à-valoir, la liste des contacts générés pendant la campagne de précommande, et bien sûr la faculté de proposer à un autre éditeur son projet déjà avancé. Il n’y a donc pas de perte sèche si l’aventure s’arrête. Mais avec ce mode de production, Julie Pommier s’attaque surtout au tabou des droits d’auteur. Le financement participatif permet de mieux redistribuer le prix du livre. « En percevant seulement de 3 % à 10 % du prix de vente, les auteurs sont les moins bien payés de la chaîne du livre. Pour une rémunération plus juste, Édifice propose 16 %, calculés sur les 250 précommandes. »

>>> Retrouvez la version longue de l’interview de Julie Pommier 

Une médiathèque actrice de la transition écologique

Agir maintenant et à son échelle. Fidèle à ce principe, la médiathèque de Fontaine-Étoupefour sensibilise le public aux questions environnementales.

Distinguée par le Prix Livre Hebdo de la petite bibliothèque en 2021, candidate française la même année au Green Library Award de l’IFLA (1), la médiathèque de Fontaine-Étoupefour (2 700 habitants dans le Calvados) assume sa sensibilité. « Tout est parti du livre La Famille zéro déchet. Son succès auprès des lecteurs a confirmé notre orientation », se souvient Olivéra Lajon, directrice de la médiathèque. Écoresponsable dans sa démarche, l’établissement avance ses propositions en douceur et sans stigmatisation. « Nous ne sommes pas là pour accuser, ce qui pourrait heurter ou lasser le public, mais pour sensibiliser. » Vert d’avril, Fresque du climat, soirée-débat Environnement mon amour, exposition Mission potager... Le programme des animations invite à la réflexion et propose au public des pistes pour agir selon ses moyens. Quand le printemps arrive, la médiathèque n’hésite pas à sortir de ses murs pour des journées lecture en pleine nature, des ateliers d’écriture ou des captations de sons en forêt.

Riche de 12 000 documents, pratiquant le compostage, le troc de livres et de graines, la médiathèque n’a pas souhaité isoler un fonds spécifique dans ses rayonnages. « Ce n’est pas un sujet à part. Romans, documentaires, essais…, les livres traitant d’environnement sont parmi les autres, car nous pensons que l’écologie doit être partout et à chaque instant. »

(1) International Federation of Library  Associations and Institutions.

Une cabane d’écrivains écoconçue

Bien cachés des regards au fond du parc de l’abbaye de Jumièges, cinq auteurs inaugurent la première saison des résidences d’écriture de l’association Baraques Walden.

Collectif d’artistes-auteurs constitué en 2020 autour du projet Bowary (réduction de Madame Bovary en 280 tweets pour l’année Flaubert), l’association Baraques Walden refait parler d’elle. Aidé d’habiles bricoleurs, son cofondateur Stéphane Nappez a construit une cabane de 20 m2 dans le parc de l’abbaye de Jumièges, propriété du département de Seine-Maritime, qui est également l’un des principaux partenaires du projet. Cet abri, directement inspiré d’un ouvrage de Henry David Thoreau, Walden, ou la Vie dans les bois, est devenu un lieu de résidence pour les écrivains.

Dominique Quélen © S. Maurice / Aprim

Un confort frugal

« Pour sa construction, nous avons privilégié les matériaux de réemploi récupérés localement, précise Stéphane Nappez. Le bac acier du toit a été acheté sur Le Bon Coin, le bois d’œuvre provient d’un chantier de déconstruction, le bardage d’un lot déclassé par une scierie locale. Et l’isolation est assurée par des plaques de carton triple cannelure données par la cartonnerie DS Smith de Rouen. »

Les auteurs en résidence s’installent pour deux périodes non consécutives de quinze jours, à l’ombre des arbres et d’augustes vestiges. Dominique Quélen, résident du moment, est venu avancer une série de 202 poèmes et s’accommode parfaitement du confort frugal des lieux. « Il faut transporter les jerricans d’eau, charger les batteries à l’accueil de l’abbaye, se chauffer et cuisiner avec une bonbonne de gaz. Dans la cabane, rien n’est donné, mais cette précarité est temporaire. »

Même si le travail poétique de Dominique Quélen ne s’inspire pas réellement des lieux – « ce que j’écris, c’est le pays dans lequel j’habite » –, l’isolement et le dépouillement de la cabane l’aident à travailler. « C’est un refuge pour s’isoler. Par le fait d’être en résidence, on s’extrait des obligations et des sollicitations de la vie quotidienne. »

Pendant ces deux séjours de création, Dominique Quélen aura également travaillé autour de la question de la ruine avec les étudiants de l’INSA de Rouen, et animé un atelier de nature writing ouvert à tous, en utilisant des pierres et des feuilles glanées dans le parc comme support d’écriture.

L’association Baraques Walden ne compte pas en rester là et projette de construire d’autres cabanes pour étoffer un réseau de résidences d’artistes. Peut-être du côté d’Orival ou de la baie du Mont-Saint-Michel. À suivre…

>>> baraqueswalden.fr

Pomme Mouette & Colibri - Librairie jeunesse écoresponsable

L’impact environnemental des acteurs du livre préoccupe aussi les libraires.

À Cabourg, une librairie écoconçue s’empare du sujet en sauvant des livres de la destruction.

© Pomme Mouette & Colibri

La pomme suggère le territoire normand, la mouette le bord de mer… Mais le colibri ? « C’est le minuscule oiseau de la légende amérindienne qui fait sa part de travail pour éteindre l’incendie. En baptisant la librairie, je souhaitais suggérer la fraîcheur de l’enfance, éclaire Wilfried Loriot, mais aussi indiquer une sensibilité pour l’écologie. »

À la manière de l’oiseau-mouche, Pomme Mouette & Colibri veut apporter sa contribution à petites touches pour défendre la planète. Et cela se remarque tout de suite. Pour construire l’ambiance de sa boutique, le libraire a chiné du mobilier et des éléments de décor : un piano droit, une cheminée, de vieilles étagères, et même un arbre ramené de la forêt. Dès l’entrée, un rayon nature-environnement accueille les jeunes lecteurs. « J’ai voulu aller droit au but et identifier cet espace pour guider les parents et les enseignants qui me demandent des choix de lecture sur ce thème. »

Wilfried Loriot travaille étroitement avec les enseignants, intervient au collège public de Dives-sur-Mer, invite des auteurs et accueille dans sa boutique les classes de 5e et 4e à travers l’opération Coup de jeunes en librairie. Construit en partenariat avec l’association des librairies indépendantes de Normandie et Normandie Livre & Lecture, ce dispositif propose aux élèves une découverte des métiers du livre, et les invite – grâce à des bons d’achat de la Région – à désigner dans une sélection de livres leur coup de cœur de lecture.

Wilfried Loriot a également créé un petit fonds de littérature jeunesse d’occasion. Et avec Expodif, un grossiste qui déstocke des livres neufs, il sauve des ouvrages promis au pilon en leur offrant une seconde chance à prix réduit, mais sans faculté de retour. Des petits gestes que ne renierait pas le colibri.

>>> www.pommemouetteetcolibri.fr

15, avenue de Bavent, Cabourg - 02 31 29 64 68

« Une réponse à l’exploitation polluante des ressources et à la précarisation des acteurs »

L’écologie du livre va au-delà de la fabrication ou d’un transport plus vertueux. Comme le rappelle ici l’auteur et traducteur Marin Schaffner (1), cofondateur de l’Association pour l’écologie du livre, les piliers du social et de la bibliodiversité sont essentiels.

Quelles sont les dérives auxquelles l’écologie du livre doit répondre aujourd’hui ?

Depuis les années 1980, la filière du livre est devenue une véritable industrie. Partout dans notre société, la consommation s’est massifiée. Et seule la loi Lang a permis de défendre le livre de création et de préserver des librairies et des maisons d’édition indépendantes. L’arrivée du numérique a également bousculé le temps long de la lecture. Ces logiques destructrices multiples ont conduit à un envol de l’exploitation polluante des ressources et de la précarisation des acteurs et actrices.

Quelle vision de l’écologie du livre portez-vous ?

Au-delà de la fabrication et du transport du livre, nous l’envisageons comme une transformation plus profonde, pour penser le monde du livre et de la lecture comme un écosystème, et non une juxtaposition de secteurs. Une écologie du livre qui soit à la fois matérielle (écoresponsabilité), sociale (interprofession, coopération, répartition de la valeur) et symbolique, c’est-à-dire soucieuse de bibliodiversité, en protégeant la pluralité des manières de raconter des histoires partout sur la planète, dans toutes les langues.

À travers cette vision de l’écologie du livre, l’enjeu est d’enrayer la destruction du vivant tout en œuvrant à la plus grande diversité possible.

(1) Propos extraits de son intervention lors d’une journée sur l’écologie du livre organisée par Normandie Livre & Lecture en 2021.

>>> Retrouvez la version longue de l’intervention de Marin Schaffner

Libre cour(t) : Séraphine Menu

Une page blanche, une inspiration... Dans chaque numéro de Perluète, un auteur invité prolonge le thème du dossier du mois.

« J’aime les boulangeries pour leur odeur et les bonnes choses qu’elles proposent, tout comme j’aime le parfum des livres et la sensation qu’ils nourrissent mon imagination. J’ai conçu ce texte comme une rencontre entre eux, imaginant un monde où le livre serait créé, vendu et apprécié en circuit court. »

La petite librangerie

Aux premières lueurs du jour, Papa murmure un « bonjour » en forme de baiser au creux de ma joue, pour me réveiller. Sans retirer mon pyjama, il m’installe sur son vélo, juste derrière lui. Il sent bon la pâte à livre, qu’il a passé la nuit à pétrir. Ses yeux sont fatigués, cernés, mais pétillent comme un feu de cheminée. J’enroule mes bras autour de lui. C’est parti !

Nous passons devant la fabrique à papier, où les ouvriers boivent leur café, et près des récolteuses de pigments, accroupies dans les champs. Attablés devant leur petit déjeuner, les auteurs partagent avec nous leurs dernières idées. Mais il faut se dépêcher, les premiers lecteurs ne vont pas tarder ! Papa accélère à travers la forêt, où les bûcherons coupent leur sapin quotidien, qui servira à préparer les livres de demain.

En arrivant à la librangerie, maman est enrobée dans son tablier comme un cadeau dans un beau paquet. Elle passe une blouse par-dessus mon pyjama et, sous une pluie de bisous, m’entraîne derrière le comptoir. Tout est déjà prêt pour l’ouverture : les gros volumes à partager sur les hautes étagères, les petits romans croustillants juste devant la caisse, les recueils de nouvelles toutes fraîches dans la vitrine.

Au fond du magasin, Joy, l’illustratrice du jour, est en train de dessiner. Il y a aussi Hiro, courbé sur les tests d’impression, et Mathilde, qui imprime. Mais déjà, les premiers lecteurs se hâtent. C’est à moi de mettre la main à la pâte ! « Bonjour, qu’est-ce qui vous ferait envie aujourd’hui ? Fantasy, polar ou poésie ? Romance, aventure ou album pour les petits ? »

© Alban Van Wassenhov

Bio express

Née en Normandie, Séraphine Menu est éditrice jeunesse et auteure. Après ses études, elle se spécialise dans le domaine de la jeunesse et collabore à plusieurs projets littéraires et éditoriaux. Elle s’installe à Londres, puis voyage en Asie, au Canada. De nouveau installée en Normandie, elle a publié deux romans pour adolescents chez Thierry Magnier : Les Déclinaisons de la Marguerite et The Yellow Line ; des livres entre album et BD : Les Parpadouffes (La Pastèque) ; et un documentaire jeunesse : Biomimétisme, la nature comme modèle (La Pastèque). Dernier titre paru : La Boucle d’oreille rose (Møtus).

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