Archives des Contenu numérique uniquement - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/tag/contenu-numerique-uniquement/ La revue littéraire de Normandie livre & lecture Thu, 15 Jun 2023 09:34:32 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.4 https://perluete.fr/archives_00-14/wp-content/uploads/2020/08/cropped-200_2006-1-32x32.png Archives des Contenu numérique uniquement - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/tag/contenu-numerique-uniquement/ 32 32 153862814 [Questions à…] Marin Schaffner, co-fondateur de l’association pour l’écologie du livre https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-marin-schaffner-co-fondateur-de-lassociation-pour-lecologie-du-livre/ Sun, 04 Jun 2023 13:47:18 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5216 « L’écologie s’insère dans tous nos modes de vie pour nous poser des questions éthiques. Comment nous organiser pour ne pas détruire la planète ? Comment prendre soin de nos milieux de vie ? ou œuvrer pour une société plus juste ? 

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« Il faut appréhender l’ensemble de la chaîne comme un écosystème, pas une juxtaposition de secteurs »

L’auteur et traducteur Marin Schaffner, ethnologue de formation, est un des co-fondateurs de l’association pour l’écologie du livre. Il prône une transformation profonde qui permette de penser une autre organisation du monde du livre et de la lecture, autour de trois axes : une écologie matérielle, une écologie sociale et une écologie symbolique. Il est intervenu dans le cadre de la journée sur l'écologie du livre de Normandie Livre & Lecture le 20 mai 2021. Extraits.

« L’écologie s’insère dans tous nos modes de vie pour nous poser des questions éthiques. Comment nous organiser pour ne pas détruire la planète ? Comment prendre soin de nos milieux de vie ? ou œuvrer pour une société plus juste ? 

La question de l’écologie face à la chaîne du livre peut s’aborder selon trois thèmes : 

 

1. Les ressources

Depuis les années 50-60, la filière du livre est devenue une industrie culturelle. Ce qui a entraîné de nouvelles problématiques liées à la fabrication, au transport et au réemploi. Aujourd’hui, on en est à un point où un livre sur 4 ne sera jamais acheté et où le pilon détruit environ 20% de la production globale. En quelques décennies, la chaîne du livre s’est orientée massivement vers des logiques de profits sur les flux, ce qui pose des questions en termes de gaspillage.

 

2. Les territoires

Les modes de consommation ont évolué dans le même temps vers une massification, et une désertification des centres-villes, avec émergence de la grande distribution. La Chaîne du livre s’est donc trouvée de plus en plus alimentée par des livres destinés à être vendus, seule la loi Lang a permis de défendre le livre de création et de préserver des librairies et d’éditeurs indépendantes.

 

3. Les supports

L’arrivée des technologies numériques a fait évoluer le rôle des acteurs. Les GAFAM se sont appuyés sur cette révolution, numérique pour des logiques économiques de prédation : vouloir devenir le seul acteur de la production à la vente en passant par le désir du client. Les enjeux liés aux données, à la vitesse, aux écrans viennent bousculer le temps long de la lecture. 

Ces logiques amènent à de multiples formes de surconsommation et de surproduction destructrices, tant sur le plan écologique que social, avec une exploitation polluante des ressources et une précarisation des acteurs. 

Penser le développement durable de la fabrication du papier et du transport du livre est important, mais nous pensons qu’il faut une transformation écologique et sociale plus profonde pour penser le monde du livre et de la lecture comme un écosystème.

 

Qu’est-ce qu’une analyse écologique du livre et de la lecture ?

Nous pensons que l’enjeu est de penser les interdépendances dans le monde du livre et de la lecture. Il faut appréhender l’ensemble de la chaîne comme un écosystème, pas une juxtaposition de secteurs.

Nous avons imaginé des futurs alternatifs et désirables basés sur la coopération, penser de façon interprofessionnelle ce que pourrait être une autre organisation. 

Nous avons réfléchi à ce que pourraient être les livres de l’après pétrole, ce que sont les cœurs de métier des professionnels (médiation et création), le rôle de la lecture vecteur d’émancipation et d’imagination. De là, nous avons imaginé trois piliers pour l’écologie du livre : matérielle, sociale et symbolique.

L’écologie matérielle a trait à toutes les questions d’écoresponsabilité : fabrication, transport, réemploi…

L’écologie sociale a trait aux questions de coopération, d’interprofession (répartition de la valeur, le cœur de métier, etc.)

L’écologie symbolique s’appuie sur le concept de la bibliodiversité : œuvrer pour la diversité des manières de raconter des histoires partout sur la planète, dans toutes les langues.

Cette approche est pour nous un moyen d’adresser de nouvelles perspectives. Notre espoir, c’est d’initier de nouvelles façons de faire pour tenter d’enrayer la destruction du vivant tout en œuvrant à la plus grande diversité possible. Pour le dire autrement, essayer d’œuvrer ensemble à une plus grande biodiversité et une plus grande bibliodiversité. »

 

Propos extraits de son intervention lors d’une journée sur l’écologie du livre organisée par Normandie Livre & Lecture en 2021.

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[Questions à…] Francis-Luc Merelo de l’imprimerie IROPA https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-francis-luc-merelo-de-limprimerie-iropa/ Sun, 04 Jun 2023 13:41:10 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5210 « L’enjeu de l’écologie du livre, c’est aussi le maintien des savoir-faire sur nos territoires »

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« L’enjeu de l’écologie du livre, c’est aussi le maintien des savoir-faire sur nos territoires »

Francis-Luc Merelo, Cadre commercial à l’imprimerie IROPA (Saint-Étienne-du-Rouvray) et membre du groupe de travail de Normandie Livre & Lecture sur l’écologie du livre.

« J’ai la chance de travailler pour un imprimeur historiquement engagé sur la thématique du développement durable. Iropa a été parmi les premières imprimeries normandes labellisées « Imprim’Vert ». L’entreprise est dans une démarche RSE et occupe aujourd’hui des locaux construits en 2010 à haut niveau de performance environnementale.

Il nous semble naturel de nous impliquer dans l’écologie du livre. C’est notre devoir de nous questionner, comme toute entreprise, nous devons interroger notre responsabilité sociétale. 

 

« Faire poids pour que les pratiques évoluent »

L’enjeu de l’écologie du livre, pour moi c’est aussi, au-delà de l’environnement, la question du maintien des savoir-faire sur nos territoires. À force de délocaliser vers des unités de productions éloignées et, certes moins chères, mais sans doute moins scrupuleuses, nous risquons de voir disparaître des emplois et des méthodes de travail plus vertueuses.

Le groupe de travail créé par Normandie Livre & Lecture a le mérite de stimuler la réflexion, le tout sans pression, en total respect mutuel. L’idée est bien de poser des jalons pour progresser pas à pas. C’est aussi de faire poids, ensemble, pour que les pratiques de la filière peu à peu évoluent. Faire poids aussi auprès des collectivités locales et territoriales pour qu’elles aient elles aussi le réflexe local en matière d’édition et de fabrication de supports imprimés.

Le bilan de ces échanges est pour moi très encourageants. Il faudrait maintenant que d’autres imprimeurs nous rejoignent. Il reste du chemin à faire, mais nous sommes en mouvement. »

 

Propos recueillis par aprim

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[Questions à…] Julie Pommier : « Édifice repense son métier d’éditeur » https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-julie-pommier-edifice-repense-son-metier-dediteur/ Sun, 04 Jun 2023 13:39:39 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5206 Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

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TIRAGES, DROITS D’AUTEUR... Édifice repense son métier d'éditeur

Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

© S. Maurice / Aprim

Tirer au plus juste, limiter les invendus. Tous les éditeurs poursuivent cette chimère, mais les faits sont têtus. Plus de 20 % des livres imprimés sont encore pilonnés. En multipliant les stages pour son master Ingénierie éditoriale et communication, Julie Pommier a été témoin de cette pratique choquante. « Détruire des ouvrages coûte moins cher que de stocker ou donner. Je ne voulais pas créer ma maison d’édition sur cette absurdité. J’ai décidé de ne pas imprimer un livre de trop et le financement participatif s’est proposé comme LA solution. »

Les éditions Édifice, toute jeune maison havraise, publieront cette année quatre ouvrages de BD, puis six en 2024. Pour chaque campagne de financement, l’objectif est fixé à 250 précommandes pour les premiers titres (légèrement en dessous du seuil de rentabilité situé à 300 exemplaires). « Si nous atteignons le premier palier à 60 % de l’objectif, la BD sera imprimée mais il n’y aura pas de réimpression ni de vente en librairie. Entre 95 % et 99 % de l’objectif, nous prolongeons la campagne pour atteindre les 100 % et assurer une diffusion en librairie. » 

Pour Julie Pommier, maintenir ce lien avec les libraires locaux est primordial car ils sont les premiers conseils des lecteurs. Durant la campagne, ils peuvent d’ailleurs précommander grâce au pack Libraires qui leur réserve cinq ouvrages.

 

Des auteurs mieux rémunérés

Si un projet n’atteint pas les 60 % requis, l’auteur est libéré. Il conserve son à-valoir, la liste des contacts générés pendant la campagne de précommande, et bien sûr la faculté de proposer à un autre éditeur son projet déjà avancé. Il n’y a donc pas de perte sèche si l’aventure s’arrête. Mais avec ce mode de production, Julie Pommier s’attaque surtout au tabou des droits d’auteur. Le financement participatif permet de mieux redistribuer le prix du livre. « En percevant seulement de 3 % à 10 % de ventes, les auteurs sont les moins bien payés de la chaîne du livre. Pour une rémunération plus juste, Édifice propose 16 %, calculés sur les 250 précommandes. » 

 

Dénicher des talents

Seules les algues savent © Édifice

Fondées il y a moins d’un an, les éditions Édifice s’appuient sur un travail de prospection débuté en 2020. Pendant ses études, Julie Pommier a constitué une communauté sur les réseaux sociaux, fréquenté les salons et les librairies, et lancé un appel à projets qui a permis de sélectionner plusieurs auteurs sur une vingtaine de candidatures. Des auteurs qui portent leur premier projet, autoédités ou déjà publiés par de grandes maisons. De cette manière, Édifice contribue à découvrir de nouveaux créateurs, comme Marianne Le Berre et Léo Badiali, deux architectes multi-talents qui publient leur tout premier roman graphique, Seules les algues savent.

Le financement participatif inaugure une nouvelle relation avec les auteurs mais aussi avec les lecteurs. La maison leur appartient un peu puisqu’ils ont choisi le nom et le logo par un vote. Pendant les campagnes de financement, les contributeurs sont également sollicités pour décider d’un décor ou d’un projet de couverture. Le livre imprimé représente finalement le fruit d’un travail collectif.

www.edifice-editions.fr

 

Propos recueillis par aprim

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[Questions à…] Maryon Le Nagard, membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-maryon-le-nagard-membre-de-la-commission-bibliotheques-vertes-de-labf/ Sun, 04 Jun 2023 13:36:30 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5214 Référente Développement Durable pour le réseau des bibliothèques de Rouen (2020-2022) et pour la la médiathèque départementale de Seine Maritime (depuis 2022), membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF.

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« Une prise de conscience collective est enclenchée dans une partie du public »

Référente Développement Durable pour le réseau des bibliothèques de Rouen (2020-2022) et pour la la médiathèque départementale de Seine Maritime (depuis 2022), membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF.

Comment a démarré votre implication professionnelle pour l’écologie du livre ?

« De 2019 à 2023, j’ai été responsable de la bibliothèque des Capucins à Rouen et j’ai été la première référente développement durable, pour le réseau des sept bibliothèques de la Ville. À l’époque, cette fonction n’existait pas à Rouen. J’occupe aujourd’hui la même fonction pour la médiathèque de Seine-Maritime.

Il y avait à l’époque beaucoup à faire sur la mission. Au-delà de créer une grainothèque ou une bouturothèque, un groupe de travail a engagé une vraie réflexion sur ces questions au niveau du réseau. Pour garantir une pérennité à ce travail, des objectifs écoresponsables ont été intégrés à la fiche de poste. 

À l’époque, était-ce une démarche d’avant-garde ?

Le fait d’identifier un référent développement durable a été une première avancée et spécificité de la bibliothèque des Capucins. Encore peu d’établissements je crois l’ont fait. En revanche, les actions se développent de plus en plus et les initiatives affluent. Par exemple, la médiathèque Sequoïa de Maromme accueille une ruche, beaucoup font de la sensibilisation à la biodiversité… La nouveauté à Rouen a été de formaliser une démarche et d’informer les publics sur ce qui est fait. 

Du travail reste à faire, notamment pour faire prendre conscience aux professionnels dans les bibliothèques qu’ils font déjà du développement durable au quotidien, déjà dans la dimension sociale, qui est au cœur de nos missions. 

Que faites-vous concrètement aujourd’hui à la médiathèque départementale ?

Je vais former l’équipe de la médiathèque départementale au développement durable. L’idée est de pouvoir réfléchir ensemble aux actions à mettre en place et que ça ruisselle sur tout le réseau (environ 250 bibliothèques). 

Je vais aussi former les professionnels du réseau, en leur donnant des clés d’actions, car même avec peu de moyens on peut faire beaucoup. Comment sensibiliser le public ? Trouver des partenaires ? Est-ce que je couvre mes livres ? …

Le public est-il en attente ?

Oui, une prise de conscience collective est enclenchée dans une partie du public. Ensuite, plus on propose, plus le public suit, il y a un effet boule de neige. Quand on propose une grainothèque ou une bouturothèque en bibliothèque, on n’est pas forcément attendu sur ce terrain-là. Mais quand l’offre est là, ça marche. On le constate avec les animations, par exemple avec les ateliers « Do It Yourself ». Aujourd’hui, beaucoup d’établissements proposent des ateliers couture, cosmétique responsable, ou autres… À travers ce type d’activités, on éveille la sensibilité à d’autres pratiques, on valorise le fonds documentaire, on peut faire venir un intervenant… Ce genre d’animation permet d’activer plusieurs axes en même temps.

Le public n’est pas forcément demandeur à la base, mais souvent il adhère.

La bibliodiversité est aussi une mission forte des bibliothèques…

Oui, ça l’a toujours été. En bibliothèque, on réfléchit à sa politique d’achat. Mais aujourd’hui, on peut aller plus loin en identifiant les éditeurs engagés, en étant vigilant à la fabrication des ouvrages, au papier utilisé…  Les réflexes et la connaissance ne sont pas encore très répandus sur le sujet dans les bibliothèques. Ça fait partie des choses que je souhaite aborder dans mes interventions de formation. 

Ce qui est sûr c’est qu’on ne peut pas appliquer aveuglément des critères rédhibitoires. Par exemple, je connais des maisons d’édition d’une très grande exigence éditoriale, dont les contenus sont remarquables, et qui, tout en s’assurant du respect du droit et des conditions de travail, font imprimer à l’étranger, pour des raisons de coûts. On ne va pas les bannir. C’est grâce à ces bas coûts qu’elles peuvent proposer des contenus de qualité. Tout est question de dosage. »

 

Propos recueillis par aprim

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[Questions à…] Cécile Lavoisier-Mouillac et sa librairie itinérante https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-cecile-lavoisier-mouillac-et-sa-librairie-itinerante/ Sun, 04 Jun 2023 13:29:50 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5212 Cécile Lavoisier-Mouillac a créé une librairie itinérante après la crise Covid. Elle l’installe lors d’événements culturels ou dans des établissements scolaires et défend des choix éditoriaux assumés.

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« Je privilégie les petits éditeurs, engagés socialement, et qui accordent un soin à la fabrication des livres »

Cécile Lavoisier-Mouillac a créé une librairie itinérante après la crise Covid. Elle l’installe lors d’événements culturels ou dans des établissements scolaires et défend des choix éditoriaux assumés.

 

Comment vous est venue l’idée de ce projet de librairie itinérante ?

En février 2020, j’ai créé La Salicorne et le rhinocéros, une librairie-café à Huisne-sur-Mer, dans le sud-Manche, un mois avant le Covid. Bref, l’équilibre financier de mon projet a été rapidement mis à mal. Je participais déjà en tant que libraire à des événements culturels ou populaires, comme le festival des transitions « les Pluies de Juillet ». J’ai opté pour la formule itinérante un peu par la force des choses. Et je ne regrette pas. 

 

Vous considérez-vous comme une librairie militante ?

J’ai des convictions, sur des thématiques comme l’écologie, les féminismes, la nature… Je choisis tous mes livres, je ne fais pas d’office, je ne signe pas d’engagement avec les éditeurs, donc je suis totalement libre. Je privilégie les petites maisons, engagées socialement, écologiquement, qui accordent un soin à la fabrication des livres. J’aime la dimension artisanale du métier. Beaucoup de petits éditeurs sont admirables de passion, d’engagement, d’exigence. La qualité est souvent au rendez-vous. De la même manière qu’on aime connaître la provenance de ses légumes, je fais attention à l’origine des livres que je vends. Et à leur contenu

 

Comment s’effectuent vos choix éditoriaux ?

Ce que j’‘aime, c’est m’adapter à la thématique et au lieu où ma librairie se déplace. Chaque installation est un nouveau projet, je cherche en amont quels livres je vais proposer. Ce qui plaît au public, c’est la diversité de mon offre, qui permet d’assouvir une curiosité sur un sujet qui a été stimulée pendant l’événement. Je choisis souvent de multiplier les titres différents plutôt que d’avoir quelques titres à beaucoup d’exemplaires. J’aime proposer cette bibliodiversité, qui fait souvent dire à mes clients qu’ils trouvent des pépites, des auteurs ou des ouvrages peu connus, ou difficiles à trouver… Sur des événements comme « les Pluies de Juillet », le public est souvent engagé pour une cause ou une sensibilité, et recherche des ouvrages parfois pointus. 

 

Un an après, quel est le bilan ?

Je suis très sollicitée. C’est d’ailleurs assez difficile physiquement, car le métier exige beaucoup de manutention et sur certains événements j’emmène avec moi plusieurs milliers de livres. Je suis présente un jour par semaine dans un atelier partagé créé par une supérette bio. A partir du printemps, je cours les festivals et autres manifestations souvent engagées sur les transitions ou l’écologie, ce qui occupe beaucoup de mes week-ends. Je collabore aussi de plus en plus avec les collectivités, je me rends en milieu scolaire. Les petites médiathèques du sud-Manche comptent sur mois pour faire leur marché. Pour elles qui souvent ont très peu de contact avec les fournisseurs, je rétablis un lien. Rien que pour tous ces moments de proximité, mon bilan est positif. 

 

Propos recueillis par aprim

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[Questions à…] Marion Cazy, chargée de projets écologie du livre et événementiel à Normandie Livre & Lecture https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-marion-cazy-chargee-de-projets-ecologie-du-livre-et-evenementiel-a-normandie-livre-lecture/ Sun, 04 Jun 2023 09:17:09 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5219 « Une dynamique se met en place ». Marion Cazy, fait un premier bilan de la démarche autour de l'écologie du livre en Normandie.

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« Une dynamique se met en place »

Marion Cazy, chargée de projets écologie du livre et événementiel à Normandie Livre & Lecture, fait un premier bilan de la démarche en Normandie. Interview.

Comment définir l’écologie du livre ?

L’écologie du livre dépasse l’écoresponsabilité. Pour l’Association pour l’écologie du livre, la définition s’appuie sur trois notions : l’écologie matérielle (écoresponsabilité), sociale (coopération, rémunération, élargissement des publics) et la bibliodiversité (encourager la richesse et les voies différentes, face au mainstream).

Normandie Livre & Lecture s’est emparée de la question dès 2020. Après l’organisation d’une journée de travail en mai 2021, l’agence a créé la mission dédiée que j’occupe. 

La question intéresse-t-elle beaucoup dans la filière ?

Au départ, j’ai senti un intérêt assez marqué pour la dimension environnementale. Mais globalement la dynamique doit encore se confirmer, elle se met en place. Nous disposons d’un noyau dur, sur lequel on a pu s’appuyer pour construire la charte. Ces derniers temps, le frémissement se confirme, les bibliothèques notamment se manifestent. C’est plus compliqué dans certains métiers, comme les auteurs, du fait de leur précarité notamment. Les éditeurs aussi sont un peu en retrait, après la crise Covid, ils affrontent la crise du papier… Là encore, ils voient surtout la dimension environnementale de l’écologie du livre, moins d’autres aspects comme la bibliodiversité qu’ils défendent pourtant au quotidien.

Où en est la Normandie sur le sujet ?

Plutôt en avance. Nous avons été inspirés par le travail mené dans les Pays de la Loire. Nous nous sommes rapprochés. Nous cherchons à mutualiser avec d’autres structures régionales qui s’y mettent. Par exemple, nous avons organisé en mai un webinaire sur le pilon, avec des participants de toute la France. La mutualisation est une pratique essentielle quand on parle d’écologie du livre. 

Que peut-on faire, métier par métier ?

Côté éditeurs et imprimeurs, on peut choisir le bon tirage, éviter de pilonner, relocaliser l’impression pour redynamiser des emplois localement, veiller à la qualité du papier ou des encres. Mais ce n’est pas toujours simple. Par exemple, la filière imprimerie est très opaque. Il est difficile de connaître l’origine ou la valeur éthique du papier : le bois, la pâte à papier, les pigments pour les encres…

Les libraires peuvent développer la seconde main. Certains libraires collectent des tote-bags inutilisés auprès de leurs clients et les réutilisent en emballages. La grosse question pour eux c’est celle du transport et de la bibliodiversité, face à la sur-représentation des gros éditeurs. Difficile pour eux de bien connaître les petites maisons d’édition proches. Il faut les aider à mieux appréhender le paysage de l’édition locale ou régionale. 

Les bibliothèques s’emparent surtout de l’écologie matérielle. Elles sensibilisent au zéro déchet, proposent des grainothèques ou bouturothèques, elles font travailler les libraires du territoire, elles réfléchissent aux emballages. Elles peuvent aussi actionner le levier de la bibliodiversité avec des éditeurs indépendants. Cependant elles sont pour certaines contraintes par les règles de marchés publics, ce qui rend parfois impossible d’inclure des préférences territoriales.

Elles peuvent aussi se questionner sur leur bilan carbone, car comme pour une librairie, la venue des lecteurs a un impact en CO2. Donc plus on va à leur rencontre, plus on peut le réduire. Mais la Normandie propose déjà un réseau très dense de bibliothèques notamment en secteur rural.

Les auteurs ont potentiellement un des poids les plus forts. Si ensemble ils refusaient ne serait-ce que les conditions de rémunérations de l’économie du livre… Ensemble, ils peuvent bouleverser la chaîne. La charte des auteurs et illustrateurs jeunesse est un exemple parlant de représentation collective efficace. Elle a pu faire bouger les lignes sur la rémunération des auteurs intervenant en milieu scolaire ou sur des salons… C’est la preuve qu’en s’organisant, ils peuvent avoir un poids. Elle prépare un guide à destination des auteurs sur les questions d’écologie du livre.

Les auteurs peuvent aussi militer pour que leurs livres ne soient pas produits n’importe comment. Par exemple refuser un pelliculage sur la couverture, procédé écologiquement peu vertueux. 

Chez les organisateurs d’événements, beaucoup de choses peuvent être envisagées.

Logistique, réutilisation de matériel ou de stand, chauffage… L’écologie sociale, en travaillant avec des acteurs du territoire, ou la bibliodiversité. Ils peuvent chercher à mutualiser avec d’autres événements, mêler les temps événementiels avec des temps de création, proposer une résidence d’écriture aux invités et des temps de rencontre avec les scolaires, comme le Salon Epoque peut le faire. 

Où en est la charte pour l’écologie du livre en Normandie portée par Normandie Livre & Lecture ?

Aujourd’hui, 10 professionnels y adhérent. Des bibliothèques s’apprêtent à nous rejoindre. On n’a pas encore de manifestation littéraire adhérente, mais on en est qu’au début. Nous attirons aussi des profils atypiques, comme une autrice agricultrice originaire de la Manche qui s’auto-édite et vend ses livres sur les marchés avec ses fromages. C’est complètement dans le sujet de la relocalisation et de la proximité. La preuve que sur le sujet, tout peut s’imaginer, s’inventer. On a besoin de cette fraîcheur.

Comment fonctionne la boîte à outils que vous avez créée ?

Tout professionnel qui s’intéresse à la question accède à cette plateforme : une page web sur laquelle on accède à des documents ou ressources : chartes, guides, contacts… Les visites augmentent. Parmi les ressources très utiles, il faut citer aussi le blog de l’ABF, sur les bibliothèques vertes. 

Comment se situent les lecteurs sur le sujet ?

Normandie Livre & Lecture a conduit une enquête en 2021 auprès de 500 lecteurs, certes un public intéressé par la question, mais qui nous livre des enseignements précieux. Ils veulent plus d’information sur la fabrication, sur la rémunération des auteurs, les lieux d’impression, l’indépendance des éditeurs… À 89%, ils étaient favorables à un label qui valorise les professionnels engagés dans un écosystème plus durable, social et solidaire. C’est ce qui a motivé notre souhait de mettre en place notre charte.

 

Propos recueillis par aprim

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[Coup de cœur de libraire] Une vie comme les autres de Hanya Yanagihara https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-une-vie-comme-les-autres-de-hanya-yanagihara/ Thu, 23 Mar 2023 14:21:31 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=4940 Dans un livre poignant en six parties, Hanya Yanagihara nous fait découvrir au fil des décennies le parcours de quatre amis : Willem, JB, Malcolm et l’énigmatique Jude.

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© L'oiseau Lire

Dans un livre poignant en six parties, Hanya Yanagihara nous fait découvrir au fil des décennies le parcours de quatre amis : Willem, JB, Malcolm et l’énigmatique Jude. Pendant plus de trente ans, nous allons suivre ces personnages et évoluer avec eux.

Traitant tout particulièrement de l’amitié, de l’amour mais également du rapport au corps, au handicap et aussi de sujets plus lourds comme le suicide et l’automutilation, ce roman impossible à lâcher nous bouleverse en explorant la souffrance physique et mentale à travers les années.

Malgré la longueur du livre qui pourrait être réduite car le dénouement de l’intrigue ne commence qu’en milieu de lecture, j’ai été particulièrement bouleversée par l’intensité des événements des plus dramatiques ; qu’ils soient passés ou présents.

Les près de 1100 pages, qui peuvent effrayer de premier abord, sont balayées par le frappant dénouement de l’histoire.

Trigger warnings : abus de drogues, suicide, viol, pédophilie, prostitution, mutilation, troubles alimentaires, violence domestique verbale et physique, enlèvement.

J’ai aimé aussi…

  • Dans un rayon de soleil de Tillie Walden - Éditions Gallimard BD. Roman graphique à l’univers fantastique. Le lecteur est transporté dans une odyssée amoureuse des plus percutantes.
  • La femme révélée de Gaëlle Nohant - Éditions Grasset. Roman sur la problématique de l’exil. Indépendance et liberté sont capturés à travers l'œil de photographe de l’attachante protagoniste.

Jeanne Desplan

L’Oiseau lire

24, rue du Docteur Oursel

27000 Évreux

 

Une vie comme les autres de Hanya Yanagihara - Buchet-Chastel

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[Coup de cœur de libraire] Gideon la Neuvième de Tamsyn Muir https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-gideon-la-neuvieme-de-tamsyn-muir/ Thu, 23 Mar 2023 13:15:35 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=4938 L’autrice Tamsyn Muir ne prend pas son lecteur par la main pour l’entraîner dans l’univers morbide et sombre de Gidéon la Neuvième. Entre fantasy, science-fiction et horreur, elle nous livre un univers gothique à l’humour glaçant qui se dévore !

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© L'oiseau Lire

Neuf maisons servent l’Empereur-dieu, dans lesquelles chaque aspect de la nécromancie trouve sa représentation. Gideon n’a qu’un but, emporter son épée et ses lunettes de soleil le plus loin possible de la sordide Neuvième Maison. Sa rivale de toujours, la Respectable Fille Harrowhark Nonagesimus, nécromancienne surdouée, se met toujours sur son chemin. Le jour où l’appel de l’Empereur se fait entendre, toutes deux n’ont plus le choix.

Héritiers et héritières de loyales Maisons sont invités à participer à un concours impitoyable afin de devenir Lycteur et servir l’Empereur dans l’immortalité. Harrow a besoin de Gideon. Elle sera sa cavalière qu’elle le veuille ou non. Sous la contrainte, elles partent explorer un palais en décrépitude où les épreuves sont impitoyables et où la mort elle-même rôde.

L’autrice Tamsyn Muir ne prend pas son lecteur par la main pour l’entraîner dans l’univers morbide et sombre de Gidéon la Neuvième. Entre fantasy, science-fiction et horreur, elle nous livre un univers gothique à l’humour glaçant qui se dévore !

 

Gideon la Neuvième  de Tamsyn Muir - Éditions Actes Sud

J’ai aimé aussi…

  • Matrix de Lauren Groff - Éditions de l’Olivier. Marie de France resplendit dans cette épopée sororale auprès des femmes brimées que nul n’arrête !
  • Mungo de Douglas Stuart - Éditions Globe. D'une humanité déconcertante au cœur de l’intolérance du quotidien du Glasgow des années 90.
  • Mille ans pour aimer d’Inaba Mayumi - Éditions Philippe Picquier. L’autrice de La Péninsule aux 24 saisons nous livre une ode à la nature et à l’artisanat japonais.

Laura Loche

L’Oiseau lire

24, rue du Docteur Oursel

27000 Évreux

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[Questions à…] Christophe Manon en résidence à l’IMEC https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-christophe-manon-en-residence-a-limec/ Thu, 16 Mar 2023 11:12:10 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5176 "Il est bon par ailleurs, du moins pour ce qui me concerne, de changer de cadre de vie. L’écriture s’en trouve elle aussi déplacée, d’une façon ou d’une autre, j’en suis convaincu."

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Pour la seconde année consécutive, Normandie Livre & Lecture, co-organise, avec l’Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine (IMEC) une résidence de création et offre ainsi à un auteur, les conditions humaines, logistiques et financières pour mener à bien son projet littéraire.

Cette année, cette résidence d’écriture de deux mois bénéficie à l’auteur Christophe Manon. Il est accueilli à l’Abbaye d’Ardenne (14) du 16 décembre 2022 au 5 juin 2023.

© F.D Oberland

En préambule, pourriez-vous rappeler, en quelques lignes, le sujet du projet d’écriture que vous avez commencé ou poursuivi en résidence ?

Il s’agit d’un livre de poésie, intitulé Élégies mineures, que je conçois comme une « autobiographie commune » dans laquelle la plupart des éléments convoqués sont susceptibles d’appartenir à chacun d’entre nous. Car la mémoire me paraît en effet traversée par des tourbillons d’images, des bribes de phrases, des fragments de rengaines, des lambeaux de souvenirs qui parfois ne sont peut-être pas tout à fait les nôtres, et qui s’inscrivent toutefois dans notre histoire personnelle. Tenter en somme d’écrire une mémoire à la fois singulière et collective, dans « un mouvement qui, selon Georges Perec, partant de soi, va vers les autres », et inversement.

 

Vous avez déjà été accueilli plusieurs fois en résidence en France, qu’est-ce que vous appréciez le plus dans le fait d’être en résidence ?

Pour écrire, un auteur a besoin de silence, d’isolement, de tranquillité d’esprit et de temps. Ce qui est rare dans la vie quotidienne et donc très précieux, et que l’on est susceptible de trouver dans le cadre d’une résidence. Cela permet une véritable immersion dans l’écriture pendant une durée relativement longue. Si l’on ajoute que les lieux de résidence sont très souvent situés dans des endroits somptueux, comme ici, à l’abbaye d’Ardenne, à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, non loin de Caen, c’est une raison supplémentaire d’apprécier ces moments. Il est bon par ailleurs, du moins pour ce qui me concerne, de changer de cadre de vie. L’écriture s’en trouve elle aussi déplacée, d’une façon ou d’une autre, j’en suis convaincu. Dans mes livres par exemple, je crois qu’un lecteur attentif pourrait distinguer des indices climatiques ou des fragments de paysages en rapport avec les espaces où ils ont été écrits.

© Yann Dissez

Aviez-vous des appréhensions/ des doutes sur votre projet qui ont pu être résolus pendant cette période ?

Je suis particulièrement sujet au doute et à l’appréhension. Seul le travail permet de les lever, du moins partiellement, mais il en engendre nécessairement d’autres. Mais, au fond, cela me paraît tout à fait sain. Je considère que cela fait pleinement partie du processus d’écriture.

 

Dans le cadre de votre résidence, quelles sont les rencontres qui vous ont marquées ? Pourriez-vous décrire un moment fort de votre résidence ?

Lorsqu’on est en résidence à l’Imec (Institut mémoires de l’édition contemporaine), la plupart des repas sont pris dans une salle commune. Ce sont des moments privilégiés et particulièrement enrichissants qui permettent de faire mieux connaissance avec l’équipe, toujours très chaleureuse et enthousiaste, mais également avec les autres résidentes et résidents. J’ai notamment retrouvé ou rencontré pour la première fois, je tiens à les nommer car leur compagnie a beaucoup compté, par ordre d’apparition comme au cinéma, Charles Robinson, Anouk Lejczyk, Abigail Assor, Omar Youssef Souleimane et Catherine Weinzaepflen. Mais c’est aussi l’occasion de lier connaissance avec des chercheuses et des chercheurs venus du monde entier consulter des archives conservées sur place. Cela donne lieu à des échanges tout à fait passionnants sur des sujets aussi divers par exemple que les écrits de Jean Paulhan, Georges Simenon et le roman noir, la correspondance de James George Frazer, le cinéma d’Alain Resnais ou encore la réception en France de l’œuvre de Varlam Chalamov.

© Dominique Panchèvre

Pour ce qui concerne un moment fort de la résidence, je parlerai brièvement de « Regards croisés », un événement à l’occasion duquel j’ai été invité par le musée des Beaux-Arts de Caen à sélectionner une dizaine d’œuvres dans ses collections afin de concevoir une déambulation en compagnie du public en évoquant certains de mes livres, d’éventuels souvenirs, etc. Je me suis beaucoup investi dans la préparation de cette intervention et j’y ai pris énormément de plaisir.

 

Porte du Soleil vient de paraître aux Éditions Verdier (février 2023), pouvez-vous nous parler de cette actualité ?

Porte du Soleil est paru en effet en février aux éditions Verdier. Il s’agit en quelque sorte de la légende dorée d’une banale famille de ritals. Parti à Pérouse, Ombrie, Italie, sur les traces de ses ancêtres, le narrateur s’égare, circule en titubant parmi les œuvres de Giotto, Raphaël, le Pérugin, Pietro Lorenzetti et quelques autres, croisant au passage saints, papes, griffons, anges et martyrs. Ce roman en vers est la chronique d’un séjour au pays des morts, sur les modèles de Virgile et de Dante, un voyage intime et sensible à travers un tissu d’œuvres picturales et littéraires. Au terme de ses pérégrinations, le narrateur conclu que toute quête des origines n’est que vanité destinée à la satisfaction des vivants et qu’il est donc souhaitable de laisser les morts reposer en paix.

Ce livre est le troisième volet d’une trilogie dont les deux premiers, Extrêmes et lumineux (2015) et Pâture de vent (2019), sont également parus aux éditions Verdier. Mais je précise que chacun des volumes est indépendant et peut être lu séparément, c’est important.

 

Quelle suite pour votre projet d’écriture en cours ?

Le livre est pour ainsi dire achevé. Je vais donc le laisser reposer un peu avant de le relire attentivement puis, si cette étape ne soulève pas de problème particulier, l’adresser à l’éditeur auquel je le destine.

 

Propos recueillis par Cindy Mahout

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[Lieux] La médiathèque d’Alençon invente de nouvelles relations avec son public https://perluete.normandielivre.fr/lieux-la-mediatheque-dalencon-invente-de-nouvelles-relations-avec-son-public/ Fri, 03 Mar 2023 09:12:06 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=4928 En proposant des activités hors les murs ou en invitant les lecteurs à des projets de co-construction, la bibliothèque Aveline d’Alençon se rapproche de ses usagers.

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En proposant des activités hors les murs ou en invitant les lecteurs à des projets de co-construction, la bibliothèque Aveline d’Alençon se rapproche de ses usagers.

© Communauté urbaine d'Alençon

Explorer les fonds marins, découvrir les paysages de savane… Tout est possible avec la réalité virtuelle, même depuis sa maison de retraite. « Ce qui nous intéresse, expose Emmanuelle Bitaux, directrice des médiathèques d’Alençon, c’est de proposer une technologie que les personnes âgées n’ont jamais testée. Nous allons vers les résidents de l’EHPAD avec un casque de réalité virtuelle pour leur offrir cette expérience. C’est une occasion de discuter, de s’émerveiller de ce qu’on ne connaît pas. » 

 

Un métier en mouvement

Emmanuelle Bitaux souhaiterait multiplier ces expériences hors les murs. Mais à moyens constants, il est difficile de proposer toujours plus d’activités. Pour diversifier les propositions, il faut de l’imagination mais aussi intégrer de nouvelles compétences. « Le profil du bibliothécaire se transforme pour suivre les évolutions sociétales, mais il en a toujours été ainsi. C’est vrai pour la pratique des loisirs créatifs mais aussi pour le numérique. Tous les bibliothécaires n’ont pas l’appétence pour les nouvelles technologies, mais nous disposons du soutien de bénévoles capables d’animer des ateliers tablettes et lecture augmentée. »

Ainsi, les activités de la médiathèque se situent parfois à la croisée de la culture et de l’animation. « La question, c’est de savoir jusqu’où se prolonge notre rôle de bibliothécaire, reconnaît Emmanuelle Bitaux. Pour ne pas empiéter sur l’activité d’un centre social, nous pensons toutes nos animations en résonance avec nos collections. »

 

Les usagers au cœur du projet

En prélude de son réaménagement, la bibliothèque Aveline a mené une enquête en 2021 auprès des usagers, mais aussi sur les marchés de la ville pour cerner les attentes du public qui ne fréquente pas l’établissement. « Impliquer les usagers dans le projet, les rendre acteurs du lieu, c’est une façon d’attirer un nouveau public vers la médiathèque », justifie Emmanuelle Bitaux. Ce principe a été mis en œuvre pour créer le nouveau mobilier de présentation dans le hall d’entrée. « Un cabinet de design a conçu les plans, la découpe du bois a été assurée par les menuisiers de la collectivité, et nous avons organisé des ateliers à la médiathèque pour le montage avec le public, majoritairement des groupes accompagnés par des structures d’insertion, de lutte contre l’illettrisme et le décrochage scolaire (1),. » De cette façon, une table de présentation, une cabane servant de scène pour les conteurs, et une desserte mobile ont été réalisées avec le public.

(1) La boîte aux Lettres et l’EPIDE.

 

Propos recueillis par aprim

 

En savoir plus sur la mise en place de cette action sur le site Initiatives dans les bibliothèques de Normandie

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