Archives des Perluète #13 - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/category/perluete-13/ La revue littéraire de Normandie livre & lecture Fri, 13 Oct 2023 09:36:09 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.4 https://perluete.fr/archives_00-14/wp-content/uploads/2020/08/cropped-200_2006-1-32x32.png Archives des Perluète #13 - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/category/perluete-13/ 32 32 153862814 [Lieux] Politique documentaire en bibliothèque https://perluete.normandielivre.fr/lieux-politique-documentaire-en-bibliotheque/ Mon, 05 Jun 2023 07:55:11 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5233 Qu’est-ce que j’achète ? Qu’est-ce que je conserve ? Qu’est-ce que je désherbe ? De la sélection à la mise à disposition du public, rappel sur la façon  dont s’organise la politique documentaire en bibliothèque.

L’article [Lieux] Politique documentaire en bibliothèque est apparu en premier sur Perluète.

]]>

Qu’est-ce que j’achète ? Qu’est-ce que je conserve ? Qu’est-ce que je désherbe ?

De la sélection à la mise à disposition du public, rappel sur la façon dont s’organise la politique documentaire en bibliothèque.

© Agnès Babois

La définition acceptée de tous selon laquelle une bibliothèque est « une collection organisée de documents » implique pour chaque bibliothèque de définir sa politique documentaire, dont l’objectif est la mise à disposition de l’information et de la connaissance pour le public. Elle recouvre la politique d’acquisition, la politique de conservation et la politique d’accès.

Les achats effectués par les bibliothécaires font l’objet d’une réflexion collective et résultent d’un choix de documents conciliant qualité, diversité, adéquation aux besoins des publics. Ils sont étroitement liés aux priorités de la collectivité d’exercice de la bibliothèque et sont appelés à être validés par les tutelles. La toute récente loi « relative aux bibliothèques et au développement de la lecture publique », adoptée le 21 décembre 2021, réaffirme ces principes de pluralité de l’information et de choix des acquisitions.

La conservation et le désherbage sont intégrés à la politique documentaire. La conservation se pense sur le long terme et, loin de se limiter aux fonds « anciens, rares et précieux », elle contribue à constituer le patrimoine de demain. Certains documents sont dès leur acquisition considérés comme patrimoniaux. Dans ce cadre précis, le désherbage sert principalement à élaguer la collection de documents qui n’y ont plus leur place, à aérer les rayonnages en facilitant l’accès aux documents, à actualiser les collections, à évaluer la cohérence d’un fonds et sa pérennité. Il permet aux bibliothécaires de veiller à la qualité de ce qui est offert, plutôt qu’à la quantité.

Cette sélection de contenus est nécessairement liée à l’activité de médiation. Le travail de sélection n’a en effet de sens et d’efficacité que s’il vient non seulement compléter intelligemment les ressources existantes mais aussi s’inscrire dans un processus dynamique d’actions médiatrices.

 

Agnès Babois

DÉFINITIONS

Politique documentaire : recouvre, au sein d’une bibliothèque, l’ensemble des processus visant à contrôler le développement des collections.

Charte des collections : document public validé par la tutelle, elle définit les grandes orientations des collections d’un établissement.

Conservation : activité par laquelle le responsable d’un document, d’un objet ou d’un fonds s’assure qu’il le met à la disposition du public présent et à venir dans le meilleur état possible d’intégrité.

Patrimoine : est dit patrimonial un document, un objet ou un fonds auquel est attachée une décision de conservation sans limitation de durée.

Désherbage : il consiste à retirer des rayonnages les documents qui ne peuvent plus être proposés au public. Les documents éliminés peuvent alors être mis au pilon ou vendus, donnés, échangés, dans le respect de la législation.

Médiation : considérée comme une mission de la bibliothèque, c’est une démarche professionnelle consistant à organiser des rencontres autour des écrits en sollicitant la participation active du public.

Sources

Définition d’une bibliothèque : uis.unesco.org/fr/glossary-term/bibliotheque

abf.asso.fr

Loi « relative aux bibliothèques et au développement de la lecture publique » : senat.fr/leg/tas21-058.html

L’article [Lieux] Politique documentaire en bibliothèque est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5233
[Portrait] Martine Camillieri  - Artiste par repentir https://perluete.normandielivre.fr/portrait-martine-camillieri-artiste-par-repentir/ Mon, 05 Jun 2023 03:37:09 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5225 Depuis son atelier percheron, Martine Camillieri pose un regard ironique sur les effets pernicieux de la surconsommation. Alternant les livres et les expositions, la plasticienne nous invite à faire notre examen de conscience.

L’article [Portrait] Martine Camillieri  - Artiste par repentir est apparu en premier sur Perluète.

]]>
Martine Camillieri
© S. Maurice / aprim

Depuis son atelier percheron, Martine Camillieri pose un regard ironique sur les effets pernicieux de la surconsommation.

Alternant les livres et les expositions, la plasticienne nous invite à faire notre examen de conscience.

Et, pourquoi pas, notre petite révolution écologique pour sauver la planète !

Martine Camillieri a déjà vécu deux vies. Une première jusqu’en 2000 comme directrice artistique dans une agence de publicité. Puis une seconde, comme auteure, plasticienne et scénographe. Le point de rupture ? Une campagne à orchestrer pour Monsanto, multinationale convaincue d’écocide. Martine Camillieri refuse de s’impliquer dans cette commande et quitte le milieu. Elle démarre alors une carrière d’artiste pour prendre la parole et se fixe deux missions : limiter la prolifération des objets sur le globe, et militer pour que le comestible reste comestible. « Je mène un combat à ma hauteur. Je veux montrer qu’on peut vivre heureux avec moins. »

Martine Camillieri dénonce le consumérisme effréné tout au long d’une vingtaine d’ouvrages (1) où les objets sont habilement détournés pour vivre une seconde fois. « Ce ne sont pas des livres de loisirs créatifs, prévient l’auteure, mais des livres de vie. »

 

Écologie ludique

À partir de 2004, Martine Camillieri construit ses premiers autels « ironiques et oniriques » en accumulant les objets glanés dans les foires aux greniers et sur les déballages Tout à 1 €. Des moules à gâteaux, des ustensiles de cuisine en plastique de peu de valeur mais produits à des millions d’unités. Ses installations, proches de l’Arte povera, transforment la banalité en poésie subversive, notamment quand elles investissent la Design Week de Milan ou la coupole du Bon Marché à Paris, assorties de questions impertinentes. Un succès ambigu… « Je voulais monter des temples jusqu’à l’écœurement, mais les gens ont trouvé ça beau. Pour ne pas glorifier les objets, après avoir travaillé sur le trop, j’ai choisi de travailler sur le moins. »

Dans Jamais sans mon Kmion, Martine Camillieri invente la « cuisine de peu ». Puis elle conçoit des prototypes de vaisselle biodégradable (Les Petits Riens du tout) exposés à l’espace design du Centre Pompidou.

Et avec les nourritures fossiles du Festin retrouvé, installation paléofuturiste présentée au domaine de Chamarande (91), Martine Camillieri laisse pour les sociétés futures un témoignage archéologique de notre civilisation bientôt disparue.

Jusqu’au 15 septembre, Martine Camillieri exposera Safarikid au Moulin Blanchard, à Nocé (61), entre installation plasticienne et adaptation de la chasse au trésor.

 

Stéphane Maurice / aprim

(1) Tana éditions, Seuil Jeunesse, Éditions de l’Épure.

Bio express

Enfance en Asie, étude à l’ENSAD de Nice.

2000 : Création avec Bernd Richter de La Périphérie, lieu d’exposition à Malakoff pour jeunes artistes.

2004 : Premiers manuels d’écologie ludique, premières expositions à Tokyo et au Lieu unique à Nantes.

2005 : Premières installations des Temples et Autels.

2012 : Parution de Wild Food, Éditions de l’Épure, grand prix Sustainable Food, Gourmand Awards 2012.

2014 : Jamais sans mon Kmion : slow travel et cuisine de peu.

2022 : Le Festin retrouvé, buffet paléofuturiste, Évreux.

À propos de la ˝couv˝ de Perluète #13…

Pour ce monde miniature, j’ai imaginé le jardin d’un conte. Les mots, comme des parfums de fleurs, nous saisissent et racontent une histoire.

Ce jardin de mousses prélevées en forêt restera vert plusieurs mois si on le vaporise régulièrement.˝

Martine Camillieri

L’article [Portrait] Martine Camillieri  - Artiste par repentir est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5225
[Coup de cœur de libraire] Matria de Juliette Garrigue https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-matria-de-juliette-garrigue/ Sun, 04 Jun 2023 14:35:56 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5250 Une lecture poétique, riche et intrigante, qui invite au débat et qui laisse parler « les indésirables, les mauvaises, les perturbatrices d’une histoire écrite à l’encre masculine ».

L’article [Coup de cœur de libraire] Matria de Juliette Garrigue est apparu en premier sur Perluète.

]]>

Matria a tout de la terre rêvée. Les femmes ont préservé cette île de la folie des hommes depuis des générations. Elles vivent en autarcie loin du continent. À la tête de cette communauté, Marianne, la femme chamane, accueille Charlotte, une ingénieure venue faire des réparations sur l’île pour plusieurs semaines. Charlotte se laisse envoûter par Matria et ses femmes météorites, par la vie au milieu de ses adelphes et des enfants élevés en dehors des normes de genre. L’idylle est parfaite jusqu’à l’arrivée de Fabrizio, né à Matria, à qui la communauté refuse de pardonner une erreur commise lorsqu’il était enfant.

Entre la tragédie grecque et la fable écoféministe, le premier roman de Juliette Garrigue présente une société matriarcale, bâtie de barricade, de feu, de résistance et d’amour. Entre utopie et dystopie, le roman pousse à s’interroger sur la réconciliation, l’impact de chacun·e sur notre environnement et le pouvoir de faire communauté.

Une lecture poétique, riche et intrigante, qui invite au débat et qui laisse parler « les indésirables, les mauvaises, les perturbatrices d’une histoire écrite à l’encre masculine ».

© L’Oiseau lire

J’ai aimé aussi…

Laura Loche

Librairie L’Oiseau lire

24, rue du Docteur-Oursel

27000 Évreux

 

Matria de Juliette Garrigue – Livres agités

L’article [Coup de cœur de libraire] Matria de Juliette Garrigue est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5250
[Coup de cœur de libraire] Mon corps de ferme d’Aurélie Olivier https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-mon-corps-de-ferme-daurelie-olivier/ Sun, 04 Jun 2023 14:24:08 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5255 Parlant d’un « texte terroir tout terrain », Aurélie Olivier, autrice du magnifique recueil Mon corps de ferme renverse le stigmate et donne voix et corps à un monde silencié, acteur et première victime des bouleversements écologiques.

L’article [Coup de cœur de libraire] Mon corps de ferme d’Aurélie Olivier est apparu en premier sur Perluète.

]]>

Littérature de terroir, littérature régionale... Longtemps la littérature qui parlait du monde paysan et depuis ce monde a souffert d’une forme de mépris.

Parlant d’un « texte terroir tout terrain », Aurélie Olivier, autrice du magnifique recueil Mon corps de ferme renverse le stigmate et donne voix et corps à un monde silencié, acteur et première victime des bouleversements écologiques.

Uppercut poétique publié chez les formidables Éditions du commun, Mon corps de ferme dit ce que fut une enfance rurale à l’ère de l’agroalimentaire : la mise au pas des corps et des paysages, l’injonction à produire et l’accusation de détruire.

L’autrice dit aussi l’attachement à cette vie, l’impossibilité d’y échapper totalement et invente une langue pour dire un monde où humains et animaux doivent se plier au rythme si particulier de la ferme où la mécanique et les pesticides mettent au pas les vivants :

« Entre-temps, tâches assignées, journées remplies

Comme on fait leurs lits, les vaches se couchent

Les nuits indistinctes sont pour les rêves épuisés

Tant et si bien qu’on dirait de près

Que les exploitants sont les exploités

Que les exploités sont les exploitants

Que les bêtes de somme mènent le troupeau »

© Un autre pays

J’ai aimé aussi…

Marie Lorin

Librairie Un autre pays

8, place du Général-de-Gaulle

61110 Rémalard-en-Perche

 

Mon corps de ferme d’Aurélie Olivier – Éditions du commun

L’article [Coup de cœur de libraire] Mon corps de ferme d’Aurélie Olivier est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5255
[Chronique] À la recherche de Constantia de Marin Schaffner et GANG https://perluete.normandielivre.fr/chronique-a-la-recherche-de-constantia-de-marin-schaffner-et-gang/ Sun, 04 Jun 2023 14:01:45 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5241 Constantia, le nom que portait la majeure partie du bassin-versant de la Sienne il y a un peu moins de 1 800 ans en hommage à l’empereur Constance Chlore, résonne aujourd’hui comme le signe d’un système inébranlable qui est, par son échelle, un bassin de vie privilégié.

L’article [Chronique] À la recherche de Constantia de Marin Schaffner et GANG est apparu en premier sur Perluète.

]]>

Découverte d’un bassin-versant

Comment l’organisation naturelle des bassins-versants peut-elle nous apprendre à vivre avec le territoire ? Quel regard portons-nous sur ce qui nous entoure ? Comment percevons-nous les liens entre le bocage, les forêts, les sources, les affluents, les rivières, les fleuves et l’endroit où ils rejoignent la mer ? Comment s’imbriquent l’ensemble des éléments pour former un tout cohérent et autonome dont nous faisons partie ?

C’est ce que questionne l’ouvrage réalisé par Marin Schaffner et le collectif GANG (Jérémie Dru et Antoine Séguin) à la suite d’une résidence artistique itinérante portée par Territoires pionniers / Maison de l’architecture – Normandie et soutenue par le FADEL. En kayak et à vélo au fil de la Sienne, ils ont parcouru le paysage et rencontré les habitants pour en tirer une série de clichés témoins de la vie de ce bassin-versant, ainsi qu’une dizaine de textes, parfois techniques, mais surtout poétiques pour se plonger dans le passé, le présent et imaginer les futurs de ce tout vivant et naturellement autonome.

Constantia, le nom que portait la majeure partie du bassin-versant de la Sienne il y a un peu moins de 1 800 ans en hommage à l’empereur Constance Chlore, résonne aujourd’hui comme le signe d’un système inébranlable qui est, par son échelle, un bassin de vie privilégié.

 

Marion Cazy

Mots choisis

« J’ai compris, sur le tard, que cet estuaire où j’ai grandi ne serait pas comme il est sans toutes ces rivières. Qu’il y a un bout bien précis de Cotentin – 794 kilomètres carrés – où chacune des gouttes d’eau qui tombe finit dans cet estuaire près duquel j’ai grandi. J’ai pris la mesure, comme par décantation, que je suis moi-même en grande partie le produit du mélange de la mer à la terre. »

© Éditions Territoires pionniers | Maison de l’architecture

L’article [Chronique] À la recherche de Constantia de Marin Schaffner et GANG est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5241
[Lieux] Librairies – Développer un rayon de livres d’occasion https://perluete.normandielivre.fr/lieux-librairies-developper-un-rayon-de-livres-doccasion/ Sun, 04 Jun 2023 13:48:41 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5231 Développer un rayon de livres d’occasion, est-ce une bonne idée ? Comment faire ? De nombreux libraires se sont déjà lancés, devançant les résultats du baromètre Ipsos/CNL publié le 12 avril, indiquant que 40 % des Français ont acheté un livre d’occasion dans les douze derniers mois.

L’article [Lieux] Librairies – Développer un rayon de livres d’occasion est apparu en premier sur Perluète.

]]>
Est-ce une bonne idée ? Comment faire ?

De nombreux libraires se sont déjà lancés, devançant les résultats du baromètre Ipsos/CNL publié le 12 avril, indiquant que 40 % des Français ont acheté un livre d’occasion dans les douze derniers mois.

Les ventes de livres d’occasion en France ont progressé de 6 % en 2022. © Adobe Stock – Drobot Dean

Liée à la fermeture des librairies pendant le Covid, à l’inflation et à des pratiques écoresponsables, la hausse des ventes de livres d’occasion se ressent dans les habitudes des Français, avec une croissance de 6 % par rapport à 2021 et de 14 % par rapport à 2015.

La Grande Ourse, par exemple, librairie généraliste à Dieppe, a ouvert en mai 2016 avec un rayon occasion à l’étage, à côté de l’espace café. Faute de place, le rayon a été abandonné peu à peu.

Les Rencontres nationales du livre, organisées par le Syndicat de la librairie française (SLF) en juillet 2022, ont remis cette idée au goût du jour. Motivée par l’envie de rendre le livre accessible pour tous et dans un souci écologique, la librairie a été réaménagée et des étagères ont été construites. Mais ici, pas d’achat de livres qui entraînerait trop de manutention. La librairie a bénéficié de dons de ses coopérateurs, les 20 plus « gros » lecteurs.

« Une vraie demande »

La librairie a communiqué en mai sur cette nouvelle offre et proposera 500 références à l’été. « Il y a une vraie demande, déclare Vanessa Audéon, notamment de gens qui n’auraient pas acheté de neuf ou qui achètent des deux ». À la librairie Place 26 à Douvres-la-Délivrande, l’idée est née il y a un an et se concrétise depuis six mois, « pour favoriser le circuit court et le développement durable », expliquent Véronique et Christophe. Ils proposent, au fond du magasin, une bibliothèque de livres leur appartenant ou donnés par les membres de leur club de lecture. On y trouve de la littérature adulte, de la BD enfants, quelques beaux livres, environ 70 références en un seul exemplaire. Il s’agit d’une phase test mais depuis la publication d’une story montrant ce rayon, il tourne et des aménagements sont prévus pour le développer.

L’Armitière et Colbert sont des habituées de l’occasion, le proposant depuis longtemps pour le livre scolaire. La librairie de Mont-Saint-Aignan a développé un outil permettant d’étendre cette offre aux livres universitaires, de poche, jeunesse et à la BD. Les clients déposent les livres qui sont étiquetés et interclassés avec les neufs. Une fois le livre vendu, le client est remboursé. Pour Cédric Thirel, directeur de la librairie Colbert, il s’agit « de fidéliser des clients, de proposer une offre moins chère et de contrer Amazon, qui vend de l’occasion ». Mise en place à l’automne, la librairie a peu communiqué mais, en deux mois, plus de 800 livres ont été vendus (hors scolaire).

Le dirigeant de L’Armitière, Matthieu de Montchalin, s’est assuré de l’adhésion de ses libraires avant de mettre en place un service original. Depuis la suppression de la remise de 5 % en 2021, il cherchait comment « faire plaisir à ses bons clients ». Depuis septembre, il propose aux détenteurs de cartes de fidélité (un grand nombre a été ouvert depuis), au passage en caisse, de racheter leur fiction grand format à 35 % du prix du neuf (sous la forme d’un avoir). Le livre, alors tamponné, doit être rapporté dans les deux mois. Il est revendu à 80 % du prix du neuf. Et ce service est maintenant une marque déposée sous le nom de « Deuxième lecture ». Autre enjeu, celui de l’écologie. L’action de la librairie est minime, dépendante des autres maillons de la chaîne du livre, mais proposer de l’occasion, c’est offrir au livre une seconde vie. « Neuf mois plus tard, les clients apprécient. Ils font tamponner leur livre mais très peu le rapportent, seule une centaine de livres a été retournée ». Néanmoins, chaque mois, le nombre de rachats et de ventes double, les exemplaires d’occasion ne restant pas plus de trois mois dans les rayons. Convaincu, le libraire va étendre l’offre à la jeunesse, BD, manga et aux ouvrages de vie pratique. Il espère que l’occasion atteindra 2 à 3 % du chiffre d’affaires de la librairie d’ici trois ans, ce qui représenterait 20 000 livres.

Sophie Fauché

L’article [Lieux] Librairies – Développer un rayon de livres d’occasion est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5231
[Questions à…] Marin Schaffner, co-fondateur de l’association pour l’écologie du livre https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-marin-schaffner-co-fondateur-de-lassociation-pour-lecologie-du-livre/ Sun, 04 Jun 2023 13:47:18 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5216 « L’écologie s’insère dans tous nos modes de vie pour nous poser des questions éthiques. Comment nous organiser pour ne pas détruire la planète ? Comment prendre soin de nos milieux de vie ? ou œuvrer pour une société plus juste ? 

L’article [Questions à…] Marin Schaffner, co-fondateur de l’association pour l’écologie du livre est apparu en premier sur Perluète.

]]>

« Il faut appréhender l’ensemble de la chaîne comme un écosystème, pas une juxtaposition de secteurs »

L’auteur et traducteur Marin Schaffner, ethnologue de formation, est un des co-fondateurs de l’association pour l’écologie du livre. Il prône une transformation profonde qui permette de penser une autre organisation du monde du livre et de la lecture, autour de trois axes : une écologie matérielle, une écologie sociale et une écologie symbolique. Il est intervenu dans le cadre de la journée sur l'écologie du livre de Normandie Livre & Lecture le 20 mai 2021. Extraits.

« L’écologie s’insère dans tous nos modes de vie pour nous poser des questions éthiques. Comment nous organiser pour ne pas détruire la planète ? Comment prendre soin de nos milieux de vie ? ou œuvrer pour une société plus juste ? 

La question de l’écologie face à la chaîne du livre peut s’aborder selon trois thèmes : 

 

1. Les ressources

Depuis les années 50-60, la filière du livre est devenue une industrie culturelle. Ce qui a entraîné de nouvelles problématiques liées à la fabrication, au transport et au réemploi. Aujourd’hui, on en est à un point où un livre sur 4 ne sera jamais acheté et où le pilon détruit environ 20% de la production globale. En quelques décennies, la chaîne du livre s’est orientée massivement vers des logiques de profits sur les flux, ce qui pose des questions en termes de gaspillage.

 

2. Les territoires

Les modes de consommation ont évolué dans le même temps vers une massification, et une désertification des centres-villes, avec émergence de la grande distribution. La Chaîne du livre s’est donc trouvée de plus en plus alimentée par des livres destinés à être vendus, seule la loi Lang a permis de défendre le livre de création et de préserver des librairies et d’éditeurs indépendantes.

 

3. Les supports

L’arrivée des technologies numériques a fait évoluer le rôle des acteurs. Les GAFAM se sont appuyés sur cette révolution, numérique pour des logiques économiques de prédation : vouloir devenir le seul acteur de la production à la vente en passant par le désir du client. Les enjeux liés aux données, à la vitesse, aux écrans viennent bousculer le temps long de la lecture. 

Ces logiques amènent à de multiples formes de surconsommation et de surproduction destructrices, tant sur le plan écologique que social, avec une exploitation polluante des ressources et une précarisation des acteurs. 

Penser le développement durable de la fabrication du papier et du transport du livre est important, mais nous pensons qu’il faut une transformation écologique et sociale plus profonde pour penser le monde du livre et de la lecture comme un écosystème.

 

Qu’est-ce qu’une analyse écologique du livre et de la lecture ?

Nous pensons que l’enjeu est de penser les interdépendances dans le monde du livre et de la lecture. Il faut appréhender l’ensemble de la chaîne comme un écosystème, pas une juxtaposition de secteurs.

Nous avons imaginé des futurs alternatifs et désirables basés sur la coopération, penser de façon interprofessionnelle ce que pourrait être une autre organisation. 

Nous avons réfléchi à ce que pourraient être les livres de l’après pétrole, ce que sont les cœurs de métier des professionnels (médiation et création), le rôle de la lecture vecteur d’émancipation et d’imagination. De là, nous avons imaginé trois piliers pour l’écologie du livre : matérielle, sociale et symbolique.

L’écologie matérielle a trait à toutes les questions d’écoresponsabilité : fabrication, transport, réemploi…

L’écologie sociale a trait aux questions de coopération, d’interprofession (répartition de la valeur, le cœur de métier, etc.)

L’écologie symbolique s’appuie sur le concept de la bibliodiversité : œuvrer pour la diversité des manières de raconter des histoires partout sur la planète, dans toutes les langues.

Cette approche est pour nous un moyen d’adresser de nouvelles perspectives. Notre espoir, c’est d’initier de nouvelles façons de faire pour tenter d’enrayer la destruction du vivant tout en œuvrant à la plus grande diversité possible. Pour le dire autrement, essayer d’œuvrer ensemble à une plus grande biodiversité et une plus grande bibliodiversité. »

 

Propos extraits de son intervention lors d’une journée sur l’écologie du livre organisée par Normandie Livre & Lecture en 2021.

L’article [Questions à…] Marin Schaffner, co-fondateur de l’association pour l’écologie du livre est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5216
[Questions à…] Francis-Luc Merelo de l’imprimerie IROPA https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-francis-luc-merelo-de-limprimerie-iropa/ Sun, 04 Jun 2023 13:41:10 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5210 « L’enjeu de l’écologie du livre, c’est aussi le maintien des savoir-faire sur nos territoires »

L’article [Questions à…] Francis-Luc Merelo de l’imprimerie IROPA est apparu en premier sur Perluète.

]]>

« L’enjeu de l’écologie du livre, c’est aussi le maintien des savoir-faire sur nos territoires »

Francis-Luc Merelo, Cadre commercial à l’imprimerie IROPA (Saint-Étienne-du-Rouvray) et membre du groupe de travail de Normandie Livre & Lecture sur l’écologie du livre.

« J’ai la chance de travailler pour un imprimeur historiquement engagé sur la thématique du développement durable. Iropa a été parmi les premières imprimeries normandes labellisées « Imprim’Vert ». L’entreprise est dans une démarche RSE et occupe aujourd’hui des locaux construits en 2010 à haut niveau de performance environnementale.

Il nous semble naturel de nous impliquer dans l’écologie du livre. C’est notre devoir de nous questionner, comme toute entreprise, nous devons interroger notre responsabilité sociétale. 

 

« Faire poids pour que les pratiques évoluent »

L’enjeu de l’écologie du livre, pour moi c’est aussi, au-delà de l’environnement, la question du maintien des savoir-faire sur nos territoires. À force de délocaliser vers des unités de productions éloignées et, certes moins chères, mais sans doute moins scrupuleuses, nous risquons de voir disparaître des emplois et des méthodes de travail plus vertueuses.

Le groupe de travail créé par Normandie Livre & Lecture a le mérite de stimuler la réflexion, le tout sans pression, en total respect mutuel. L’idée est bien de poser des jalons pour progresser pas à pas. C’est aussi de faire poids, ensemble, pour que les pratiques de la filière peu à peu évoluent. Faire poids aussi auprès des collectivités locales et territoriales pour qu’elles aient elles aussi le réflexe local en matière d’édition et de fabrication de supports imprimés.

Le bilan de ces échanges est pour moi très encourageants. Il faudrait maintenant que d’autres imprimeurs nous rejoignent. Il reste du chemin à faire, mais nous sommes en mouvement. »

 

Propos recueillis par aprim

L’article [Questions à…] Francis-Luc Merelo de l’imprimerie IROPA est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5210
[Questions à…] Julie Pommier : « Édifice repense son métier d’éditeur » https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-julie-pommier-edifice-repense-son-metier-dediteur/ Sun, 04 Jun 2023 13:39:39 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5206 Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

L’article [Questions à…] Julie Pommier : « Édifice repense son métier d’éditeur » est apparu en premier sur Perluète.

]]>

TIRAGES, DROITS D’AUTEUR... Édifice repense son métier d'éditeur

Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

© S. Maurice / Aprim

Tirer au plus juste, limiter les invendus. Tous les éditeurs poursuivent cette chimère, mais les faits sont têtus. Plus de 20 % des livres imprimés sont encore pilonnés. En multipliant les stages pour son master Ingénierie éditoriale et communication, Julie Pommier a été témoin de cette pratique choquante. « Détruire des ouvrages coûte moins cher que de stocker ou donner. Je ne voulais pas créer ma maison d’édition sur cette absurdité. J’ai décidé de ne pas imprimer un livre de trop et le financement participatif s’est proposé comme LA solution. »

Les éditions Édifice, toute jeune maison havraise, publieront cette année quatre ouvrages de BD, puis six en 2024. Pour chaque campagne de financement, l’objectif est fixé à 250 précommandes pour les premiers titres (légèrement en dessous du seuil de rentabilité situé à 300 exemplaires). « Si nous atteignons le premier palier à 60 % de l’objectif, la BD sera imprimée mais il n’y aura pas de réimpression ni de vente en librairie. Entre 95 % et 99 % de l’objectif, nous prolongeons la campagne pour atteindre les 100 % et assurer une diffusion en librairie. » 

Pour Julie Pommier, maintenir ce lien avec les libraires locaux est primordial car ils sont les premiers conseils des lecteurs. Durant la campagne, ils peuvent d’ailleurs précommander grâce au pack Libraires qui leur réserve cinq ouvrages.

 

Des auteurs mieux rémunérés

Si un projet n’atteint pas les 60 % requis, l’auteur est libéré. Il conserve son à-valoir, la liste des contacts générés pendant la campagne de précommande, et bien sûr la faculté de proposer à un autre éditeur son projet déjà avancé. Il n’y a donc pas de perte sèche si l’aventure s’arrête. Mais avec ce mode de production, Julie Pommier s’attaque surtout au tabou des droits d’auteur. Le financement participatif permet de mieux redistribuer le prix du livre. « En percevant seulement de 3 % à 10 % de ventes, les auteurs sont les moins bien payés de la chaîne du livre. Pour une rémunération plus juste, Édifice propose 16 %, calculés sur les 250 précommandes. » 

 

Dénicher des talents

Seules les algues savent © Édifice

Fondées il y a moins d’un an, les éditions Édifice s’appuient sur un travail de prospection débuté en 2020. Pendant ses études, Julie Pommier a constitué une communauté sur les réseaux sociaux, fréquenté les salons et les librairies, et lancé un appel à projets qui a permis de sélectionner plusieurs auteurs sur une vingtaine de candidatures. Des auteurs qui portent leur premier projet, autoédités ou déjà publiés par de grandes maisons. De cette manière, Édifice contribue à découvrir de nouveaux créateurs, comme Marianne Le Berre et Léo Badiali, deux architectes multi-talents qui publient leur tout premier roman graphique, Seules les algues savent.

Le financement participatif inaugure une nouvelle relation avec les auteurs mais aussi avec les lecteurs. La maison leur appartient un peu puisqu’ils ont choisi le nom et le logo par un vote. Pendant les campagnes de financement, les contributeurs sont également sollicités pour décider d’un décor ou d’un projet de couverture. Le livre imprimé représente finalement le fruit d’un travail collectif.

www.edifice-editions.fr

 

Propos recueillis par aprim

L’article [Questions à…] Julie Pommier : « Édifice repense son métier d’éditeur » est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5206
[Questions à…] Maryon Le Nagard, membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-maryon-le-nagard-membre-de-la-commission-bibliotheques-vertes-de-labf/ Sun, 04 Jun 2023 13:36:30 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5214 Référente Développement Durable pour le réseau des bibliothèques de Rouen (2020-2022) et pour la la médiathèque départementale de Seine Maritime (depuis 2022), membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF.

L’article [Questions à…] Maryon Le Nagard, membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF est apparu en premier sur Perluète.

]]>

« Une prise de conscience collective est enclenchée dans une partie du public »

Référente Développement Durable pour le réseau des bibliothèques de Rouen (2020-2022) et pour la la médiathèque départementale de Seine Maritime (depuis 2022), membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF.

Comment a démarré votre implication professionnelle pour l’écologie du livre ?

« De 2019 à 2023, j’ai été responsable de la bibliothèque des Capucins à Rouen et j’ai été la première référente développement durable, pour le réseau des sept bibliothèques de la Ville. À l’époque, cette fonction n’existait pas à Rouen. J’occupe aujourd’hui la même fonction pour la médiathèque de Seine-Maritime.

Il y avait à l’époque beaucoup à faire sur la mission. Au-delà de créer une grainothèque ou une bouturothèque, un groupe de travail a engagé une vraie réflexion sur ces questions au niveau du réseau. Pour garantir une pérennité à ce travail, des objectifs écoresponsables ont été intégrés à la fiche de poste. 

À l’époque, était-ce une démarche d’avant-garde ?

Le fait d’identifier un référent développement durable a été une première avancée et spécificité de la bibliothèque des Capucins. Encore peu d’établissements je crois l’ont fait. En revanche, les actions se développent de plus en plus et les initiatives affluent. Par exemple, la médiathèque Sequoïa de Maromme accueille une ruche, beaucoup font de la sensibilisation à la biodiversité… La nouveauté à Rouen a été de formaliser une démarche et d’informer les publics sur ce qui est fait. 

Du travail reste à faire, notamment pour faire prendre conscience aux professionnels dans les bibliothèques qu’ils font déjà du développement durable au quotidien, déjà dans la dimension sociale, qui est au cœur de nos missions. 

Que faites-vous concrètement aujourd’hui à la médiathèque départementale ?

Je vais former l’équipe de la médiathèque départementale au développement durable. L’idée est de pouvoir réfléchir ensemble aux actions à mettre en place et que ça ruisselle sur tout le réseau (environ 250 bibliothèques). 

Je vais aussi former les professionnels du réseau, en leur donnant des clés d’actions, car même avec peu de moyens on peut faire beaucoup. Comment sensibiliser le public ? Trouver des partenaires ? Est-ce que je couvre mes livres ? …

Le public est-il en attente ?

Oui, une prise de conscience collective est enclenchée dans une partie du public. Ensuite, plus on propose, plus le public suit, il y a un effet boule de neige. Quand on propose une grainothèque ou une bouturothèque en bibliothèque, on n’est pas forcément attendu sur ce terrain-là. Mais quand l’offre est là, ça marche. On le constate avec les animations, par exemple avec les ateliers « Do It Yourself ». Aujourd’hui, beaucoup d’établissements proposent des ateliers couture, cosmétique responsable, ou autres… À travers ce type d’activités, on éveille la sensibilité à d’autres pratiques, on valorise le fonds documentaire, on peut faire venir un intervenant… Ce genre d’animation permet d’activer plusieurs axes en même temps.

Le public n’est pas forcément demandeur à la base, mais souvent il adhère.

La bibliodiversité est aussi une mission forte des bibliothèques…

Oui, ça l’a toujours été. En bibliothèque, on réfléchit à sa politique d’achat. Mais aujourd’hui, on peut aller plus loin en identifiant les éditeurs engagés, en étant vigilant à la fabrication des ouvrages, au papier utilisé…  Les réflexes et la connaissance ne sont pas encore très répandus sur le sujet dans les bibliothèques. Ça fait partie des choses que je souhaite aborder dans mes interventions de formation. 

Ce qui est sûr c’est qu’on ne peut pas appliquer aveuglément des critères rédhibitoires. Par exemple, je connais des maisons d’édition d’une très grande exigence éditoriale, dont les contenus sont remarquables, et qui, tout en s’assurant du respect du droit et des conditions de travail, font imprimer à l’étranger, pour des raisons de coûts. On ne va pas les bannir. C’est grâce à ces bas coûts qu’elles peuvent proposer des contenus de qualité. Tout est question de dosage. »

 

Propos recueillis par aprim

L’article [Questions à…] Maryon Le Nagard, membre de la commission Bibliothèques Vertes de l’ABF est apparu en premier sur Perluète.

]]>
5214