Archives des Perluète #08 - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/category/perluete-08/ La revue littéraire de Normandie livre & lecture Fri, 15 Oct 2021 12:07:30 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.4 https://perluete.fr/archives_00-14/wp-content/uploads/2020/08/cropped-200_2006-1-32x32.png Archives des Perluète #08 - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/category/perluete-08/ 32 32 153862814 [Coup de cœur de libraire] La différence invisible de Julie Dachez et Mademoiselle Caroline https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-la-difference-invisible-de-julie-dachez-et-mademoiselle-caroline/ Fri, 08 Oct 2021 13:01:08 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3317 La Différence invisible est une bande dessinée scénarisée par Julie Dachez. Elle y raconte son expérience sur un sujet peu connu : le syndrome d’Asperger.

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© Librairie Mille Feuilles

La Différence invisible est une bande dessinée scénarisée par Julie Dachez. Elle y raconte son expérience sur un sujet peu connu : le syndrome d’Asperger. Le dessin simple et doux de Mademoiselle Caroline, en noir et blanc et ponctué de touches de couleurs, nous invite à suivre Marguerite, une demoiselle sans histoire. Nous découvrons le monde à travers ses yeux, non sans une touche d’humour, dans un quotidien banal et répétitif qui la laisse exténuée.

Alors que les difficultés s’accumulent, Marguerite découvre qu’elle a le syndrome d’Asperger, une forme d’autisme encore peu connue en France. Sa vision d’elle-même change complètement ; elle n’a plus à se sentir coupable d’être différente : « C’est normal que je sois anormale ! » Malgré cette bonne nouvelle, elle se retrouve à lutter contre les préjugés dans un pays où ce trouble est encore vu comme une maladie. C’est un magnifique hymne au respect des autres, à la différence et à l’acceptation de soi, je recommande vivement !

La différence invisible de Julie Dachez et Mademoiselle Caroline – Éditions Delcourt

J’ai aimé aussi…

Attention OVNI, ce livre n’est pas un simple polar à la Agatha Christie, mais un Cluedo grandeur nature, une énigme fascinante flirtant avec le fantastique.

Un thriller adolescent très intéressant qui nous montre l’envers du décor des youtubeurs et influenceurs, servi par deux héroïnes très attachantes. Au programme : harcèlement, racisme, danger des réseaux sociaux !

Un vrai roman d’aventures, haletant, mené tambour battant, raconté dans une très jolie écriture et surtout véridique, avec comme toile de fond la Sibérie orientale !

Muriel Beaudouin

Librairie Mille Feuilles

55, rue de la République - 27500 Pont-Audemer

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[Coup de cœur de libraire] Suzette ou le grand amour de Fabien Toulmé https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-suzette-ou-le-grand-amour-de-fabien-toulme/ Fri, 08 Oct 2021 12:53:27 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3315 Suzette est la grand-mère adorée de Noémie, jeune fleuriste, avec qui elle partage tout et qui l’a élevée à la mort de sa mère. Quand Suzette perd son mari, Noémie est là pour la soutenir, l’épauler et la distraire. C’est aussi le moment des confidences...

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© L'Oiseau Lyre

Suzette est la grand-mère adorée de Noémie, jeune fleuriste, avec qui elle partage tout et qui l’a élevée à la mort de sa mère. Quand Suzette perd son mari, Noémie est là pour la soutenir, l’épauler et la distraire. C’est aussi le moment des confidences... Suzette s’est mariée très jeune mais Bernard n’était pas son premier amour. Ses souvenirs la ramènent en Italie, cinquante ans plus tôt, dans les bras du jeune Francesco. Alors c’est décidé ! Noémie emmène sa grand-mère en Italie sur les traces de cet amour perdu.

Nous embarquons avec bonheur dans ce road trip un peu particulier tant l’amour est présent à chaque page. Un amour filial qui transcende les générations, un amour actuel d’une jeune femme en perpétuel questionnement et un amour perdu qui refait surface. Le tout enveloppé dans un dessin tendre et tout en rondeur… un petit bonbon chaudement recommandé !

J’ai aimé aussi…

Une détective attachante sur les routes
du Montana… Vive Céline !

Un western glacial et féministe pour un voyage périlleux dans lequel on embarque avec plaisir.

Un roman percutant sur l’adolescence, terriblement moderne, écrit par une autrice qui monte.

Aurelie Colasse

L’Oiseau-Lyre

24, rue Billy - 61500 Sées

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[Coup de cœur de libraire] Carbone & Silicum de Mathieu Bablet https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-carbone-silicium-de-mathieu-babletcoup-de-coeur-de-libraire/ Fri, 08 Oct 2021 12:47:26 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3311 Cogito ergo sum… Mais qu’en est-il de cette maxime de Descartes à l’ère de l’I.A. ? Voilà un sujet que le surprenant Mathieu Bablet n’a pas manqué de traiter. Carbone et Silicium sont des intelligences artificielles. Deux êtres créés autonomes et à l’image de l’humanité.

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© Univers BD

Cogito ergo sum… Mais qu’en est-il de cette maxime de Descartes à l’ère de l’I.A. ? Voilà un sujet que le surprenant Mathieu Bablet n’a pas manqué de traiter. Carbone et Silicium sont des intelligences artificielles. Deux êtres créés autonomes et à l’image de l’humanité. L’un est donc femme et l’autre homme, mais avec une durée de vie préprogrammée : quinze ans. Deux êtres pensants ne rêvant que de liberté et craignant leur propre finitude. Enfin, deux êtres à qui l’humanité a insufflé ses propres vicissitudes et tourments. Ces Adam et Ève 2.0 risquent donc d’être victimes des défauts de l’Humain, mais sont aussi suffisamment intelligents pour en avoir une conscience aiguë. Deux êtres à la création similaire mais avec un chemin de vie... contraire. Nous assistons à un bouleversement de « rapport de force ». Quels fruits naîtront de ce terreau nouveau que sera la cohabitation entre l’Artificiel et le Biologique originel ?

J’ai aimé aussi…

Suspense jusqu’au bout dans cette enquête, quelle est l’identité de l’unique survivante ?

1937, catastrophe écologique relatée par un photographe lors de la Grande Dépression.

Découvrez ce couple qui n’aura de cesse, toute sa vie, de retrouver les bourreaux de la Shoah.

 

Eric Delapierre

UNIVERS BD

18, rue Froide - 14000 Caen

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[Coup de cœur de libraire] Le dernier paysan, un siècle d’une ferme normande de Christophe Wargny https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-le-dernier-paysan-un-siecle-dune-ferme-normande-de-christophe-wargny/ Fri, 08 Oct 2021 12:33:11 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3307 « Nous étions les derniers à en vivre. Les derniers paysans. » René Bénard est le « dernier paysan » du village de Valmont près de Fécamp. Aujourd’hui âgé de 85 ans, il raconte à Christophe Wargny son histoire et l’évolution du métier d’agriculteur.

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@ Librairie Le Chat Pitre

« Nous étions les derniers à en vivre. Les derniers paysans. » René Bénard est le « dernier paysan » du village de Valmont près de Fécamp. Aujourd’hui âgé de 85 ans, il raconte à Christophe Wargny son histoire et l’évolution du métier d’agriculteur. Deux cents pages peuplées d’anecdotes plus souvent drôles que tragiques, de cochons malicieux, de rencontres imprévues et de vie paysanne. Un témoignage rare à une époque où les fermes sont devenues de véritables industries.

Rappelons que les trois derniers livres de Christophe Wargny racontaient sa Normandie natale. Il a, par ailleurs, été le biographe de monseigneur Gaillot et conseiller du président haïtien Jean-Bertrand Aristide.

Le dernier paysan, un siècle d'une ferme normande de Christophe Wargny - Éditions Le Pucheux

J’ai aimé aussi…

Une somme de projets novateurs, durables et normands pour la plupart : encourageant pour l’avenir !

En quelques années, l’auteur a connu le passage d’une pêche traditionnelle à la pêche industrielle. Un témoignage essentiel pour comprendre l’histoire de la Grande Pêche à Fécamp et ailleurs.

Clémence Lambard

LIBRAIRIE Le Chat Pitre

1, quai Bérigny - 76400 Fécamp

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[Coup de cœur de libraire] Méfie-toi d’une femme qui lit https://perluete.normandielivre.fr/coup-de-coeur-de-libraire-mefie-toi-dune-femme-qui-lit/ Fri, 08 Oct 2021 12:24:49 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3319 Cette anthologie d’illustrations rend hommage aux femmes, réelles ou imaginaires, ces héroïnes d’aventures comme Agnès de Kermellec (L’Épervier) ou celles qui les ont écrites comme Virginia Woolf, des femmes qui lisent, qui inspirent des écrivains ou qui méritent tout simplement d’être reconnues.

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© Mille et Une Pages

Cette anthologie d’illustrations rend hommage aux femmes, réelles ou imaginaires, ces héroïnes d’aventures comme Agnès de Kermellec (L’Épervier) ou celles qui les ont écrites comme Virginia Woolf, des femmes qui lisent, qui inspirent des écrivains ou qui méritent tout simplement d’être reconnues.

Accompagnées de textes écrits par les auteurs ou par l’éditeur, ces illustrations célèbrent la femme et leur rapport au livre dans une démarche résolument féministe. Les auteurs et illustrateurs ayant participé à ce recueil, tels que Guillaume Sorel, Pascal Izac, Virginie Vernay ou encore Dana Dimat, sont également présentés, ainsi que leur méthode de travail et leurs inspirations diverses.

Nous mettons ce recueil en avant pour soutenir cette démarche originale et pour soutenir ce projet qui nous instruit sur le monde de la bande dessinée et de la littérature. Les éditions Daviken ont été créées en juillet 2020 par Fred Daviken (Fréderic Lardoux). Cet éditeur s’engage entre autres dans la revalorisation écologique du monde du livre.

Méfie-toi d'une femme qui lit Collectif d’auteurs – Daviken éditions

Nous avons aimé aussi…

Un manga en deux tomes, entre voyage initiatique et découverte d’une nature magique et envoûtante.

C’est l’histoire d’un transfuge de classe. Né à Venise là où on a faim, il deviendra libraire.

L’incroyable récit du voyage du peintre Auguste Biard à la découverte de l’Amazonie.

 

Cecile Pailhès et Lucie Benoit

Mille et Une Pages

3, rue du Docteur-Gilbert - 50300 Avranches

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[Chronique] Et par endroits ça fait des nœuds de Camille Reynaud https://perluete.normandielivre.fr/chronique-et-par-endroits-ca-fait-des-noeuds-de-camille-reynaud/ Fri, 08 Oct 2021 09:09:41 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3211 Avec cette autofiction, Camille Reynaud signe le récit d’une expérience médicale traumatisante, de la peur de la dilution de soi et des pouvoirs de l’écriture pour résister et se reconstruire.

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L’urgence d’écrire

Avec cette autofiction, Camille Reynaud signe le récit d’une expérience médicale traumatisante,
de la peur de la dilution de soi et des pouvoirs de l’écriture pour résister et se reconstruire.

La jeunesse est généralement associée à l’image d’un corps bien portant et vigoureux. D’où une tendance à minimiser la gravité de certains symptômes quand ils surviennent chez de jeunes personnes. Camille, 23 ans, ressent de violents maux de tête et éprouve une perte partielle de la vision lors d’un séjour en Espagne. Devant l’aggravation de son état, elle se rend aux urgences où son cas ne sera pas pris au sérieux tout de suite, les médecins la renvoyant chez elle avec du paracétamol, sans doute illusionnés eux aussi par cette image d’une jeunesse infaillible à qui il ne peut rien arriver de plus grave qu’une sévère « gueule de bois ». Après une deuxième admission aux urgences vint finalement le diagnostic : Camille a fait un AVC et une hémorragie cérébrale. Commence alors le long parcours des examens, opérations et le protocole des soins.

Camille va se servir de ce traumatisme et de son parcours médical comme matériau pour nous livrer une autofiction littéraire dans laquelle elle décortique le langage médical, l’analyse pour mieux se l’approprier et se reconstruire. Elle va trouver une place pour l’imagination et la poésie dans le jargon médical et poser des mots sur ses maux. L’enjeu primordial pour elle étant de redevenir sujet et non plus simplement objet de diagnostics et de comptes rendus. Tant le sentiment de ne plus s’appartenir, de ne plus contrôler sa vie et son corps devient de plus en plus présent. D’autant plus que la jeune femme craint de ne pas conserver ses facultés cognitives intactes. Le cerveau est, entre autres, le lieu du langage et de l’intellect, des souvenirs et des émotions. Comment ne pas avoir peur, dès lors que l’on est autrice, des conséquences que cela peut entraîner ?

Camille Reynaud livre ici son premier roman. Un texte vif, intelligent, sans pathos et pétri de références artistiques. Camille interroge les artistes et auteurs qui, victimes de maladies graves, n’ont pas seulement témoigné de leur état dans leurs œuvres mais s’en sont emparés pour interroger le rapport à l’art et à l’écriture à travers la maladie. On y retrouve, entre autres, Hervé Guibert, Grand Corps Malade, Christelle Dabos, Mathias Malzieu, Philippe Lançon. Écrire donc, mais pour « inventer autre chose ». Écrire pour survivre à la trahison de son propre corps, se le réapproprier et se réinventer. « Je joue avec les mots car dans les mots, c’est ma vie qui se joue. »

 

Valérie Schmitt

Mots choisis

Définie par des mots sur un bilan de santé, transférée d’un service à un autre et toujours adressée en copie, j’ai l’impression d’être devenue une femme de papier. J’entreprends alors, sur le blanc de ma peau, d’écrire entre les veines, entre les lignes du Dr Romance, pour, comme le suggère Lidia Yuknavitch dans La Mécanique des fluides, “inventer des histoires jusqu’à en trouver une avec laquelle vivre”.

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[Chronique] Toni tout court de Shane Haddad https://perluete.normandielivre.fr/chronique-toni-tout-court-de-shane-haddad/ Fri, 08 Oct 2021 09:02:59 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3209 Entre enfance et âge adulte, première et troisième personne du singulier, existence et disparition, marche et errance, tumulte et silence, le lecteur suit Toni, le temps d’une journée, décisive : celle de ses 20 ans et d’un match de foot.

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Mi-temps

Entre enfance et âge adulte, première et troisième personne du singulier, existence et disparition, marche et errance, tumulte et silence, le lecteur suit Toni, le temps d’une journée, décisive : celle de ses 20 ans et d’un match de foot.
© Cindy Mahout

En premier lieu, il y a la langue. Au phrasé si particulier. Qui reste en tête et alterne le récit de la première à la troisième personne du singulier. Ensuite, il y a ce personnage aux pas si hésitants, si contrariés, si fragiles et attendrissants. Enfin, ce sont les indices qui interpellent, distillés tout au long du récit. Un récit qui met mal à l’aise, comme le personnage est mal dans sa peau. On partage avec elle son mal de cœur lancinant. On suit cette histoire en attendant de comprendre ce que le personnage tente de nous révéler à demi-mot, il y a cette tension palpable, et ce match de foot comme un point de mire, comme une réminiscence de tous les autres matchs, comme une euphorie en ce jour d’anniversaire, comme un objectif pour faire passer cette journée et s’oublier.

Toni a 20 ans aujourd’hui et Shane Haddad entreprend une description d’une jeunesse non idéalisée. Elle esquisse la difficile acceptation de soi, de ce mal-être dans son corps, dans ce monde. Toni porte en elle cette étape délicate, qui met derrière soi le temps de l’enfance pour s’ancrer en tant qu’adulte et se définir en tant que femme, dans une société toujours un peu plus violente à leur encontre.

Toni. Toni « tout court ». Être qui observe le monde sans pouvoir s’y fondre totalement. En léger décalage. Avec un sentiment de culpabilité d’être là, d’exister tout simplement. Les souvenirs, les parents, l’être aimé, les inconnus, tous se répandent et se confondent comme dans un brouillard, dans une douleur quelque peu lancinante, où les mots sont nets et coupants, à l’image de ce « Sale pute ! » qui la hante. On suit la jeune femme le temps d’une journée, la journée de son anniversaire et d’un match de foot. La narration, qui peut sembler minimaliste, renferme une tension dramatique, car toute la journée est à la fois une errance et une attente de ce moment-là.

Dans la tribune de supporters, ce lieu presque exclusivement masculin, elle apparaît comme une intruse. Mais c’est aussi un lieu d’exultation, car son corps ne l’encombre plus, il se fond dans la masse. Parce que la tribune est un espace hétérogène, multiple, à l’image de ce personnage aux contours fluctuants : elle est entre deux âges, entre deux identités avec ce prénom qui s’apparente à du masculin, elle se situe entre la première personne et la troisième personne du singulier. Son personnage est indéfinissable, il nous échappe.

Entre existence et disparition du personnage, entre récit rêvé et conscientisé, Shane Haddad fait entendre, dans ce premier roman, une voix singulière et un style déjà bien affirmé.

 

Cindy Mahout

Mots choisis

« Toni se réveille un matin avec quelque chose entre le cœur et la gorge qui lui donne un air chagrin. Le matin elle est sensible. C’est le matin d’un match, c’est un vendredi. Possible que Toni ait fait un mauvais rêve la nuit dernière, parce que cette chose qu’elle a entre le cœur et la gorge n’est pas là tous les matins. Certains matins elle a cette chose, ce qui fait qu’elle connaît la sensation. Mais certains matins elle ne l’a pas et elle oublie que la chose existe. Toni ne saurait pas comment l’appeler, cette chose. Quand la chose est là elle n’a plus qu’à regarder le plafond de sa chambre. Ce n’est pas tout à fait qu’elle attend, c’est plutôt qu’elle laisse la chose prendre son corps et laisse son corps se réveiller et laisse son corps se connecter avec le monde qui a beaucoup avancé depuis hier soir. Mais aujourd’hui c’est vendredi, et c’est journée de match. Elle ne fait pas vraiment le lien entre le match et le quelque chose qui est entre son cœur et sa gorge et qui lui donne un air chagrin. On n’est pas obligé de faire le lien entre les deux mais il est possible que les deux soient liés. "

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[Chronique] La Laveuse de mort de Sara Omar https://perluete.normandielivre.fr/chronique-la-laveuse-de-mort-de-sara-omar/ Fri, 08 Oct 2021 08:55:13 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3215 Une œuvre riche, frappante, émouvante et nécessaire, dont on ignore si elle est autobiographique ou si elle narre des faits vécus par ses connaissances, Sara Omar gardant le secret. Le second opus, déjà publié au Danemark, montre quant à lui le caractère battant de Frmesk.

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DUALITÉ

Avec ce premier roman choc, best-seller dès sa publication au Danemark en 2017, la jeune écrivaine Sara Omar livre un récit dans lequel les frontières entre autobiographie et fiction sont ténues. Une œuvre brillante, marquée du sceau de la dualité.

Mots choisis

"Elle sentit son cauchemar s’éloigner. Elle avait vu Khanda et sa mère mourir chaque nuit. Des bribes d’images sanglantes de son enfance à Zamua. Elle était avec Khanda quand elle avait commencé à saigner. Elle revoyait la scène. En permanence. La fille qui se vidait de son sang. La mère qui s’immolait par le feu. Les hommes qui se réjouissaient et criaient qu’Allah avait châtié les putains. Les femmes qui murmuraient en cachette : Innâ lillâhi wa innâ ilayhi râji’ûn.Nous appartenons à Allah, et auprès de lui nous devons retourner. Ce n’était pas simplement un cauchemar. C’était la réalité"

Sara Omar est invitée du festival Les Boréales qui se déroulera du 18 au 28 novembre 2021. Elle interviendra dans le cadre du partenariat avec Normandie pour la Paix.

La Laveuse de mort - Sara Omar, Actes Sud, 2020 (traduit du danois par Macha Dathi)

Originaires du Kurdistan, Sara Omar et sa famille ont fui le régime de Saddam Hussein pour arriver au Danemark en 2001 après avoir transité cinq ans dans des camps de réfugiés au Moyen-Orient. Plus d’une décennie plus tard, après un mariage forcé, la mort de sa fille et plusieurs tentatives de suicide, Sara Omar livre ce qu’elle pensait alors être son dernier acte : une lettre d’adieu à une amie décédée durant son enfance. Il s’agira en fait d’un nouveau point de départ, celui de sa résurrection personnelle, et les premiers mots de ce qui deviendra La Laveuse de mort.

On y suit l’enfance de Frmesk (« larme » en kurde), née à Souleymanié, une ville en proie à la guerre – Iran-Irak, résistance des peshmergas, répression du parti Baas irakien – et à l’obscurantisme religieux. Une fillette rejetée par son père, qui voulait un fils et menace de l’enterrer vivante ; une tache blanche sur sa chevelure sombre, signe annonciateur d’un destin empreint de manichéisme ; le salut quand Gawhar, sa grand-mère maternelle, femme vivement appréciée de la communauté locale mais exerçant la profession infamante de laveuse de mort (nettoyer les femmes victimes de crimes d’honneur), la recueille dans un foyer aimant et éclairé – en témoigne la figure du grand-père, sa bibliothèque et ses références constantes au zoroastrisme, religion de lumière dans une région où le patriarcat le plus sombre et le fondamentalisme ont confisqué l’islam. Ce cocon s’avérera être le lieu du pire des traumatismes quand son oncle, imam, la violera.

Ce premier tome nous offre également un aller-retour constant entre l’Irak de l’enfance et l’hôpital de Copenhague où la protagoniste, une fois adulte, rencontre une jeune infirmière musulmane contrôlée par son père, révélant en filigrane le tiraillement perpétuel des femmes musulmanes nordiques, entre conservatisme et libéralisme, entre respect et combat.

Ultime dualité : le pouvoir des mots. Ces mots qui ont permis à une parole de se libérer, de témoigner, et qui ont donné la force à plusieurs jeunes femmes d’Europe du Nord de rompre avec des parents fondamentalistes et tyranniques. Malheureusement, ces mots valent aujourd’hui à son auteure d’être victime de fatwas ; elle vit actuellement sous protection constante. Un sacrifice que Sara Omar estime nécessaire.

Une œuvre riche, frappante, émouvante et nécessaire, dont on ignore si elle est autobiographique ou si elle narre des faits vécus par ses connaissances, Sara Omar gardant le secret. Le second opus, déjà publié au Danemark, montre quant à lui le caractère battant de Frmesk.

 

Rémy Carras

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[Lieux] Vleel – Varions les éditions en live https://perluete.normandielivre.fr/lieux-vleel-varions-les-editions-en-live/ Fri, 08 Oct 2021 08:45:29 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3305 Un an et demi après, le bébé a bien grandi : 150 rencontres, des centaines de lecteurs fidélisés, l’organisation d’un prix et de deux soirées spéciales rentrée littéraire, ont permis à Vleel de se faire remarquer. Les demandes de maisons d’édition affluent et les projets ne manquent pas pour poursuivre la dynamique.

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La visio qui élargit l’horizon
© DR

Au départ, au printemps 2020, en plein confinement, l’initiative d’Anthony Lachegar (@Serial_Lecteur_Nyctalope). Ce blogueur passionné veut créer une nouvelle forme de rencontres directes entre auteurs et lecteurs, sans barrière, par visio Zoom. Privilégiant la mise en avant des petites maisons d’édition, trop peu visibles sur les réseaux sociaux (et sur Instagram en particulier), il milite pour élargir les horizons de lecture des participants et mieux éclairer le travail des éditeurs. Un an et demi après, le bébé a bien grandi : 150 rencontres, des centaines de lecteurs fidélisés, l’organisation d’un prix et de deux soirées spéciales rentrée littéraire, ont permis à Vleel de se faire remarquer. Les demandes de maisons d’édition affluent et les projets ne manquent pas pour poursuivre la dynamique.

Le succès de l’initiative sur Instagram a conduit Anthony Lachegar à s’entourer d’un collectif de neuf co-organisateurs, dont trois Normands : Annie-Rose Pichonnier (@hanyrhauz), bibliothécaire à Hérouville-Saint-Clair, Céline Rocard-Petit (@point.a.laligne), blogueuse rouennaise, et Jean-Marc Deverre (@jiemde), ex-dirigeant des Éditions des Falaises.

Ouvertes à tous, les rencontres ont repris au rythme de deux par semaine et le programme est à découvrir sur le compte Instagram @Vleel du collectif et très bientôt sur www.vleel.com.

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[Patrimoine] Musée Alfred-Canel https://perluete.normandielivre.fr/patrimoine-musee-alfred-canel/ Mon, 04 Oct 2021 14:33:30 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=3205 Dans une atmosphère très XIXe siècle, la maison de l’écrivain Alfred Canel, à Pont-Audemer, invite à découvrir un grand intellectuel humaniste de son époque. Au gré de collections variées et très riches, le reflet du parcours d’un homme, cultivé, passionné et collectionneur.

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Voyage dans la maison d’un intellectuel humaniste du XIXe siècle

Dans une atmosphère très XIXe siècle, la maison de l’écrivain Alfred Canel, à Pont-Audemer, invite à découvrir un grand intellectuel humaniste de son époque.

Au gré de collections variées et très riches, le reflet du parcours d’un homme, cultivé, passionné et collectionneur.

Agnès Babois et Cindy Mahout

Alfred Canel est né le 30 novembre 1803. Avocat, rentier, adjoint puis maire de la ville de Pont-Audemer, député à l’Assemblée constituante, acteur de la vie sociale de sa ville, mais aussi membre de sociétés savantes, historien, bibliophile et écrivain, Alfred Canel est à la fois un esprit philanthropique et universel.

Très versé dans la connaissance de l’histoire et des antiquités de la Normandie, il a laissé un nom estimé, comme historien et archéologue. On a de lui un très grand nombre de mémoires et d’études sur les antiquités de la Normandie, et ses talents d’écrivain qui analyse les faits et coutumes de la Normandie nous ont livré plusieurs écrits, dont certains signés sous les pseudonymes de « Jérôme Pointu » et de « Jean Chouart ».

Collectionneur et partageur

De 1835 à 1837, il dirigea la Revue historique des cinq départements de la Normandie et écrivit un grand nombre d’articles dans le Journal de Pont-Audemer, la Revue de Rouen et les Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, à laquelle il appartenait.

Il fonde la bibliothèque municipale de Pont-Audemer en 1836, dont il est le bibliothécaire jusqu’en 1852, et commence à constituer, à la fin de sa vie, des collections muséales.

Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1876.

À sa mort, en 1879, il fait don à la ville de Pont-Audemer de ses collections, de ses livres, de pièces de mobilier, de rentes et de son hôtel particulier, où ont été ainsi installés, en 1884, la nouvelle bibliothèque municipale et le musée, qui s’y trouve encore aujourd’hui.

La grande bibliothèque

La grande bibliothèque, dont le caractère du XIXe siècle a été préservé, est une salle qui captive le visiteur. Elle conserve un fonds généraliste de 9 000 livres, couvrant la période du XVe au XIXe siècle.

Bibliophile averti et bibliothécaire consciencieux, Alfred Canel s’est attaché à réunir des livres de grande valeur éditoriale, littéraire ou documentaire. Parmi ces ouvrages, des manuscrits, des incunables (livres imprimés entre 1455 et 1500) ou encore des livres emblématiques du XIXe siècle.

Sont conservés, entre autres, une édition de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, la Description de l’Égypte commandée par Napoléon Ier, ou encore le manuel d’arithmétique de monseigneur le duc de Berry, petit-fils de Louis XIV.

La bibliothèque normande

La passion de l’histoire et de la littérature a conduit Alfred Canel à collecter un fonds consacré à la Normandie (5 550 livres et 50 cartes et plans), qu’il a légué à la ville de Pont-Audemer. Six mille livres sur l’ancienne province normande provenant du fonds de la bibliothèque municipale ont rejoint ce premier ensemble, pour former au sein du musée Alfred-Canel une bibliothèque de renom.

Le cabinet de travail

Pièce maîtresse de la maison de l’écrivain, le cabinet de travail d’Alfred Canel offre de belles boiseries aux odeurs de cire. Le bureau à gradins laisse entrevoir l’importante correspondance de l’homme politique mais aussi celle de l’homme de lettres, comme en atteste une missive de Gustave Flaubert, ainsi que ses échanges avec des personnalités intellectuelles et politiques régionales.

La galerie des arts et des sciences

Cette galerie aux proportions monumentales a été aménagée au XIXe siècle pour recevoir les collections du musée cantonal. Ces institutions de province avaient pour vocation de « moraliser par l’instruction, charmer par les arts et enrichir par les sciences ». Dans cet esprit, la galerie des arts et des sciences déploie des collections de beaux-arts, d’archéologie locale, de sciences naturelles et d’industrie.

La partie contemporaine

Lors de la rénovation du musée dans les années 2000, un nouvel espace d’exposition a été créé. Cet espace moderne alterne des expositions à caractère patrimonial et la présentation d’œuvres d’artistes contemporains. Cette ouverture du musée vers l’art contemporain prolonge le dialogue entre les arts et les disciplines scientifiques, fidèle à l’esprit de son créateur Alfred Canel.

Un trésor de 20 000 livres

La réunion des fonds généraliste et local de la bibliothèque municipale et de la collection personnelle de livres qu’Alfred Canel a léguée à la ville porte à 20 000 le nombre de livres conservés au musée, dont certains sont particulièrement remarquables.

© C. Mahout
Le fonds ancien de la bibliothèque municipale

Alfred Canel a réuni des livres de grande valeur éditoriale, littéraire ou documentaire. Il constitue le premier fonds consacré aux sciences, aux religions, aux sciences humaines et à la littérature. Ce fonds généraliste contient désormais plus de 9 000 ouvrages, dont des manuscrits et incunables, datant du XVe au XIXe siècle. Six mille livres sur la Normandie forment le fonds local, propre à toute bibliothèque municipale.

Le fonds Canel

Pendant cinquante ans, Alfred Canel s’est constitué une bibliothèque personnelle en s’attachant à rassembler tout document qui lui servirait à écrire l’histoire normande. L’originalité de ce fonds, riche de 6 000 imprimés, est sa formidable collection de documents graphiques : plans, cartes, relevés d’architectes, projets de développement pour les trains, les voies d’eau, les ports concernant l’ensemble de la Normandie depuis le XVIe siècle jusqu’au milieu du XIXe.

Bibliographie (non exhaustive)

  • Lettres sur l’histoire de Normandie pendant la deuxième moitié du XIV e siècle, Pont-Audemer, Impr. Lecomte, 1835 ;
  • Recherches sur les jeux d’esprit, les singularités et les bizarreries littéraires, principalement en France, Évreux, A. Hérissey, 1867 ;
  • Recherches historiques sur les fous des rois de France, Paris, A. Lemerre, 1873 ;
  • Histoire de la ville de Pont-Audemer, 2 vol., Pont-Audemer, Impr. administrative, 1885 ; rééd. Brionne, G. Monfort, 1980.

Musée Alfred-Canel

64, rue de la République – Pont-Audemer
Tél. : 02 32 56 84 81
Ouverture d’octobre à avril (mercredi,
vendredi de 14h à 18h ; samedi, dimanche
de 10h à 12h30 et de 14h à 18h)
www.ville-pont-audemer.fr/culture/musee-alfred-canel/

Enquête sur les fous des rois

© Gallica.bnf.fr / BnF
Curieux et passionné par l’imagerie du Moyen Âge, Alfred Canel s’est livré à une exploration ambitieuse des fous des rois de France.

Canel écrit essentiellement sur la Normandie. Entre sciences, histoire et archéologie, son intérêt se porte sur les coutumes et l’analyse des pratiques normandes. C’est sans doute pour cette raison qu’il aborde avec perspicacité un sujet plus royal lorsqu’en 1873 il tente de percer les mystères du personnage du fou des cours de France. Il commence par les origines antiques connues de la figure, en retraçant les premières études. Il va cependant au-delà, cherchant à découvrir quand et pourquoi le rire est si présent en France, dès l’apparition du christianisme.

Son analyse légitime le rire en contrepoids à la noirceur du Moyen Âge. L’homme vit au présent sans regarder le lendemain, c’est pourquoi, spontanément, il rit ! Canel définit aussi le fou comme amuseur, au même titre que le jongleur. Il le replace dans le contexte plus large de l’entourage des rois en recherche d’extraordinaire, d’exotisme, voire de monstruosité.

Canel repère les fous dans l’histoire de la royauté lors du récit d’une farce, d’un paiement ou de la confection d’un habit. Au fil du temps, il extrait les noms de Seigni Johan le fol, probablement de l’entourage de Philippe de Valois et mis en scène par Rabelais dans Pantagruel, ou de Micton, fou de Charles le Sage. Il dresse la liste de tous leurs noms, jusqu’à leur disparition au profit des bouffons, à partir des XVIIe et XVIIIe siècles. La moquerie devient alors un art et l’esprit éclipse la facétie.

Puis, Canel aborde les conditions, attributs et costumes des fous. À la fois moqué et admiré, le fou jouit d’une grande liberté, de tout dire et de tout faire, entre sagesse et irrévérence. Il est décrit avec un chaperon pointu garni de grandes oreilles, une jaquette, affublé d’une série d’attributs dont nous avons en mémoire les sonnettes bruyantes et les maracas. Cependant, Canel ne dispose d’aucune reproduction et termine son exercice par des extraits de textes et d’actes attribués aux fous.

 

Agnès Babois

 

>> Pour en savoir plus sur le site de la Bnf

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