Archives des Entretiens - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/category/entretiens/ La revue littéraire de Normandie livre & lecture Fri, 13 Oct 2023 15:55:28 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.4 https://perluete.fr/archives_00-14/wp-content/uploads/2020/08/cropped-200_2006-1-32x32.png Archives des Entretiens - Perluète https://perluete.normandielivre.fr/category/entretiens/ 32 32 153862814 [Questions à…] Pierre Aubert, directeur de médiathèque et Fabienne Germain, éditrice https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-pierre-aubert-directeur-de-mediatheque-et-fabienne-germain-editrice/ Fri, 13 Oct 2023 13:05:41 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5622 « Les occasions de se rencontrer sont rares ». Ils ont participé aux ateliers participatifs sur le devenir de la filière, organisés par Normandie Livre & Lecture de mars à juin. Leur retour d’expérience.

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« Les occasions de se rencontrer sont rares »

Ils ont participé aux ateliers participatifs sur le devenir de la filière, organisés par Normandie Livre & Lecture de mars à juin. Leur retour d’expérience.

Pierre Aubert, directeur de la médiathèque Quai des Mondes à Mondeville

© N2L

« J’ai participé avec curiosité à l’atelier organisé à la bibliothèque Alexis de Tocqueville. Pour apporter la voix des bibliothécaires, qui sont au cœur du système, mais aussi pour écouter ce que les autres acteurs avaient à dire. Les occasions de se rencontrer sont assez rares... Il y a bien les salons, mais qui sont plutôt des temps dédiés au public. Avec cet entre-soi, nous avons tous parlé du même objet mais de manière différente.

J’ai apprécié la diversité des participants (une vingtaine, dont une étudiante en Master Métiers du Livre et une élue à la culture). Nous avons réfléchi à des actions qui pourraient contribuer au plan de développement de Normandie Livre & Lecture, notamment pour améliorer la communication interprofessionnelle avec une mise en relation des éditeurs, des auteurs, des bibliothécaires. L’idée serait de constituer un annuaire professionnel et un vade-mecum des bonnes pratiques. Par exemple, je reçois de très nombreux mails d’auteurs qui se proposent de présenter leur dernière parution à la médiathèque, sans vérifier si leur ouvrage s’inscrit bien dans une thématique que nous défendons... En se connaissant mieux, nous ciblerons plus précisément les attentes de chacun pour mieux interagir...

D’autres pistes ont été évoquées, comme la programmation d’afterworks qui prolongeraient ces ateliers participatifs pour instaurer des échanges plus réguliers et moins formels. Ou la création d’un Facebook filtré par Normandie Livre & Lecture et dédié aux acteurs du livre. Ce serait une interface d’échanges active 24 h/24... »

 

Fabienne Germain, créatrice des éditions Zinédi

« Je participe régulièrement aux rencontres organisées par des collectifs d’éditeurs. Il était naturel que je prenne part à l’atelier programmé par Normandie Livre & Lecture dans l’Orne. S’agissant d’un chantier de réflexion, je n’avais pas d’attente particulière mais j’ai apprécié de rencontrer des bibliothécaires, des libraires, des éditeurs, des auteurs...

Avec 6 à 8 titres publiés chaque année, j’ai des problématiques propres aux petits éditeurs. Il est nécessaire de nous entraider et de mettre en œuvre tous les moyens possibles pour obtenir de la visibilité pour nos titres.

Ces temps d’échanges sont utiles car en dehors d’une relation exclusivement commerciale, il existe peu d’espaces pour rencontrer les libraires. J’ai avancé l’idée qu’il y ait dans chaque librairie une table dédiée aux éditeurs de Normandie pour valoriser la créativité de notre territoire. Nous avons aussi ce problème de visibilité dans les médiathèques. J’appelle de mes vœux un partenariat plus large entre les éditeurs, les bibliothécaires et les librairies. Cela pourrait passer par des opérations de sur-diffusion ou des rencontres portées par Normandie Livre & Lecture... »

Propos recueillis par aprim

Fabienne Germain et Pierre Aubert ont été interviewés pour le dossier «Le livre en chantier».

Lire l’intégralité du dossier «Le livre en chantier» publié dans Perluète #14

Retrouvez les interviews des autres acteurs du dossier in extenso :

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[Questions à…] Alice Brière-Haquet, autrice https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-alice-briere-haquet-autrice/ Fri, 13 Oct 2023 12:58:18 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5617 « L’écran devient le lieu des premières expériences d’écriture ». Autrice de livres enfance-jeunesse, elle a participé en juin dernier à un atelier organisé à Caen dans le cadre de la démarche « Le livre en chantier ».

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Autrice de livres enfance-jeunesse, elle a participé en juin dernier à un atelier organisé à Caen dans le cadre de la démarche « Le livre en chantier ».

 

« L’écran devient le lieu des premières expériences d’écriture »

Pensez-vous que nous sommes en période de grandes mutations sur les pratiques de lecture ?

« Je vois effectivement les choses bouger même en littérature jeunesse, mais on reste sur une forme de continuité, aussi le défi de faire aimer la lecture aux enfants ne date pas d’aujourd’hui. En ce moment, les supports évoluent. Beaucoup d’adolescents lisent sur smartphone et de nouveaux genres apparaissent comme le webtoon (BD en ligne), dont la lecture se fait en scrollant. L’image et le texte se composent au fil de ce défilement. Ces nouveaux formats sont intéressants. »

Craignez-vous un bouleversement pour la filière ?

« Je pense surtout que les nouveaux usages, les nouveaux supports, peuvent faire émerger un nouveau modèle qui prenne davantage l’auteur en compte, ce qui serait une très bonne nouvelle. Mon fils de 22 ans lit beaucoup de mangas en mode connecté et cette technologie lui permet de payer directement l’auteur grâce à un système de tips. C’est une alternative à la dépendance aux éditeurs encore trop forte en France. »

Ces mutations de supports et de pratiques peuvent-elles bousculer les activités ?

« Oui, mais ce n’est pas nouveau en soi. La littérature doit refléter son époque. Les métiers sont amenés à évoluer, y compris ceux de la filière livre, l’histoire l’a montré. Oui l’inquiétude est palpable dans la filière, mais nous vivons de toute façon dans une société de l’inquiétude ou globalement tout le monde a peur d’être remplacé. Il faut voir aussi comment les progrès peuvent nous servir. Je crois que même ChatGPT peut aider à construire des intrigues, peut être un outil intéressant pour les auteurs… »

Les écrans nuisent-ils à la concentration et à l’idée d’évasion par la lecture ?

« Je ne sais pas si c’est si nouveau. J’ai toujours fonctionné un peu comme ça, à passer d’une chose à l’autre, alors que j’ai 44 ans. Par contre, quand je lis c’est aussi pour échapper aux écrans. Je promène mes livres en vacances.

Je crois que l’écran n’empêche ni la lecture, ni l’écriture d’ailleurs. La génération « Insta » et autres réseaux sociaux pratique l’écriture, sous des formes souvent nouvelles. L’écran est devenu le lieu des premières expériences d’écriture. Moi-même j’ai fait mes premières armes d’écriture sur un forum d’enseignants. »

Vous n’avez pas peur que la lecture soit menacée ?

« Que nos enfants ne lisent pas les mêmes choses que nous et que la langue évolue, je trouve ça normal et sain. Je ne vois absolument pas la lecture disparaître. Je fais plutôt confiance aux prochaines générations pour faire émerger des choses très intéressantes. Pas sûr que la notion de lecture soit totalement bouleversée dans les années à venir. La photo n’a pas remplacé la peinture. L’art s’enrichit, évolue, mais demeure aussi. »

 

Propos recueillis par aprim

Alice Brière-Haquet a été interviewée pour le dossier «Le livre en chantier».

Lire l’intégralité du dossier «Le livre en chantier».» publié dans Perluète #14

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[Questions à…] Sophie Noël, directrice de Normandie Livre & Lecture https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-sophie-noel-directrice-de-normandie-livre-lecture/ Fri, 13 Oct 2023 12:41:11 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5601 « L’un des gros enjeux, c’est la guerre de l’attention ». À la tête de Normandie Livre & Lecture depuis un an, Sophie Noël fait confiance à l’intelligence collective pour soutenir la filière en ces temps incertains.

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À la tête de Normandie Livre & Lecture depuis un an, Sophie Noël fait confiance à l’intelligence collective pour soutenir la filière en ces temps incertains.

 

« L’un des gros enjeux, c’est la guerre de l’attention »

Votre démarche de réflexion se nomme « Le livre en chantier ». Est-ce parce que nous vivons une période de bascule pour la lecture et le livre ?

© S. Maurice / aprim

« Nous enchaînons les périodes charnières depuis quelques temps déjà, sur fond de mutation autour du numérique et des comportements (notamment chez les jeunes) avec des pratiques bouleversées par la lecture audio et les écrans. La filière est par ailleurs impactée par les suites de la crise Covid et de la guerre en Ukraine. S’ajoutent les enjeux écologiques et d’inclusion. Pour Normandie Livre & Lecture, cet environnement justifie qu’on lance un vrai chantier, au moment où s’ouvre pour elle une nouvelle période, avec l’élaboration d’un plan d’action sur trois ans. »

Vos deux grands axes de travail sont les relations entre acteurs de la filière et l’adaptation aux nouvelles pratiques de lecture. Ces thèmes étaient évidents ?

« Oui, ils sont inscrits dans la raison d’être de Normandie Livre & Lecture. Ils résument assez bien à quoi nous voulons servir. Œuvrer pour le dialogue interprofessionnel est un des fondamentaux de notre structure. Nous sommes l’agence de coopération des métiers du livre. Notre travail est de saisir des besoins des professionnels et de proposer des réponses dans le cadre d’une coopération permanente.

Il y a des progrès à faire sur l’interconnaissance entre les acteurs et surtout sur la prise de conscience d’objectifs communs. Chacun de son côté a des objectifs légitimes : l’auteur veut publier, l’éditeur veut diffuser, le libraire vendre, le bibliothécaire toucher tel et tel public… Mais il faut aussi penser destin commun et projet partagé.

Pour la thématique « mutation des pratiques de lecture », on est là en plein dans notre rôle sur la prospective, pour aider le réseau professionnel à anticiper et comprendre ce qui nous attend. En accompagnant les mutations, nous voulons contribuer à renforcer les acteurs dans leurs activités. »

Comment décririez-vous les mutations en cours en matière de lecture ?

« Un des gros enjeux actuels c’est la guerre de l’attention qui grignote le temps potentiellement consacré à la lecture. On n’est pas en décrochage massif, les Français lisent encore, mais moins et surtout autrement. Le développement de la multi-activité, notamment chez les jeunes, change la donne. Donc les lectures sont entrecoupées, les temps de concentration se réduisent.

De nouveaux modes de lecture comme le livre audio émergent. Le numérique, avec l’émergence de l’IA, vient aussi bousculer la création et interroger la propriété intellectuelle.

Donc la question est de savoir comment on intègre ces nouveaux paradigmes pour continuer de développer la lecture. Aujourd’hui, les leviers sont sur l’accompagnement et la médiation du livre, la lecture à voix haute, les ateliers d’écriture pour leur rôle incitatif vers le livre… Parmi les leviers envisagés lors des ateliers, travailler la participation du public, les recommandations est une réponse. Réaffirmer le principe d’une juste répartition de la valeur dans la chaîne du livre en est une autre. »

La filière est-elle assez préparée pour s’adapter ? Est-elle inquiète ?

« Inquiète oui, et c’est légitime. Face à cette inquiétude à nous d’apporter des réponses. Difficile de dire si la filière est globalement préparée, les perceptions de chacun sont différentes. Je crois beaucoup à l’expérimentation, au fait de proposer de nouveaux modèles grâce auxquels on trouvera des moyens de s’adapter.

Normandie Livre & Lecture doit développer ce rôle de laboratoire. Par exemple, sur l’écologie du livre, nous avons travaillé avec deux bibliothèques normandes pour conserver les documents en maîtrisant le recours à la climatisation. A partir de ce type de recherche, nous allons pouvoir déterminer des recommandations transposables. Nous allons développer ce type de collaboration pour imaginer des réponses concrètes et transposables, pour mieux s’adapter aux nouvelles réalités que rencontre la filière. »

La coopération interprofessionnelle doit-elle progresser en Normandie ? Qu’en disent les professionnels consultés ?

« Normandie Livre & Lecture est très attendue sur cet enjeu de coopération. Les participants à nos ateliers se sont largement exprimés en faveur de temps de rencontres, de temps d’échanges, pour poursuivre des dynamiques engagées. Se rencontrer n’est pas une fin en soi. Encore une fois il faut partager une vision collective et des objectifs atteignables. Beaucoup d’idées aussi ont été émises pour aider à mieux connaître les métiers de chacun : speed dating, « Vis ma vie », annuaire enrichi… Les professionnels expriment aussi le besoin d’être guidés vers des bonnes pratiques partagées, ce que nous faisons déjà à travers des outils pédagogiques type vade mecum ou webinaires…  C’est à poursuivre. »

Avez-vous été surprise par les propositions lors de vos ateliers participatifs ?

« J’ai surtout noté une grande convergence des idées d’un atelier à l’autre. J’ai senti des attentes de fond, qui échappent aux contingences locales. Des attentes qui convergent d’un territoire à l’autre, ce qui est précieux pour établir pour établir une stratégie à l’échelle régionale. Nous avons aussi senti un fort engagement des participants pour apporter leur éclairage. »

 

Propos recueillis par aprim

Sophie Noël a été interviewée pour le dossier «Le livre en chantier».

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[Questions à…] Françoise Legendre, écrivaine https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-francoise-legendre-ecrivaine/ Fri, 13 Oct 2023 12:32:44 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5596 « Dans nos métiers, le sentiment d’isolement peut être lourd ». Écrivaine basée près de Rouen, elle a participé en juin dernier à un atelier organisé dans le cadre de la démarche « Le livre en chantier ».

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Écrivaine basée près de Rouen, elle a participé en juin dernier à un atelier organisé dans le cadre de la démarche « Le livre en chantier ».

« Dans nos métiers, le sentiment d’isolement peut être lourd »

Y-a-t-il nécessité à développer la coopération interprofessionnelle ?

« C’est effectivement un point de départ essentiel si l’on veut être plus forts. Il faut favoriser une meilleure connaissance pour engendrer une bonne interaction, décloisonner autant que possible. On est encore dans une logique de silos, même s’ils ne sont pas totalement étanches, heureusement ! Par exemple, en tant qu’écrivaine, je me rends compte qu’il y a encore beaucoup de professionnels que je ne connais pas en région, notamment des éditeurs.

Dans nos métiers, le sentiment d’isolement peut être lourd. Se sentir moins seul, c’est déjà précieux. Enfin, un réseau, c’est également essentiel face aux enjeux de lisibilité, pour mieux se faire connaître tout simplement. Et pour un auteur, c’est important. »

A-t-on perdu l’habitude de la rencontre en physique ?

« Je trouve qu’on a effectivement besoin de retrouver l’aspect humain de nos relations. On croule sous les informations à distance, on organise des visios, des webinaires, qui ont bien sûr tout leur intérêt. Mais je pense que des rencontres en physique, ciblées et incarnées, seraient intéressantes à développer. Par exemple une formule de trois rendez-vous annuels, dans des lieux différents d’année en année, dans un format au maximum d’une demi-journée, avec peut-être une thématique, des présentations brèves de projets ou d’initiatives et pour finir un temps convivial : ces moments on l’on cause et fait connaissance ! Je crois que nous sommes un certain nombre dans la filière à souhaiter ce type d’initiative. »

Pensez-vous qu’il y ait une bonne connaissance mutuelle des réalités de chaque métier ?

« Je pense qu’il y a des progrès à faire sur ce terrain-là. Mieux faire connaître ses réalités et ses problématiques à travers des petits formats de rencontres assez simples, permettrait d’améliorer la connaissance mutuelle. Mais l’essentiel reste d’avoir envie de se connaître. Il faut une motivation, une vraie curiosité. »

 

Propos recueillis par aprim

Françoise Legendre a été interviewée pour le dossier «Le livre en chantier».

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[Portrait] Catel Muller – Croqueuse de femmes https://perluete.normandielivre.fr/portrait-catel-muller-croqueuse-de-femmes/ Fri, 13 Oct 2023 08:06:46 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5495 Avec une centaine d’ouvrages à son actif, Catel Muller a construit une œuvre imposante en oscillant entre BD, illustration et roman graphique.

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Avec une centaine d’ouvrages à son actif, Catel Muller a construit une œuvre imposante en oscillant entre BD, illustration et roman graphique. Avec José-Louis Bocquet, elle a développé une collection pour rendre justice à ces femmes qui ont marqué leur temps sans que l’histoire retienne leur nom. Rencontre dans son atelier fécampois, habité par l’esprit d’Anita Conti, prochaine « clandestine de l’histoire ».

Catel Muller ressemble beaucoup à ses héroïnes. Libre, audacieuse, féministe... Avant-gardiste aussi, puisque, dans la lignée de Claire Bretécher – « un modèle inaccessible » –, elle a ouvert la voie à de nouvelles autrices de BD. Pour se faire une place dans ce milieu exclusivement masculin, Catel a suivi Blutch de Strasbourg à Paris, avec un diplôme des Arts déco en poche et son carton à dessins sous le bras. « Mais chez Fluide Glacial, j’étais un peu la Schtroumpfette du magazine. Pas vraiment à l’aise dans ce milieu, je me suis rabattue sur le livre jeunesse où l’on attend les femmes pour faire de l’illustration. J’en fais toujours, mais petit à petit, j’ai commencé à créer mes propres BD jeunesse avec Top Linotte puis Le Monde de Lucrèce... »

Sa rencontre avec Véronique Grisseaux change la donne. Les deux autrices imaginent la première BD adulte de filles pour les filles. Lucie s’en soucie rencontre alors un public féminin qui attendait une héroïne normale, « sorte de Bridget Jones avant l’heure, pas une Olive de Popeye ou une Wonder Woman ». 

Clandestines de l’histoire

En 2007, avec son compagnon José-Louis Bocquet, Catel part en quête de ces femmes tombées dans l’oubli alors qu’elles ont marqué leur époque. Le travail débute avec Kiki de Montparnasse, égérie du surréalisme, modèle de Man Ray pour la célèbre photo Violon d’Ingres. « C’est le cliché le plus répandu dans l’imaginaire collectif. Man Ray est resté dans l’histoire, mais Kiki s’est évaporée ! »

Fruit d’une recherche très documentée, cette « bio-graphique » décroche le prix du public à Angoulême en 2008. Un ticket pour un deuxiè­me album consacré à Olympe de Gouges, première féministe à revendiquer l’égalité des sexes, décapitée pour ses idées farfelues. Le succès est encore au rendez-vous et amène un troisième opus sur Joséphine Baker, projet suggéré par son fils Jean-Claude Bouillon-Baker. « Joséphine est un personnage plus fort que la fiction, d’une grâce, d’une drôlerie et d’une intelligence inouïes... » Comme à leur habitude, Catel et Bocquet mèneront l’enquête et partiront en repérage jusqu’à Saint-Louis et La Nouvelle-Orléans, pour s’imprégner du personnage et noircir des carnets de croquis.

Titre après titre, la mémoire de ces pionnières émancipées refait surface et Casterman fonde la collection « Les Clandestines de l’histoire ». Un quatrième volume consacré à Alice Guy, première réalisatrice de l’histoire du cinéma, est publié en 2021.

Dans cette fresque de femmes exceptionnelles, il en est une qui compte tendrement pour Catel. Le roman graphique Ainsi soit Benoîte Groult, réalisé en solo, raconte son amitié avec l’écrivaine grande figure du féminisme. L’album a été distingué par le prix Artémisia 2014.

L’année prochaine, Catel accueillera une nouvelle héroïne dans son panthéon personnel : Anita Conti, première océanographe française, qui a vécu les dernières années de sa vie à Fécamp. 

Stéphane Maurice / aprim

Bio express 

  • 1964 : Naissance à Strasbourg
  • 2000 : Après de nombreux albums jeunesse, première BD adulte : Lucie s’en soucie (Humanoïdes Associés)
  • 2005 : Prix du public à Angoulême pour Le Sang des Valentines (avec De Metter)
  • 2007 : Consécration avec le roman graphique Kiki de Montparnasse avec José-Louis Bocquet (Casterman)
  • 2024 : Sortie d’un nouveau roman graphique, consacré à Anita Conti, pionnière de l’écologie

À propos de la ˝couv˝de Perluète #14

Je n’ai jamais rencontré Annie Ernaux mais j’ai beaucoup d’admiration pour elle. Son Moi est pluriel et universel. Pour ce portrait, j’ai travaillé un dessin classique à l’encre de Chine avec un peu de crayon pour les ombres. Puis je l’ai scanné pour le mettre en couleur. ˝

Catel

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[L’invité]  Fabrice Neaud  - Le temps d’une suite https://perluete.normandielivre.fr/linvite-fabrice-neaud-le-temps-dune-suite/ Fri, 06 Oct 2023 10:03:23 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5483 Vingt ans après la parution de Journal, un roman graphique autobiographique, l’auteur de BD en publie la suite en cette rentrée. Un temps fort de sa carrière qu’il vit à la fois « enthousiaste et totalement paniqué ».

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Vingt ans après la parution de Journal,

un roman graphique autobiographique,

l’auteur de BD en publie la suite en cette rentrée.

Un temps fort de sa carrière qu’il vit à la fois « enthousiaste et totalement paniqué ».

@ Vollmer Lo

Près de vingt ans après la publication du premier tome de votre Journal paraît la suite de ce travail : Le Dernier Sergent, tome I, Les Guerres immobiles. Comment le vivez-vous ?

C’est une sensation étrange, car le monde a changé en vingt ans et la réception des œuvres aussi. Les publics se sont diversifiés, tendus et polarisés ; je suis évidemment tout à la fois enthousiaste et totalement paniqué.

Cette parution, plus de vingt ans après les quatre tomes de Journal, en est la stricte continuité, ou peu s’en faut, puisque le récit global retracera une période de vie du narrateur allant de 1998 à 2002. J’ai probablement gagné en maturité, surtout en ayant, entre-temps, publié des récits de science-fiction. Les deux grandes nouveautés seront surtout l’incursion de la famille et celle du VIH, quasi absents de tout Journal. En tant que séronégatif, j’avais volontairement occulté ce dernier aspect pour ne pas lester mon récit d’un éléphant de porcelaine ingérable, surtout que les années 1990 et 2000 furent bien nourries de récits sur la séropositivité. En 2023, grâce aux trithérapies, je me sens un peu plus « apaisé » pour aborder cette thématique pesante, surtout en tant que séronégatif, dont la parole aurait pu être discréditée à l’époque pour manque de légitimité sur la question.

Mon dessin a aussi beaucoup évolué. Surtout que, dans ce premier opus, des pages ont été réalisées quasiment « sur le motif », soit autour des années 2000/2004. J’ai dû les corriger partiellement pour qu’il n’y ait pas une rupture graphique trop violente.

Le noir et blanc est caractéristique de votre travail. Pourquoi ce choix artistique ?

Le noir et blanc n’est pas une spécificité de mon travail, une part non négligeable de la bande dessinée en use, notamment la quasi-totalité du manga. C’est d’ailleurs largement l’influence graphique de celui-ci, dès le début des années 1990, qui m’a fait opter pour lui. Et ce, bien plus et bien avant que je découvre tous les récits plus underground de la production francophone des mêmes années (Baudoin, David B., Boilet, Aristophane, Alagbé, Menu, Konture...) ou les récits anglophones (Crumb, Doucet, Seth, Chester Brown, Justin Green...).

En éliminant la couleur, l’attention se porte davantage sur la narration, je crois, voire le discours. De plus, mon travail procède en partie du croquis et du dessin d’observation et de carnets, peu de place et de temps pour la couleur.

Selon vous, est-ce que parler de soi, c’est aussi parler des autres ?

En réalité, l’autobiographie, surtout chez moi, n’est pas « parler de soi », mais à partir de soi. Aussi étrange que cela puisse paraître, parler de « moi » ne m’intéresse pas du tout.

Je souhaite surtout parler des relations sociales, de notre société contemporaine, des rapports de dominations aussi bien dans les rapports professionnels qu’interpersonnels, analyser, décortiquer, observer aussi bien au microscope qu’au télescope les structures et les habitus sociaux. Et au lieu d’offrir une énième fiction contemporaine sur le « réel », avec ses métaphores et ses poncifs, la meilleure façon (à mon sens) de le faire est de prendre ce qu’on a le plus directement sous la main, donc « soi ».

Ensuite, j’aime le rapport micro-macro. Je fais le pari que le récit le plus individuel est traversé à l’échelle micro par les mêmes patterns et structures que le récit collectif, macro.

Propos recueillis par Cindy Mahout et Valérie Schmitt

Bio express

Après un DEUG de philosophie et des études aux Beaux-Arts, Fabrice Neaud nourrit un projet de bande dessinée autobiographique qui donnera lieu à la publication de Journal en 1996 chez l’éditeur Ego comme X, dont il est l’un des cofondateurs. Cet ouvrage recevra le prix Alph’Art Coup de cœur au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême en 1997. Des récits inédits sont également parus dans le collectif éponyme de la maison d’édition Ego comme X ainsi que dans la revue Bananas. Par son ampleur et son ambition artistique, le travail de Fabrice Neaud est l’une des démarches les plus singulières du moment. Il a reçu le Prix spécial pour le prix littéraire Georges en 2000 pour Journal, tome III, ainsi que le prix Petit Robert en 2002 pour l’ensemble de son œuvre, lors du Festival de Saint-Malo.

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[Portrait] Martine Camillieri  - Artiste par repentir https://perluete.normandielivre.fr/portrait-martine-camillieri-artiste-par-repentir/ Mon, 05 Jun 2023 03:37:09 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5225 Depuis son atelier percheron, Martine Camillieri pose un regard ironique sur les effets pernicieux de la surconsommation. Alternant les livres et les expositions, la plasticienne nous invite à faire notre examen de conscience.

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Martine Camillieri
© S. Maurice / aprim

Depuis son atelier percheron, Martine Camillieri pose un regard ironique sur les effets pernicieux de la surconsommation.

Alternant les livres et les expositions, la plasticienne nous invite à faire notre examen de conscience.

Et, pourquoi pas, notre petite révolution écologique pour sauver la planète !

Martine Camillieri a déjà vécu deux vies. Une première jusqu’en 2000 comme directrice artistique dans une agence de publicité. Puis une seconde, comme auteure, plasticienne et scénographe. Le point de rupture ? Une campagne à orchestrer pour Monsanto, multinationale convaincue d’écocide. Martine Camillieri refuse de s’impliquer dans cette commande et quitte le milieu. Elle démarre alors une carrière d’artiste pour prendre la parole et se fixe deux missions : limiter la prolifération des objets sur le globe, et militer pour que le comestible reste comestible. « Je mène un combat à ma hauteur. Je veux montrer qu’on peut vivre heureux avec moins. »

Martine Camillieri dénonce le consumérisme effréné tout au long d’une vingtaine d’ouvrages (1) où les objets sont habilement détournés pour vivre une seconde fois. « Ce ne sont pas des livres de loisirs créatifs, prévient l’auteure, mais des livres de vie. »

 

Écologie ludique

À partir de 2004, Martine Camillieri construit ses premiers autels « ironiques et oniriques » en accumulant les objets glanés dans les foires aux greniers et sur les déballages Tout à 1 €. Des moules à gâteaux, des ustensiles de cuisine en plastique de peu de valeur mais produits à des millions d’unités. Ses installations, proches de l’Arte povera, transforment la banalité en poésie subversive, notamment quand elles investissent la Design Week de Milan ou la coupole du Bon Marché à Paris, assorties de questions impertinentes. Un succès ambigu… « Je voulais monter des temples jusqu’à l’écœurement, mais les gens ont trouvé ça beau. Pour ne pas glorifier les objets, après avoir travaillé sur le trop, j’ai choisi de travailler sur le moins. »

Dans Jamais sans mon Kmion, Martine Camillieri invente la « cuisine de peu ». Puis elle conçoit des prototypes de vaisselle biodégradable (Les Petits Riens du tout) exposés à l’espace design du Centre Pompidou.

Et avec les nourritures fossiles du Festin retrouvé, installation paléofuturiste présentée au domaine de Chamarande (91), Martine Camillieri laisse pour les sociétés futures un témoignage archéologique de notre civilisation bientôt disparue.

Jusqu’au 15 septembre, Martine Camillieri exposera Safarikid au Moulin Blanchard, à Nocé (61), entre installation plasticienne et adaptation de la chasse au trésor.

 

Stéphane Maurice / aprim

(1) Tana éditions, Seuil Jeunesse, Éditions de l’Épure.

Bio express

Enfance en Asie, étude à l’ENSAD de Nice.

2000 : Création avec Bernd Richter de La Périphérie, lieu d’exposition à Malakoff pour jeunes artistes.

2004 : Premiers manuels d’écologie ludique, premières expositions à Tokyo et au Lieu unique à Nantes.

2005 : Premières installations des Temples et Autels.

2012 : Parution de Wild Food, Éditions de l’Épure, grand prix Sustainable Food, Gourmand Awards 2012.

2014 : Jamais sans mon Kmion : slow travel et cuisine de peu.

2022 : Le Festin retrouvé, buffet paléofuturiste, Évreux.

À propos de la ˝couv˝ de Perluète #13…

Pour ce monde miniature, j’ai imaginé le jardin d’un conte. Les mots, comme des parfums de fleurs, nous saisissent et racontent une histoire.

Ce jardin de mousses prélevées en forêt restera vert plusieurs mois si on le vaporise régulièrement.˝

Martine Camillieri

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[Questions à…] Marin Schaffner, co-fondateur de l’association pour l’écologie du livre https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-marin-schaffner-co-fondateur-de-lassociation-pour-lecologie-du-livre/ Sun, 04 Jun 2023 13:47:18 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5216 « L’écologie s’insère dans tous nos modes de vie pour nous poser des questions éthiques. Comment nous organiser pour ne pas détruire la planète ? Comment prendre soin de nos milieux de vie ? ou œuvrer pour une société plus juste ? 

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« Il faut appréhender l’ensemble de la chaîne comme un écosystème, pas une juxtaposition de secteurs »

L’auteur et traducteur Marin Schaffner, ethnologue de formation, est un des co-fondateurs de l’association pour l’écologie du livre. Il prône une transformation profonde qui permette de penser une autre organisation du monde du livre et de la lecture, autour de trois axes : une écologie matérielle, une écologie sociale et une écologie symbolique. Il est intervenu dans le cadre de la journée sur l'écologie du livre de Normandie Livre & Lecture le 20 mai 2021. Extraits.

« L’écologie s’insère dans tous nos modes de vie pour nous poser des questions éthiques. Comment nous organiser pour ne pas détruire la planète ? Comment prendre soin de nos milieux de vie ? ou œuvrer pour une société plus juste ? 

La question de l’écologie face à la chaîne du livre peut s’aborder selon trois thèmes : 

 

1. Les ressources

Depuis les années 50-60, la filière du livre est devenue une industrie culturelle. Ce qui a entraîné de nouvelles problématiques liées à la fabrication, au transport et au réemploi. Aujourd’hui, on en est à un point où un livre sur 4 ne sera jamais acheté et où le pilon détruit environ 20% de la production globale. En quelques décennies, la chaîne du livre s’est orientée massivement vers des logiques de profits sur les flux, ce qui pose des questions en termes de gaspillage.

 

2. Les territoires

Les modes de consommation ont évolué dans le même temps vers une massification, et une désertification des centres-villes, avec émergence de la grande distribution. La Chaîne du livre s’est donc trouvée de plus en plus alimentée par des livres destinés à être vendus, seule la loi Lang a permis de défendre le livre de création et de préserver des librairies et d’éditeurs indépendantes.

 

3. Les supports

L’arrivée des technologies numériques a fait évoluer le rôle des acteurs. Les GAFAM se sont appuyés sur cette révolution, numérique pour des logiques économiques de prédation : vouloir devenir le seul acteur de la production à la vente en passant par le désir du client. Les enjeux liés aux données, à la vitesse, aux écrans viennent bousculer le temps long de la lecture. 

Ces logiques amènent à de multiples formes de surconsommation et de surproduction destructrices, tant sur le plan écologique que social, avec une exploitation polluante des ressources et une précarisation des acteurs. 

Penser le développement durable de la fabrication du papier et du transport du livre est important, mais nous pensons qu’il faut une transformation écologique et sociale plus profonde pour penser le monde du livre et de la lecture comme un écosystème.

 

Qu’est-ce qu’une analyse écologique du livre et de la lecture ?

Nous pensons que l’enjeu est de penser les interdépendances dans le monde du livre et de la lecture. Il faut appréhender l’ensemble de la chaîne comme un écosystème, pas une juxtaposition de secteurs.

Nous avons imaginé des futurs alternatifs et désirables basés sur la coopération, penser de façon interprofessionnelle ce que pourrait être une autre organisation. 

Nous avons réfléchi à ce que pourraient être les livres de l’après pétrole, ce que sont les cœurs de métier des professionnels (médiation et création), le rôle de la lecture vecteur d’émancipation et d’imagination. De là, nous avons imaginé trois piliers pour l’écologie du livre : matérielle, sociale et symbolique.

L’écologie matérielle a trait à toutes les questions d’écoresponsabilité : fabrication, transport, réemploi…

L’écologie sociale a trait aux questions de coopération, d’interprofession (répartition de la valeur, le cœur de métier, etc.)

L’écologie symbolique s’appuie sur le concept de la bibliodiversité : œuvrer pour la diversité des manières de raconter des histoires partout sur la planète, dans toutes les langues.

Cette approche est pour nous un moyen d’adresser de nouvelles perspectives. Notre espoir, c’est d’initier de nouvelles façons de faire pour tenter d’enrayer la destruction du vivant tout en œuvrant à la plus grande diversité possible. Pour le dire autrement, essayer d’œuvrer ensemble à une plus grande biodiversité et une plus grande bibliodiversité. »

 

Propos extraits de son intervention lors d’une journée sur l’écologie du livre organisée par Normandie Livre & Lecture en 2021.

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[Questions à…] Francis-Luc Merelo de l’imprimerie IROPA https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-francis-luc-merelo-de-limprimerie-iropa/ Sun, 04 Jun 2023 13:41:10 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5210 « L’enjeu de l’écologie du livre, c’est aussi le maintien des savoir-faire sur nos territoires »

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« L’enjeu de l’écologie du livre, c’est aussi le maintien des savoir-faire sur nos territoires »

Francis-Luc Merelo, Cadre commercial à l’imprimerie IROPA (Saint-Étienne-du-Rouvray) et membre du groupe de travail de Normandie Livre & Lecture sur l’écologie du livre.

« J’ai la chance de travailler pour un imprimeur historiquement engagé sur la thématique du développement durable. Iropa a été parmi les premières imprimeries normandes labellisées « Imprim’Vert ». L’entreprise est dans une démarche RSE et occupe aujourd’hui des locaux construits en 2010 à haut niveau de performance environnementale.

Il nous semble naturel de nous impliquer dans l’écologie du livre. C’est notre devoir de nous questionner, comme toute entreprise, nous devons interroger notre responsabilité sociétale. 

 

« Faire poids pour que les pratiques évoluent »

L’enjeu de l’écologie du livre, pour moi c’est aussi, au-delà de l’environnement, la question du maintien des savoir-faire sur nos territoires. À force de délocaliser vers des unités de productions éloignées et, certes moins chères, mais sans doute moins scrupuleuses, nous risquons de voir disparaître des emplois et des méthodes de travail plus vertueuses.

Le groupe de travail créé par Normandie Livre & Lecture a le mérite de stimuler la réflexion, le tout sans pression, en total respect mutuel. L’idée est bien de poser des jalons pour progresser pas à pas. C’est aussi de faire poids, ensemble, pour que les pratiques de la filière peu à peu évoluent. Faire poids aussi auprès des collectivités locales et territoriales pour qu’elles aient elles aussi le réflexe local en matière d’édition et de fabrication de supports imprimés.

Le bilan de ces échanges est pour moi très encourageants. Il faudrait maintenant que d’autres imprimeurs nous rejoignent. Il reste du chemin à faire, mais nous sommes en mouvement. »

 

Propos recueillis par aprim

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[Questions à…] Julie Pommier : « Édifice repense son métier d’éditeur » https://perluete.normandielivre.fr/questions-a-julie-pommier-edifice-repense-son-metier-dediteur/ Sun, 04 Jun 2023 13:39:39 +0000 https://perluete.normandielivre.fr/?p=5206 Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

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TIRAGES, DROITS D’AUTEUR... Édifice repense son métier d'éditeur

Le financement participatif pour lutter contre la surproduction de livres ? C’est le modèle privilégié par les éditions Édifice pour construire son catalogue sur des fondations plus saines.

© S. Maurice / Aprim

Tirer au plus juste, limiter les invendus. Tous les éditeurs poursuivent cette chimère, mais les faits sont têtus. Plus de 20 % des livres imprimés sont encore pilonnés. En multipliant les stages pour son master Ingénierie éditoriale et communication, Julie Pommier a été témoin de cette pratique choquante. « Détruire des ouvrages coûte moins cher que de stocker ou donner. Je ne voulais pas créer ma maison d’édition sur cette absurdité. J’ai décidé de ne pas imprimer un livre de trop et le financement participatif s’est proposé comme LA solution. »

Les éditions Édifice, toute jeune maison havraise, publieront cette année quatre ouvrages de BD, puis six en 2024. Pour chaque campagne de financement, l’objectif est fixé à 250 précommandes pour les premiers titres (légèrement en dessous du seuil de rentabilité situé à 300 exemplaires). « Si nous atteignons le premier palier à 60 % de l’objectif, la BD sera imprimée mais il n’y aura pas de réimpression ni de vente en librairie. Entre 95 % et 99 % de l’objectif, nous prolongeons la campagne pour atteindre les 100 % et assurer une diffusion en librairie. » 

Pour Julie Pommier, maintenir ce lien avec les libraires locaux est primordial car ils sont les premiers conseils des lecteurs. Durant la campagne, ils peuvent d’ailleurs précommander grâce au pack Libraires qui leur réserve cinq ouvrages.

 

Des auteurs mieux rémunérés

Si un projet n’atteint pas les 60 % requis, l’auteur est libéré. Il conserve son à-valoir, la liste des contacts générés pendant la campagne de précommande, et bien sûr la faculté de proposer à un autre éditeur son projet déjà avancé. Il n’y a donc pas de perte sèche si l’aventure s’arrête. Mais avec ce mode de production, Julie Pommier s’attaque surtout au tabou des droits d’auteur. Le financement participatif permet de mieux redistribuer le prix du livre. « En percevant seulement de 3 % à 10 % de ventes, les auteurs sont les moins bien payés de la chaîne du livre. Pour une rémunération plus juste, Édifice propose 16 %, calculés sur les 250 précommandes. » 

 

Dénicher des talents

Seules les algues savent © Édifice

Fondées il y a moins d’un an, les éditions Édifice s’appuient sur un travail de prospection débuté en 2020. Pendant ses études, Julie Pommier a constitué une communauté sur les réseaux sociaux, fréquenté les salons et les librairies, et lancé un appel à projets qui a permis de sélectionner plusieurs auteurs sur une vingtaine de candidatures. Des auteurs qui portent leur premier projet, autoédités ou déjà publiés par de grandes maisons. De cette manière, Édifice contribue à découvrir de nouveaux créateurs, comme Marianne Le Berre et Léo Badiali, deux architectes multi-talents qui publient leur tout premier roman graphique, Seules les algues savent.

Le financement participatif inaugure une nouvelle relation avec les auteurs mais aussi avec les lecteurs. La maison leur appartient un peu puisqu’ils ont choisi le nom et le logo par un vote. Pendant les campagnes de financement, les contributeurs sont également sollicités pour décider d’un décor ou d’un projet de couverture. Le livre imprimé représente finalement le fruit d’un travail collectif.

www.edifice-editions.fr

 

Propos recueillis par aprim

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